La discographie post mortem de Jimi Hendrix, l’un des modèles avoués de Prince, est là pour le démontrer , s’il en est besoin : tout ce qu’enregistre un génie n’est pas forcément digne d’être publié. Pour l’avoir souvent ignoré, le kid de Minneapolis a encombré sa discographie de disques insipides, voire génants, et s’est progressivement coupé de la plus grande partie de ses fans des années Purple Rain. On le pensait revenu à de meilleurs sentiments depuis 3121, son avant dernier opus, qui, s’il n’avait rien de particulièrement transcendant, avait au moins le mérite d’être homogène et écoutable sur la durée. Avec ce nouveau pack de 3CD à la pochette ultra kitsch, publié en édition limitée chez Because, (la maison de disques de Manu Chao !) et uniquement destiné au marché français, Prince renoue avec son péché mignon en mettant sur le marché, en vrac, le meilleur et le pire de sa production récente. Dommage, car après les incroyables concerts du mois d’aout à Monaco , on était tout disposé à céder à une nouvelle « princemania ».

Ca commence très mal dès le premier CD, intégralement consacré à la nouvelle égérie princière, une inconnue du nom de Bria Valente qui, nonobstant une plastique émouvante, eut probablement gagné à le rester (inconnue). Prince a beau avoir enrobé les vocalises de la belle de solos de guitare et de chœurs énamourés , l’impression dominante est celle d’un robinet à R’n’B particulièrement imbuvable.
A l’autre extrémité du pack 3CD, MPL Sound est, semble-t-il, le « vrai » nouvel album de Prince puisqu’on le trouve aussi en version simple CD. Le nain pourpre semble y recycler les rebuts de ses premiers albums, période Controversy /1999. L’intro du premier titre "(There’ll never be) another like me" peut faire illusion, mais on a vite fait de déchanter. Passé le shoot de nostalgie, la faiblesse des compositions s’impose, aucun titre n’émerge et ceux qui auraient éventuellement pu le faire sont noyés dans des nappes de synthés particulièrement atroces.
La pièce centrale du pack est donc Lotusflow3r, un CD 12 titres plus expérimental et aventureux, où le meilleur (« Boom », « Crimson and Clover ») voisine pourtant encore avec le pire (l’épouvantable instrumental easy listening « 77 Beverly Park »). Le son, est étonnamment californien (« From the lotus ») voire prog-psychédélique (« Back 2 the Lotus") . Mais Lotusflow3r a probablement été conçu pour être LE disque de guitare de Prince. Les intros, les solos et les arrangements font la part belle à l’instrument roi . Ce qui permet, par exemple, au guitar hero refoulé qu’est Prince, de citer Santana (« From the Lotus ») et, surtout, de rendre un hommage appuyé à Jimi Hendrix en reprenant sa célèbre version de « Wild Thing » au beau milieu de « Crimson and Clover » , en incendiant « Wall of Berlin » comme s’il avait été enregistré à Electric Ladyland plutôt qu’à Paisley Park et en pompant la wha-wha de « Voodoo Chile » pour introduire « Dreamer » , dont le solo cite également « Purple Haze » et "Foxy Lady". Plus loin c’est Sa majesté James Brown qui est à l’honneur avec un « Feel Good , Feel Better , Feel Wonderful » ultra funk. Comme côté chansons, « 4Ever » , « Colonized Mind » et « $ » font carrément l’affaire, l'achat du pack est justifié, sinon recommandé .