C'est un sentiment bizarre et familier que je ressens face à ce visage familier.

Je suis là, à nouveau, face à cette personne qui, hier, m'avait tant désiré. Un être, un amour qui, depuis, n'a cessé de m'aimer.
Oui. Malgré tout ce qui a pu se passer entre nous.

Malgré ces hauts et ces bas qui rythment souvent nos existences. Malgré le temps et les handicaps, ce petit bout de femme ne cherche, à sa manière, qu'à m'exprimer et à me faire comprendre cet amour maternel qu'elle ressent toujours pour moi.

Nous, on est à son chevet. On voudrait prendre soin de sa santé et de son moral. Lui donner quelques moments de bonheur et tenter de colorier son paysage quotidien. Si c'est possible.


On voudrait aussi la rassurer du mieux que l'on peut. Lui dire que l'on est là et que l'on pense bien à elle malgré le temps, les kilomètres et nos absences pour prendre un peu de distance et essayer d'exister par nous même.

Ce qui est souvent surprenant, c'est que, malgré tout ce qui lui arrive, malgré ces mots qui disparaissent, ces prénoms qui se bousculent, ces noms dont les visages ont, dit-elle, disparu …

... malgré les maux et les peines qui l'accompagnent au quotidien, elle a toujours cette force, cet instinct maternel qui la pousse à nous rassurer …

En fait, Il lui arrive bien souvent de beaucoup penser à moi, à nous mais aussi de nous exprimer sa réelle inquiétude quand on est, nous, absent.

Des sentiments simples qui viennent mettre en évidence nos propres peines et l'idée qu'il faut aussi penser à nous et à notre propre bien-être.

Des sentiments et des ressentis pour elle qui m'accompagnent au quotidien, moi et tous ceux qui prennent aussi soin de leurs proches.

Tout à l'heure, nous allons fermer la porte de la maison ou de la maison de retraite pour se retrouver, dehors, dans une autre réalité.

Un autre monde où nous allons essayer de faire le vide afin d'évacuer pendant quelques temps et tenter, aussi, de ne pas culpabiliser.

Après cette nécessaire pause, il me tarde, souvent, moi, de la revoir même si, pourtant, j’appréhende toujours ces retrouvailles.

Des retrouvailles comme un éternel recommencement entre moi et ma mère. Moi qui restera toujours, à ses yeux, son petit garçon et, elle, ma petite maman chérie ...


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