Paris-Monaco par les Alpes en Ferrari California (immatriculée en Italie: fuck the radars ! ) : une certaine idée du bonheur...
Nanti d'un brevet de « ferrariste » , acquis de haute lutte lors d'une équipée sauvage en F430 dans le Turini et complété d'un pèlerinage-express en Scuderia jusqu'au temple de Maranello, c'est avec une certaine condescendance que je consentis à convoyer une California de Paris jusqu'à Nice. Oui, vous savez, la « petite Ferrari » d'entrée de gamme. La « Ferrari de madame », avec son joli petit toit escamotable, ses deux places de nains à l'arrière et son logement à sacs de golf (ou a skis)...
Oubliez tout ce que vous avez entendu ou lu à ce sujet. Il n'y a pas- et il n'y aura probablement jamais- de « petite » Ferrari. Le concept est aussi inexistant pour les ingénieurs de Maranello que celui de « GT sexy » pour ceux de chez Citroen. Les a priori que l'on pouvait avoir sur la California, après l'avoir vue l'hiver dernier faire sa starlette sur le stand Ferrari du Salon de l'auto, s'évanouissent en fumée blanche dés qu'on appuie sur le bouton start. Le V8 avant (une première) lâche un cri sauvage qui vous rappelle tout de suite où vous avez mis les fesses... avant de se muer en un ronron faussement rassurant de lionne repue.
Du coup, on s'extrait de l'habitacle pour refaire le tour du propriétaire d'un autre œil. Avec sa calendre oblongue de 550 et ses proportions hypercompactes, toit fermé, la California ressemble plus à sa (très) grande sœur 599 Foriano qu'à la « petite Ferrari » attendue. Toit ouvert (14 secondes pour le replier dans le coffre en laissant la place pour deux sacs de voyage, pas trop gros) c'est autre chose. La métamorphose est étonnante. Si, en configuration fermée, notre California bleu métal pouvait passer presque inaperçue à Monaco dans le flot des coupés Allemands ou britanniques, une fois décapotée l'effet est assuré : toutes les têtes se dévissent sur son passage.
Boîte « zéro lift »
Retour à l'intérieur, pour constater que le ménage a été fait : toutes les commandes sont rapatriées au volant laissant la place centrale à un arceau d'alu brossé du plus bel effet design. L'habitacle gainé de cuir et d'alcantara ne déparerait pas les concurrentes teutonnes ou british. On mesure les progrès accomplis ces dernières années par Maranello sur le
plan du confort et du luxe. Il y a même un GPS et un ordinateur de bord. Mais la hifi, bien qu'installée, reste accessoire : le V8 460cv assure l'ambiance musicale à tous les régimes. En bons amateurs d'opéra, les motoristes italiens ont encore soigné l'acoustique. Les gammes jouées par la California sont encore plus incroyablement variées que sur les modèles précédents. On en joue aux palettes avec d'autant plus de virtuosité que la boite de vitesses zéro lift, à double embrayage, permet toutes les fantaisies. C'est à peine croyable, mais le système surpasse même celui de la Scuderia, déjà considéré comme un sommet du genre, avec un temps de réponse proche de zéro. L'investissement de Ferrari en F1 permet visiblement à Maranello de se maintenir sur ce point à des années lumières de la concurrence. Il bénéficie d'autant plus à la California que son comportement routier est irréprochable. Certes, en grandes courbes à haute vitesse, la voiture n'a pas la même assise au laser que la Scuderia, ni tout à fait le même mordant au freinage, mais il faudrait vraiment s'appeler Michael Schumacher pour oser la prendre en défaut.
Verdict après 1 200 kilomètres (et quatre pleins) : Maranello a gagné son pari d'ouverture sans perdre son âme. La California est une « Ferrari de tous les jours » qui fait de tous les jours un jour de rêve.
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