"Je ne portais pas mon pistolet. Ils m'avaient dit que ça allait être facile et, comme un idiot, je les avais crus …"

Cela a commencé il y a quelques mois, à Paris chez moi, dans le Sentier.
Ma famille et moi, nous tenons un atelier de prêt à porter depuis des générations. Un atelier dont la réputation a dépassé les limites des arrondissements voisins à l'aide d'un bon bouche à oreille.

C'est ainsi que, grâce à nos compétences et notre savoir-faire, notre équipe de stylistes a reçu de nombreuses commandes. Ces derniers temps, nous nous sommes engagés à préparer un défilé de mode qui sera, je le crois pour nous, comme le bouquet final lors de cette saison printemps-été de prêt à porter.

Je dois quand même vous avouer que, ces derniers jours, ce défilé m'a vraiment pris la tête. Le choix des motifs, des modèles et des couleurs et la disponibilité des mannequins. Sans oublier les grosses bronchites subites des petites mains ...

Tous ces petits tracas qui m'ont fait bien tousser et pris à la gorge notre petit atelier afin de respecter les délais de préparation au défilé. Bref moi, j'étais sur les nerfs. Cet évènement unique était vraiment important pour notre maison et moi, je n'arrivais pas à relativiser et me protéger pour préserver ma santé fragile.

Le jour du défilé est très vite arrivé et moi, j'étais dans un de ces états.

Malgré mon tract et mes problèmes urinaires, j'avais décidé depuis quelques jours d'assumer au mieux mon stress.
Je ne voulais pas garder sur moi de gri-gri ou d'un objet porte-bonheur comme ce petit pistolet rouge en plastique que m'avait offert, il y a bien longtemps, ma grand-mère.

Le défilé va commencer dans une grande salle de spectacle dont le cachet n'est plus, c'est vrai, à démontrer. Et moi, derrière le rideau rouge, j'étais déjà dans mes petits souliers …


Mars 2013