Signe des temps, c'est dans l'ambiance hypersécurisée (filtrage, fouille, confiscation de tous les appareils enregistreurs et des téléphones portables, surveillance dans la salle), qui préside désormais au lancement des blockbusters internationaux supposés sauver l'industrie du téléchargement pirate, que les journalistes français ont assisté, cette semaine sur les Champs-Elysées, à l'unique projection de presse organisée pour le lancement du nouveau James Bond, Quantum of Solace (1). On a ainsi découvert en avant-première, le successeur de Casino Royale (2006) qui, du haut de ses 600 millions dollars de recettes a fixé le nouvel étalon platine de la série.
Quantum of Solace, que le distributeur français a fort heureusement renoncé à traduire (Quantité de Sollicitude ? C'est quoi ce titre?), en est la suite directe. Une heure après la fin de Casino Royale, on retrouve James Bond en Italie, essayant d'échapper à des poursuivants dans une poursuite de voitures à tombeau ouvert.
Durant le reste du film, 007 cherchera à venger la mort de celle qu'il aimait, Vesper, et à démasquer l'organisation criminelle qui en est responsable : Quantum.
Brute sexy
Menée à un rythme ahurissant par le réalisateur Marc Forster (Neverland, Les Cerfs-Volants de Kaboul), cette 21e aventure de 007 rompt, presque totalement avec les canons qui ont fait le succès passé de la série.
L'impeccable Daniel Craig, qui incarne l'Espion de Sa Majesté pour la deuxième fois, est un 007 sans pitié, violent, dur au mal et perturbé. Bond a, semble-t-il, définitivement perdu son flegme, son cool et son sens de l'humour légendaires avec l'arrivée de ce nouvel acteur, que son physique de brute sexy aurait probablement relégué au rôle du méchant agent russe dans les épisodes précédants.
Plus proche d'un Jack Bauer (24 h Chrono) ou d'un Jason Bourne (La Mort, La Mémoire et La Vengeance dans la peau), que des espions distingués, amateurs de Martini-Vodka, de dépaysement et de jolies filles incarnés par ses prédécesseurs, Craig est le James Bond d'un monde en guerre, aux prises avec la raréfaction de ses ressources (Quantum essaie de s'accaparer le monopole de la distribution d'eau) et mort de peur devant l'émergence d'une multitude inattendue de nouveaux périls. C'est un héros tourmenté et dangereux, qui effraie même ceux qui l'emploient.
Pourtant, un espoir est laissé aux fans de l'ancien 007 dans la réplique finale. Quand M lui dit «Bond, j'ai besoin que vous reveniez», James répond: «Je ne suis jamais parti». On respire.
(1) sortie en salles vendredi 31 octobre
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