Dans la vie de tous les jours, dans notre quotidien, des événements bons ou mauvais vont venir se succéder devant nous. Le prochain remplaçant souvent le dernier. C'est comme ça. Il y en a pourtant certains qui vont vraiment nous toucher et nous faire comprendre toute la fragilité de notre existence. Je vous parle surtout d'un voisin de mon quartier, d'un petit bonhomme qui nous a quitté il y a déjà quelques semaines.
Marcel habitait dans son petit F1 depuis de longues années. Des années passées là, dans ce logement avec ses souvenirs, quelques meubles et sa petite retraite. La vie fait souvent des choix pour nous. Lui, il avait choisi de ne pas avoir de téléphone, de gaz pour cuisiner ni de télévision. A quoi bon, il n'aimait pas vraiment trainer chez lui.
Marcel, il avait ses petites habitudes, ces moyens que l'on a parfois, chacun d'entre nous, pour rompre avec la routine et fuir la monotonie de sa vie de retraité. Lui, il partait de bonne heure, le matin à pied, en vadrouille ici ou là. J'ai appris récemment qu'il s'arrêtait souvent dans un bistro du centre ville où il venait manger deux ou trois fois la semaine depuis plus de vingt ans. Un de ces petits bistros qui ne payait pas vraiment de mine mais Marcel s'y sentait bien. Comme dans une petite famille, de celle qu'il n'a jamais eu.
Peu de temps avant Noël, la patronne l'avait trouvé bien affaibli et surtout sans appétit. Et c'est avec un certain regret que, ce jour là, elle avait du le laisser rentrer chez lui.
C'est elle-même qui est venue nous interpeller début janvier, inquiète qu'elle était de ne plus avoir de ses nouvelles et des visites du petit Marcel.
Nous avons entrepris les premières démarches pour essayer de le recontacter. On a sonné à l'interphone, frappé à sa porte et interpellé ses voisins. Cela n'avait rien donné. Après en avoir informé le gardien, celui-ci a fait ouvrir la porte de son appartement en présence des autorités. Et il était là, chez lui. Endormi calmement dans son lit depuis trois longues semaines et nous, on ne le savait pas. Dire que pendant ce temps, on avait fêté Noël puis le Nouvel An en se souhaitant tous la bonne année …
Un voisin m'a dit qu'il avait une sœur et la nouvelle de son décès, il y a un an, l'avait vraiment accablé, ne sachant plus quoi faire de sa vie et de ses lendemains. A quoi bon. Qui prendra soin de mes nouvelles maintenant ?
Le moral n'était surement pas au mieux et c'est avec un sourire pincé qu'il avait répondu à mes boutades habituelles sans rien dire, sans laisser penser à mal. Non, il était comme ça Marcel. Il ne voulait surtout pas déranger, ni faire de vagues.
Les obsèques ont eu lieu il y a quelques jours. J'y suis allé avec un ami voisin de palier. Comme il était indiqué dans l'avis de décès, il n'avait plus de famille. Nous étions seulement deux pour le représenter, pour penser à lui et lui dire au revoir.
C'est vraiment triste tout ça.
Février 2014
Câlinou has replied to Valeriane ♫ ♫ ♫¨* clubavec la montée de la crise. Le chacun pour soi et le chacun chez soi
sont hélas souvent de connivence . Seules les femmes pourront
nous sauver et nous aider à reconstruire ces liens sociaux si nécessaires
pour la vie en solitaire ne rime pas avec désespoir et misère sociale
Merci cher Câlinou de nous partager ce vécu si émouvant !
Câlinou has replied to M@rie ♥ ♥comme quoi l'isolement et l'indifférence ont hélas toujours
existé laissant libre court à ces solitudes mal vécues
et à des manques de solidarité criant entre voisins d'escalier
Aller vers l'autre n'est pas si facile, reconnaître son besoin de
partage et de communication aussi. On est tous un peu responsable
au quotidien de cette évolution et il ne suffit pas de fuir ces immeubles
et vivre dans une banlieue pavillonnaire pour éviter ces obstacles
Sign-in to write a comment.