Quelques minutes avant de transformer le Sporting Club de Monte-Carlo en annexe du Jimmy'z avec des danseurs juchés jusque sur les tables (du jamais vu !), Richard Melville Hall, alias Moby, descendant avéré de l'auteur de Moby Dick mais surtout musicien et producteur de génie,m' a reçu dans sa loge pour parler, notamment, de son nouvel album (« Wait for me »), qui fournit une partie de la bande-son de sa tournée mondiale. J'ai découvert un personnage aussi abordable, étonnant et attachant que peut l'être sa musique. Rencontre avec une antistar planétaire nommée Moby...
C'est la première fois que vous venez à Monaco ?
En fait, je suis déjà venu une fois. C'était à l'occasion du Festival de San Remo auquel je participais et, pour une raison ou pour une autre, on m'avait logé ici. Le problème, c'est que j'étais malade et que je suis resté toute la journée dans ma chambre avec la fièvre, sans pouvoir sortir. Du coup, je n'ai absolument rien vu.
Cette fois, vous avez eu le temps d'aller vous promener, comment avez-vous trouvé l'endroit ?
C'est assez étrange pour moi. Vous savez, j'ai été élevé dans un milieu très modeste. Nous vivions des allocations et quand je suis parti de chez mes parents, j'ai vécu pendant un bon moment dans une usine désaffectée, sans eau, ni électricité. Aujourd'hui, même si j'ai du succès, je ne suis toujours pas très à l'aise avec les gens riches. Spécialement avec le genre de richesse qu'on voit ici. C'est un peu too much pour moi…
Votre nouvel album « Waits for me » est le plus personnel et le plus contemplatif que vous ayez fait. Il est aussi très sombre. Pourquoi ?
J'aime la musique triste, émotionnelle. C'est exactement ce que je voulais faire pour cet album : une musique, plus personnelle, plus intime, vulnérable…
Vous dites que l'inspiration vous est venue de David Lynch. En quel sens ?
Vous savez, dans ma jeunesse, j'ai étudié la musique classique, puis j'ai formé un groupe punk et enfin je suis rentré dans le circuit de la musique électronique. À aucun moment je n'ai pensé devenir célèbre. À 21 ans, tout ce que je pouvais espérer, c'est de signer avec un label indépendant et vendre 2 000 disques à des amateurs de musique électronique. Le succès m'est tombé dessus complètement par surprise. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'une fois que tu as un hit, tu gagnes de l'argent, mais tu en fais surtout gagner aux autres, les managers, les maisons de disques. Après ça, ils te mettent la pression pour que tu continues à leur en faire gagner encore plus si possible. Après le succès de « Play », j'ai eu beaucoup de pression pour faire des disques qui feraient gagner encore plus d'argent à ma maison de disques. Et c'est devenu encore pire aujourd'hui avec le marasme des ventes de disques. Bref, ce que David Lynch m'a rappelé, c'est que mon job comme musicien, c'est d'avoir de l'intégrité, de me concentrer sur la créativité et de ne pas m'occuper de la partie commerciale.
Comment avez-vous mis ces préceptes en application ?
J'ai quitté EMI, qui était un label de popstars pour Robbie Williams et Kylie Minogue, pour un label indépendant, Because, qui traite différemment ses artistes. « Wait for me », je l'ai fait chez moi, sans me préoccuper de rien, puis je l'ai donné au label pour qu'il le distribue partout dans le monde. En travaillant comme ça, désormais, j'évite la pression et je me concentre sur l'essentiel : la créativité.
Pourtant, vous avez été le premier à faire des contrats de licence pour l'utilisation de votre musique dans des publicités et vous collaborez régulièrement avec des artistes aussi commerciaux que Britney Spears ou Mylène Farmer...
J'ai arrêté les contrats de licence pour la pub, qui étaient une erreur et pour lesquels j'ai été très critiqué, c'est vrai. Mais si on parle de mes collaborations, il faut aussi citer Metallica, David Bowie, Aerosmith, Lou Reed, New Order… Si je continue d'en faire avec toutes sortes de gens et d'aimer ça, c'est que ça me permet de voir comment ces artistes travaillent, quelle est leur approche du processus créatif. J'ai fait ça avec Michael Jackson aussi, bien que je n'aime pas beaucoup ce qu'il faisait. C'était intéressant de voir comment il travaillait…
Dans le concert de louanges qui a entouré sa disparition, vous avez été une des rares voix discordantes…
J'ai juste rappelé les accusations de pédophilie et son addiction aux médicaments. En fait, je l'ai rencontré deux-trois fois et il m'a semblé très perturbé. En plus, je n'ai jamais été très fan de sa musique. C'est de la pop. Ca dure parce que les gens mettent ça pour leur mariage, mais ce n'est qu'un produit de la sous-culture pop américaine. Michael Jackson n'a jamais été un héros pour moi, comme ont pu l'être John Lennon, Neil Young, Leonard Cohen. Des gens qui mettent leur cœur et leur âme dans leur travail et en font de la musique avec intégrité, honnêteté. Je n'ai rien contre Michael Jackson, je suis même vraiment désolé qu'il soit mort si jeune. Je pense seulement que s'il s'était retiré dans une ferme au lieu de vouloir revenir à tout prix, il aurait sans doute vécu jusqu'à 80 ans…
Vous êtes plus généralement considéré comme un artiste de studio que comme un performer. Pourtant vous jouez devant des foules énormes. Qu'est-ce que vous préférez ?
L'une des choses que j'aime dans ce boulot, c'est que je n'ai pas à choisir. Je peux rester en studio pendant des mois ou jouer dans un club ou dans un stade. J'apprécie de la même façon de jouer pour 60 000 personnes ou pour 500. Mais ce que je préfère c'est composer en studio. Jouer live c'est comme faire du sport : c'est fun, on s'amuse bien, mais ce n'est pas vraiment créatif. On joue des choses déjà écrites. Dans le studio, on part d'une page blanche et on crée quelque chose qui n'a jamais existé. C'est ce que j'aime faire par-dessus tout.
Parlez-nous de votre concert du 20 août avec MTV contre le changement climatique…
Je suis impliqué en politique depuis longtemps, c'est un peu dans la tradition familiale. J'ai défendu beaucoup de causes, le réchauffement climatique en fait partie. Pourtant, je ne crois pas qu'on puisse vraiment changer le cours des choses en la matière, car c'est un système d'interactions tellement compliqué qu'il nous dépasse largement. Mais on peut sans doute ralentir un peu le processus. De toute façon, l'Inde, La Chine, les États-Unis et l'Europe seront obligés de réduire leurs émissions pour la bonne et simple raison qu'ils n'ont pas de pétrole. Vous verrez que dans les cinq ans qui viennent, la Chine sera le premier promoteur des énergies alternatives. Comment pourraient-ils faire autrement ? Ils n'ont pas de pétrole. Si je m'implique dans ce combat ce n'est pas par naïveté, ni parce que je crois qu'en remplaçant nos ampoules on va sauver le monde. C'est juste pour pousser les gouvernements à prendre des mesures utiles pour réduire de façon significative les émissions.
Vous semblez beaucoup aimer la France, pour quelles raisons ?
Aucun pays n'est parfait, mais ce que j'apprécie particulièrement en France c'est la tradition intellectuelle. Aux États-Unis, être intelligent est considéré comme une tare. Lorsque John Kerry s'est présenté contre George Bush à la présidentielle, les sondages montraient que les électeurs ne lui faisaient pas confiance parce qu'il avait l'air trop intelligent ! En France, il me semble qu'on mise plutôt sur l'intelligence que sur la bêtise. C'est amusant, parce que quand on a commencé à reprocher à Sarkozy son manque de culture, j'ai lu que pour prouver sa profondeur d'esprit, il s'était mis à regarder d'autres films. Tant mieux s'il regarde ceux de David Lynch et que ça l'inspire autant que moi. Mais peut-être devrait - on lui conseiller d'ouvrir aussi quelques livres ?
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Rencontre avec Moby à Monaco
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