La fin du film laisse tout le monde perplexe. Que veut-elle signifier ?
Si c’est de la perplexité heureuse, je serai comblé. Je n’ai pas d’explication précise. Peut-être que la vie continue, tout simplement ? J’ai essayé de rester fidèle au ton du livre. Dans ce film, je demande au spectateur de jouer avec moi. Il a un petit travail à faire… Mais il ne faut pas qu’il s’ennuie.


Pourquoi avoir choisi d’adapter ce roman en particulier?
Pour faire vite ! Ecrire un scénario original est toujours plus long. Je suis tombé dessus par hasard et j’ai tout de suite aimé le ton théâtral des dialogues. J’ai lu les treize romans de l’auteur, par acquis de conscience, mais je suis resté sur celui là, même si c’était le plus cher à adapter.


Pourquoi « Les Herbes folles » plutôt que « L’Incident » ?
J’ai testé le titre original sur plusieurs personnes et elles faisaient la confusion avec « L’Accident » ou avec un autre film. « Les Herbes folles » me paraissaient mieux définir ces personnages un peu déraisonnables et ces situations qui adviennent là où on ne les attend pas, comme un graine ces herbes qui poussent entre les pavés.


Ce film ouvre –t-il une nouvelle voie dans votre travail ?
Truffaut disait qu’on fait toujours un film contre le précédent. J’ai toujours essayé de ne pas faire deux films qui se ressemblent. Je ne réfléchis pas à cela en le faisant, mais cela me plait qu’on le pense.


Qu’est ce qui vous procure le plus de plaisir dans la réalisation d’un film?
Le tournage et le montage. Le tournage, c’est le moment où les acteurs peuvent vous surprendre et à l’origine je voulais être monteur. La préparation est toujours plus douloureuse. Je suis lent, mais je m’impatiente très rapidement


Comment avez-vous ressenti le prix « exceptionnel » qui vous a été décerné à Cannes ? Le terme a paru vous faire sourire…
Je souriais effectivement parce que je suis très timide et que l’idée de monter sur une scène me panique. Je venais de me dire que les prix qui pouvaient être décernés au film l’avaient été et que j’étais enfin tranquille. Je commençais à me relaxer quand j’ai été appelé. Ca m’a fait sourire.


Vous êtes considéré comme l’un des grands auteurs du cinéma français. Le terme vous convient-il ?
Ce n’est certes pas une injure, mais je ne me suis jamais considéré comme tel. J’ai plutôt l’impression d’être une toute petite pièce de l’ensemble quand je fais un film. En même temps, si on ne servait à rien, nous les réalisateurs, les producteurs nous auraient éradiqués depuis longtemps ! (rires).