Pas d'explication de texte cette fois. Au départ ça devait être une nouvelle mais bon voilà, j'ai pas bien le temps, c'est donc juste un texte en rimes et sans un nombre de pieds déterminé.


Haut dans le ciel étoilé
S’est déployée, magnifique
Dans un sifflement maléfique
Une sombre corolle orangée ;
C’est la première de la soirée
Mais d’autres vont suivre
Je le sens, je le sais
Ce soir aura le goût du cuivre…

Ah, les voilà, ces tristes nuées
Et avec elles, funestes promises
Arrivent les pluies d’acier
Qui faucheront, rouges bises
Les hommes, les bêtes
Les guerriers, les poètes
En une même moisson
Sans saison ni raison…

Déjà, elle siffle, tonne et crache
La bruyante funèbre oraison,
Voici le règne de la déraison !
Qui ravage et broie et mâche
Nos pâles chairs déchirées ;
Allongez-vous, enterrez-vous
Priez, criez, hurlez !
Car la Mort vient pour nous…

Sur vos visages décomposés
Je lis l’angoisse de votre sort
Et dans vos yeux terrifiés
La peur plus terrible encore
De savoir où Elle va frapper,
Où la mitraille va s’enfoncer ;
Au coeur de vos ventres bien tièdes
Ou dans votre nuque déjà raide ?

Moi, debout, le casque à la main
J’attends sous les cieux embrasés
Le doux sort de mes voisins
Retournés à la terre éventrée ;
Ô Mort, accueille-moi en ton sein
Ne me refuse plus enfin
L’oubli d’un cercueil de bois gris
Sur lequel est déjà inscrit :

Ici repose l’homme
Qui n’a pas vécu.