Vingt ans. Cela fait bien vingt ans que je fais ce boulot. Un métier comme un autre dans la police municipale de cette ville de banlieue. La routine je vous dis.
Sur la route, les grands
boulevards ou dans les petites rues, je fais ma ronde dans la voiture
de fonction mais il me tarde, souvent, de rentrer et de retrouver
bobonne à la maison.
Je roule depuis bientôt six plombes et il ne me reste plus que quelques heures à tirer. La radio locale crépitait alors les derniers hits à la mode et peu de nouvelles à se mettre sous la dent. Rien à l'horizon. Mon collègue s'était endormi depuis quelques temps déjà.
C'est souvent dans ces
moments là que, moi, je me rappelle, avec émotion, ma jeunesse et
nos enquêtes d'antan qui nous menaient alors sur les traces d'une
délinquance juvénile en devenir qui, tout comme nous, a bien
vieilli maintenant.
Tout d'un coup, le
standard est venu réveiller mes bleus à l'âme. Moi, j'étais encore
dans mon sommeil à penser tranquillement à ce que j'allais bien
pouvoir faire ce week-end avec bobonne quand on vient de décider de
nous envoyer, mon collègue et moi, sur les lieux d'un
couple en violence.
Un petit somme. Rien de telle qu'une petite sieste pour retrouver son entrain et sa bonne humeur. Certes, mon collègue m'avais encore réveillé en trombe parce que, cette fois ci, soit disant je commençais à ronfler …
Ouais mais bon il est
sympa Robert, il m'a quand même laissé dormir vingt bonnes minutes.
Pendant ce temps là, lui, il était parti fumer sa clope puis il
nous a ramené deux bons cafés du snack d'à côté. Mon verre à la
main, j'avais retrouvé le sourire et puis, de toute façon ces temps-ci,
il ne fallait trop nous en demander.
Je venais juste de finir mon café quand le standard de la police se mit, de nouveau, à crépiter. Il est venu nous donner des nouvelles d'un chauffard décédé, la veille au soir, après qu'il eut décidé de braver quelques feux rouges. Une poursuite et une enquête qui avaient su nous occuper une bonne partie de la soirée.
Une autopsie du chauffard avait pourtant été ordonné. Elle a permis de mettre en évidence la présence d'un bon litre d'alcool dans le corps de la victime.
Voyant ma surprise et
mes doutes concernant la précision des résultats obtenus par
le labo, mon collègue Robert m'a alors appris que l'autopsie avait
aussi permis de retrouver la bouteille dans son ventre …
Une nouvelle parmi tant d'autres au cours de cette nuit de pleine lune.
Le temps s'étire doucement tandis que mon collègue, lui, vient juste de s'endormir. Bobonne me manque déjà …
...
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