Essai publié le 03/02/2011 par leblogdemylene


 L’OLIGARCHIE CA SUFFIT : VIVE LA DEMOCRATIE



Ce livre sanglant d’Herve Kempf est paru au Seuil au début de janvier 2011 et il fait déjà grand bruit, comme si personne jusque-là ne s’était aperçu d’un phénomène encore plus vieux que la démocratie.



Même en Grèce quand on pense au petit nombre d’hommes (et naturellement à l’exclusion des femmes) qui avait droit à la parole, il y aurait beaucoup à dire sur la gouvernance du peuple par le peuple et pour le peuple. De tout temps le pouvoir a été plus souvent capté par un groupe plutôt que par un tyran, un roi, un empereur ou un pharaon, lesquels n’avaient pas souvent l’autorité suprême, mais devaient la partager soit avec des guerriers soit avec des prêtres, ou encore avec une classe d’aristocrates.



Bref, la réelle démocratie n’a pratiquement jamais existé. Et il est bien certain que ce n’est pas à notre époque si peu vertueuse qu’elle domine même en Occident. Mais le but premier du livre n’est pas tellement de nous expliquer ce qu’est l’oligarchie : il suffit de s’affilier à une association quelconque ou un parti politique, même embryonnaire, pour découvrir le peu de poids qu’on a dans les grandes décisions si on ne fait pas partie du groupe qui s’est adjugé – ou à qui on a laissé – le droit de les prendre. Il est évidemment question ici d’une autre échelle : celle d’une gouvernance qui n’est même pas nationale mais mondiale et qui est presque totalement aux mains des puissances d’argent.



La partie la plus terrifiante du livre consiste à dénombrer et mettre au jour les diverses associations mondiales (mais essentiellement occidentales) dont les membres internationaux se regroupent pour décider des meilleures pratiques capables de leur assurer et de perpétuer leur pouvoir. Tout le monde connait le club qui se réunit chaque année à Davos, à grand renfort de protection policière. Mais le G8 ou le G20 qui groupe théoriquement les représentants politiques de pays les plus puissants du monde est lui-même travaillé par tous les lobbies des diverses castes se partageant l’économie. On sait depuis longtemps que l’action conjuguée de la mère Thatcher en Angleterre et d u bouffon Ronald Reagan aux USA pour s’attaquer à toutes règles financières capables d’endiguer l’appétit féroce des requins de l’économie et de la finance a abouti au désastre actuel. On connait beaucoup moins l’existence de la Commission Trilatérale créée en 1973 par des citoyens privés du Japon , des Etats-Unis et de l’Europe. Et pas plus le groupe Bilderberg. Il y en a d’autres que révèle ce livre et qui explique en fait pourquoi il y a eu ce déréglement général laissant les mains libres aux prédateurs.



Ce n’est certainement pas drôle de voir expliqué en détails dans ce livre comment ils s’y prennent pour nous asservir, mais ça ne sert à rien de se voiler la face. Cependant je ne suis pas d’accord avec la grande idée que l’argent domine le monde. Ou plutôt à voir en lui l’ambition suprême. C’est bien le goût du pouvoir qui domine le monde et peut-être encore plus le désir d’être reconnu comme le plus puissant, le plus influent : sinon comment expliquer que cette lutte féroce existe dès la création d’un petit groupe, entre des bénévoles qui n’ont aucun argent à y gagner ? Les ultra-riches qui n’arrivent déjà plus à dépenser leur fortune et qui continuent à être prêt à toutes les injustices, toutes les cruautés pour amasser toujours plus, à quoi obeissent-ils sinon au désir d’être plus que le voisin ? Il y a peu je voyais à la télé un reportage sur des architectes d’intérieur qui se consacraient à créer les décors même pas les plus somptueux mais ceux qui coûtaient le plus cher dans des maisons extravagantes de luxe et des bateaux dont le prix d’achat était inférieur à celui de l’aménagement. C’était ultra perfectionné pas beau, mais cher ! Et on voyait un footballeur et sa femme venir dépenser une fortune en quelques heures pour des meubles qu’ils n’avaient même pas l’air d’apprécier. C’était la corvée nécessaire pour installer leur image de marque.



A quoi sert donc ce livre ?

A nous rappeler que tout commence avec l’emprise de la publicité qui veut nous faire croire que nous n’avons de valeur, de bonneimage aux yeux des autres que dans la mesure où nous achetons ce qu’on veut nous faire acheter.


On le sait ? Oui on le sait, mais de temps en temps il n’est pas mauvais qu’on nous tende le miroir.



Avec le concours de nos ami(e)s de Transversel

Remerciements à Mylène Remy qui est l'auteur de ce texte ...



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