Pour moi, entrer en mer c'est entrer en contact voluptueux avec

mon élément premier, comme si s'établissait une osmose entre mes

sels minéraux et l'étendue salée que je pénètre et qui, aussi,

m'envahit.



Par tous les pores de ma peau qui se dilatent, il me semble établir

un contact intime avec ma nature première : je frissonne

agréablement puis ressens l'équilibre s'établir entre le dedans et

le dehors comme s'il n' y avait aucune solution de continuité.



Je me laisse aller sur le dos, totalement confiant, au bercement des

vagues qui me portent. Toujours elles me ramèneront vers le rivage.



Le soleil généreux me surveille. Béatitude n'est ce pas ce que l'on

pourrait dire ?



Enfance retrouvée entre ces deux symboles... N'être que le jouet

du flot et jouir de cet état d'abandon total et primordial. Respirer

librement sans crainte, même si des goutelettes intempestives

viennent ruisseler sur mon visage... Les goûter, au passage comme

si elles étaient des larmes de bonheur, m'en délecter...



Ensuite m'ébrouer tel un jeune chiot et retrouver l'usage de mes

membres, pour me déplacer sans hâte.



Reptile redevenu puis poisson j'agis avec mes simples nageoires

pour m'enfoncer sous la surface et me coller au sable où je fouille

à la recherche de quelque caillou ou coquillage...



J'ai à nouveau trois ans, peut-être moins : je nage ...

Un vrai bon heur !



Et vous ? Qu'attendez-vous ?...







,