Depuis quelques jours, la neige est retombée dans les rues de mon quartier et un vent glacial balaie la grande place vide. Les quelques badauds, perdus et apeurés, marchent à contre-courant, le visage masqué, en essayant de rentrer dans leurs maisons.

Les gens se sont enfermés chez eux et ne se voient guère plus. Malgré ces contraintes, ils sont bien philosophes ... Pour la plupart des gens, il faut faire le gros dos et attendre que cela passe. Malgré tout, on peut y voir une certaine forme de désarroi à devoir rester, quelques jours, chez soi.

Moi, avec mon petit sourire narquois, je m'aperçois que, malgré que l'on soit dans un monde moderne, quelques flocons de neige peuvent bloquer toute la société … On voit bien que le facteur ne passe plus mais, hélas pour nos ainés, les infirmières non plus … Mais bon, d'habitude, cela ne va pas durer … Heureusement qu'il y a ce bon vieux téléphone pour prendre des nouvelles de la famille et des voisins d'à côté.

Hier soir, du haut de ma fenêtre, je regardais marcher les derniers passants qui tracent leur route dans le froid et la neige immaculée.

La vie doit continuer, coûte que coûte, mais il y a, malgré nous, malgré le froid, des impondérables à réaliser, des démarches à entreprendre, des rendez-vous à maintenir, des courses à faire, des excuses à trouver, des envies à mettre de côté, des échanges à ré-inventer …

Pour ma part, je ne pouvais attendre que le temps s'améliore … Oui, ce matin, il me fallait sortir et mettre, pour cela, ma tenue esquimaux du courageux piéton qui va devoir, tout à l'heure, prendre l'air et recevoir la bise sur les deux joues.

En arrivant dehors dans la rue, le paysage était magnifique et aveuglant de beauté. Comme prévu, les bus et les trams ont été arrêtés par la neige et pas question de prendre la voiture, c'est beaucoup trop dangereux. Il ne reste plus qu'à faire le trajet à pied.

Pas une minute à perdre, Il est temps, pour moi, de partir avec un peu d'avance afin d'arriver à l'heure au rendez-vous. Après quelques pas dans la neige, je savais qu'il me fallait faire attention à tout et, en particulier, aux plaques de verglas et aux congères qui s'étaient formés.

En traversant les rues de ma ville, la neige était partout mais je n'ai pas vu grand monde. Les quelques boutiques ouvertes et les marchés avaient été désertés par les clients. Malgré moi, le froid réussissait à s'engouffrer à travers mes vêtements et mes mains engourdis me faisaient mal … Et dire que tout à l'heure, il me faudra faire le trajet retour à pied …

Janvier 2010