Depuis Le Projet Blair Witch en 1999, aucun film d’horreur n’a autant fait parler de lui que Paranormal Activity. Sa notoriété planétaire, PA la doit en grande partie à une bande-annonce, largement diffusée sur le web, dans laquelle on voit les réactions effrayées des spectateurs d’une salle de cinéma filmés avec une caméra infrarouge pendant la projection. Il n’en fallait pas plus pour lancer le buzz : Paranormal Activity est annoncé comme « le film le plus terrifiant que l’on ait jamais vu ». Ce n’est pas tout à fait vrai (l’auteur de ces lignes, encore traumatisé par L’Exorciste plus de 35 ans après l’avoir vu, a survécu à l’avant-première et a réussi à dormir sur ses deux oreilles depuis), mais il faut avouer que PA est quand même ce que l’on a vu de plus « Malin » dans le genre depuis Blair Witch. A dix ans d’intervalle, l’histoire semble d’ailleurs se répéter...
Réalisé par un inconnu, avec un budget qui représenterait à peine celui des cafés sur un blockbuster hollywoodien, Paranormal Activity, qui raconte l’histoire d’un jeune couple confronté à des phénomènes inexpliqués dans sa maison, est en passe de battre le record établi par son prédécesseur en terme de rentabilité. Avec un budget de 25 000 dollars, Blair Witch en avait rapporté 250 millions. Tourné avec 15 000 dollars, PA a déjà dépassé les 100 millions de recettes aux États-Unis, où il est sorti le 25 septembre dernier. Compte tenu de l’engouement du jeune public pour les films d’horreur, le distributeur Wild Bunch, qui a acquis les droits pour la France pour une somme estimée à 500 000 euros, s’attend à un raz de marée dans les salles, où il sera programmé à partir de mercredi.

Tourné en 7 jours
Paranormal Activity est l’œuvre d’un jeune développeur de jeux vidéo américain d’origine israélienne, Oren Peli. Amateur de films d’horreur, il a produit son film seul avec l’aide de sa copine et de son meilleur ami. « L’histoire est inspirée de notre expérience dans la maison où nous habitions avec ma copine, raconte-t-il. Il y avait plein de bruits bizarres la nuit et l’idée m’était venue d’installer une caméra vidéo à déclenchement automatique pour savoir d’où ils venaient. Je ne l’ai pas fait, mais quelque temps plus tard, je me suis dit que cela ferait une bonne idée de film à la Blair Witch Project. J’ai acheté la caméra vidéo qu’on voit dans le film, j’ai embauché deux acteurs débutants et je leur ai expliqué qu’ils seraient censés avoir filmé eux-mêmes les images qu’on retrouverait ensuite sur les lieux du drame ».
« J’ai tout tourné en 7 jours, en 2006, dans notre propre maison à San Diego, poursuit le réalisateur. Même les voisins ne se sont aperçus de rien. J’ai ensuite monté le film sur mon ordinateur et j’ai cherché un festival où le montrer ». C’est finalement au Screamfest, un festival spécialisé dans le film d’horreur, que PA sera présenté. Gros succès auprès du public d’initiés et début du buzz. Alertée par la rumeur, Dreamworks, la société de Steven Spielberg, commence à s’intéresser au film et envisage, un temps, de le faire retourner. Spielberg s’y oppose, conseille au réalisateur de modifier la fin (celle de la version définitive, controversée, est donc signée du père d’ET) et décide de le distribuer tel quel. Avec le résultat que l’on sait.
Paranormal Activity n’est peut-être pas « le film le plus effrayant que l’on ait jamais vu », mais il est bien parti pour devenir le plus rentable de toute l’histoire du cinéma.