Une fois de plus, le sujet du jour conduit à l'espéranto aussi certainement que tous les chemins mènent à Rome.
Honoré en 1959 par l'Unesco en tant que “personnalité importante universellement reconnue dans les domaines de l’éducation, de la science et de la culture” à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance, le Dr Zamenhof a toujours fait preuve d'une grande force morale.
Le grand réformateur social et philosophe indien Vinoba Bhave, disciple de Gandhi, avait vu en lui un "mahatma" (une grande âme), un terme utilisé pour désigner Gandhi ou des personnes ayant une stature morale comparable.
En mai 1918, dans un message envoyé à l'occasion d'une réunion commémorative de sa mort, l'écrivain H.G. Wells l'avait présenté comme "L'un des plus nobles spécimens de cet idéalisme international qui est le don naturel du monde juif à l'humanité."i
Sa pensée et sa conduite ont trouvé une large inspiration dans la doctrine tolérante et humaniste d'un contemporain de Jésus Christ, Hillel l'Ancien (- ~70 - + ~10), l'une des plus grandes figures de l'histoire juive dont l'image reste celle d'un sage.
Avant la chute du shah d’Iran, le 5 novembre 1977, conscient de la nécessité de changements et de la modernisation de l’Iran, l'ayatollah modéré Kazem Shariatmadari, l’un des guides spirituels majeurs des chiites iraniens, avait dissipé tout malentendu sur la valeur de l'oeuvre de Zamenhof lors d'un entretien avec le professeur M.H. Saheb-Zamani, éminent sociologue de l’Université de Téhéran, artisan de la renaissance de l’espéranto dans ce pays : “L’espéranto n’est pas une religion, une philosophie ou une idéologie, et il n’est vraiment pas même une fin en soi, mais un moyen qui peut aider à la réalisation de la paix dans le monde et de la compréhension internationale. J’espère que tous les dirigeants du monde reconnaîtront la valeur de l’espéranto pour la compréhension internationale et leur responsabilité devant les peuples pour réaliser son potentiel.“ii
A l'époque de l'affaire Dreyfus, lors du congrès universel de Boulogne-sur-Mer, en 1905, les organisateurs dissuadèrent Zamenhof de prononcer ces vers du poème "Preĝo sub la verda standardo"iii qu'il avait préparé pour la circonstance (traduction) :
Que les frères s’unissent, que les mains se tendent.
En avant, avec des armes pacifiques !
Chrétiens, juifs ou musulmans,
Nous sommes tous les fils de Dieu.
Souvenons-nous toujours du bien de l’humanité
Et, malgré l’insuccès, sans halte ni repos,
Au but fraternel, marchons obstinément.
En avant, jusqu’au bout. !
Entre Dieu et l'odieu
Ceci donc bien avant que Gandhi n'écrive, en 1938 : “Une étude détaillée des principes fondamentaux de toutes les religions a prouvé qu'elles reposent toutes également sur les mêmes lois morales éternelles“.iv
Dès 1906, très inspiré depuis une dizaine d'années par la pensée du patriarche Hillel, sous le titre "Hilelismo", Zamenhof avait publié un ouvrage qui définissait ainsi des principes moraux, une ligne de conduite :
“L'Hillélisme est un enseignement qui, sans éloigner l'homme de sa patrie naturelle, ni de sa langue, ni de sa religion, lui permet d'éviter tout reniement et toute contradiction dans ses principes nationaux ou religieux et de communiquer avec des hommes de toutes les langues et de toutes les religions sur une base neutre, selon des principes de fraternité, d'égalité et de justice réciproques.“v
Dans son discours d'ouverture du deuxième Congrès Universel d'Espéranto, à Genève, en 1906, après avoir évoqué des conflits inter-ethniques du Caucase, il parla du pogrom qui avait eu lieu dans sa ville natale de Bialystok :
“Dans les rues, des sauvages armés de haches et de barres de fer se jetaient bestialement contre de paisibles habitants dont la seule faute était de parler une autre langue et de pratiquer une autre religion qu'eux. Pour cela, on fracassait les crânes, on crevait les yeux d’hommes, de femmes, de vieillards impotents et d'enfants sans défense (...)
De toute évidence, la responsabilité en retombe sur ces abominables criminels qui, par les moyens les plus vils et les plus fourbes, par des calomnies et des mensonges massivement répandus, ont créé artificieusement une haine terrible entre les peuples. Mais les plus grands mensonges et calomnies pourraient-ils donner de tels fruits si les peuples se connaissaient bien les uns les autres, si entre eux ne se dressaient des murs épais et élevés qui les empêchent de communiquer librement et de voir que les membres des autres peuples sont des hommes tout à fait semblables à ceux de notre propre peuple, que leur littérature ne prêche pas de terribles crimes mais la même éthique et les mêmes idéaux que la nôtre ?“vi
Dans son ouvrage "Homaranismo", publié en 1913, qui reprenait en gros les principes de l'Hillélisme, il exposa une éthique morale considérant l'homme comme un citoyen de l'humanité,
Article 2 : “Je crois que tous les peuples sont égaux et je n’apprécie chaque homme que par sa valeur personnelle et ses actes mais pas par son origine. Je considère comme barbare toute offense ou persécution à l’égard d’un homme parce qu’il appartient à un peuple, avec une langue ou religion autres que les miens“.vii
Dans l’article 10, il évoquait ainsi la question religieuse :
“Je suis conscient que chaque homme appartient à telle ou telle tradition religieuse non point par ce qu’elle répond le mieux à ses convictions personnelles, mais seulement parce qu’il est né en elle, et que l’essence de toutes les religions est la même, et elles se distinguent les unes des autres par des légendes et des mœurs indépendants du choix de l’homme.“ viii
Lors d'un discours prononcé au Guildhall, à Londres, en 1907, Zamenhof avait mis en garde contre le chauvinisme :
“Tandis que le pseudo-patriotisme, c'est-à-dire le chauvinisme ethnique, fait partie de cette haine commune qui détruit tout dans le monde, le vrai patriotisme fait partie de ce grand amour universel qui construit, préserve et rend heureux. L'espérantisme, qui prêche l'amour, et le patriotisme qui prêche aussi l'amour, ne pourront jamais être ennemis.
Chacun peut nous parler de toute forme d'amour, et nous l'écouterons avec reconnaissance; mais lorsque ce sont des chauvinistes qui nous parlent d'amour de la patrie, ces représentants d'une haine abominable, ces démons des ténèbres qui incitent les hommes contre les hommes, non seulement entre les pays, mais aussi dans leur propre patrie, alors nous nous en détournons avec la plus grande indignation. Vous, noirs semeurs de discorde, ne parlez seulement que de haine contre tout ce qui n'est pas à vous; vous parlez d'égoïsme, mais n'utilisez jamais le mot "amour" car, dans votre bouche, ce mot sacré se salit“.ix
En 1911, à Londres, le congrès universel des racesx, auquel le Dr Zamenhof avait adressé un mémoire, approuva une résolution en faveur de l'espéranto exprimant le souhait que tous les participants "exigent de leurs gouvernements l'introduction de la langue internationale dans les programmes scolaires". Dans ce mémoire, Zamenhof avait déjà pressenti le jour où le racisme s’éteindra en raison du nombre d’hommes de race noire qui atteindront un niveau élevé de culture et qu’alors, “très certainement, le mépris et l’antipathie actuels laisseront la place au respect“ . Cette évolution prévue par Zamenhof a ouvert la voie, presque un siècle plus tard, à l’élection de Barack Obama. Aujourd’hui, ce qui était alors inimaginable est arrivé aux États-Unis avec un président métis que certains disent noir.
Lorsque la Ligue Juive l'invita, en 1914, à participer à sa réunion de fondation, à Paris, le Dr Zamenhof déclina l'invitation et répondit :
“Je ne peux malheureusement pas vous donner mon adhésion. Suivant mes convictions, je suis homarano [c’à-d. un membre de l'humanité] et ne peux adhérer aux objectifs et aux idéaux de quelque groupe ou religion que ce soit… Je suis profondément convaincu que tout nationalisme ne peut apporter à l’humanité que de plus grands malheurs et que le but de tous les hommes devrait être de créer une humanité fraternelle. Il est vrai que le nationalisme des peuples opprimés – en tant que réaction naturelle de défense – est bien plus pardonnable que celui des oppresseurs; mais si le nationalisme des forts est ignoble, celui des faibles est imprudent… L’un engendre l’autre et le renforce, et tous deux finissent par créer un cercle vicieux de malheurs dont l’humanité ne sortira jamais à moins que chacun de nous ne sacrifie son propre égoïsme de groupe et ne s’efforce de se placer sur un terrain tout à fait neutre… C’est pourquoi – bien que je sois déchiré par les souffrances de mon peuple – je ne souhaite pas avoir de rapports avec le nationalisme juif et désire n’œuvrer qu’en faveur d’une justice absolue entre les êtres humains. Je suis profondément convaincu que, ce faisant, je contribuerai bien mieux au bonheur de mon peuple que par une activité nationaliste.“xi
Cette réponse de Zamenhof à propos du nationalisme peut être comparée à cette pensée exprimée plus tard par Gandhi : “Il n'y a pas de raison de ne pas étendre notre service envers notre prochain au-delà des frontières tracées par les États. Dieu n'a jamais dessiné ces frontières.“xii Il serait certainement déchiré de voir ce qui se passe aujourd'hui sur la terre de ses lointains ancêtres.
Dépendance ou indépendance : ça se passe au bout de la langue
Zamenhof (1859-1917) et Gandhi (1869-1948) ne purent avoir l'occasion de se rencontrer physiquement et par écrit, mais un lien différé put exister entre ces deux grands esprits non seulement sur des question d'éthique, mais aussi sur la question de langue. grâce à des amis communs, comme Léon Tosltoï ― qui étudia l'espéranto et lui apporta son soutien ―, et Edmond Privat ― l'une des plus grandes figures du monde de l'espéranto ,dont la présentation semble ici nécessaire pour les victimes de la désinformation et des tabous bien entretenus, qui considèrent l'espéranto comme une affaire de "retardataires idéalistes“.
Edmond Privat rencontra le Dr Zamenhof dès l'âge de 16 ans, à l'occasion du premier congrès universel de Boulogne-sur-Mer en 1905. Il avait parcouru à pied les 600 km depuis Genève pour y participer. Déjà à l'aise en espéranto, bien qu'ayant commencé son apprentissage en 1903 avec un copain de lycée non moins extraordinaire que lui, Hector Hodler, cet adolescent très éveillé étonna tout le monde, à commencer par le Dr Zamenhof. Par la suite, il entreprit très jeune une tournée de conférences à travers le monde, notamment aux Etats-Unis. Il rencontra beaucoup de personnalités dont il a dressé une présentation avec un compte-rendu de ses entretiens dans son livre “Aventuroj de pioniro“xiii (Aventures d'un pionnier) : William Stead, fondateur de la revue de renommée internationale “Review of Reviews“ qui apporta un soutien efficace à l'espérantoxiv, le philosophe William James, les présidents Wodroow Wilson et Theodore Roosevelt, l'industriel philanthrope Andrew Carnegie, le prince Arfa (Mizra Mizra Khan, diplomate iranien), l'explorateur norvégien Fridtjof Nansen, l'écrivain Romain Rolland, avec qui il noua une grande amitié, Pierre Cérésole, le fondateur du Service Civil International, Gandhi, qu'il visita à partir des années 1930 en Inde et qu'il hébergea chez lui lors d'un séjour en Suisse... Il devint professeur d'anglais et de littératures anglo-saxonnes à l'Université de Neuchâtel et occupa des fonctions nombreuses et diverses : journaliste, chroniqueur, rédacteur en chef de la revue “Esperanto“ de l'Association Universelle d'espéranto et même de délégué principal de la Perse auprès de la SDN. Pionnier des émissions radiophoniques sur ondes courtes, il fonda Radio Genève. Il milita pour les droits de l'homme, pour les droits des femmes, pour l'indépendance de la Pologne et il rencontra Georges Clemenceauxv à ce sujet. Il fut même interdit de séjour en France en raison de ses activités pour le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes (de Gaulle n'a rien inventé!) alors qu'il prônait la non-violence. Il publia, en français et en espéranto, une biographie de Gandhixvi.
Dans son traité d'Hillélisme, Zamenhof avait écrit : “Je considère comme barbare tout effort d'un homme pour imposer sa langue ou sa religion à d'autres hommes.“xvii
Pour sa part Gandhi avait exprimé son opposition à la domination de l'anglais : “La tyrannie de l’anglais s’étendait si loin qu’il fallait passer par cette langue et non par la nôtre pour apprendre le sanskrit ou le persan. Si un élève s’exprimait dans sa propre langue, le gujarati, on le punissait. II n’importait nullement au professeur que l’enfant parlât mal l’anglais et qu’il fût incapable de le prononcer correctement ou de le comprendre parfaitement. Pourquoi le maître aurait-il dû s’en inquiéter ? Lui-même parlait un anglais qui était loin d’être parfait. Il ne pouvait pas en être autrement. L’anglais était une langue étrangère aussi bien pour lui que pour ses élèves. Le résultat était catastrophique. On nous donnait à apprendre par coeur beaucoup de choses que nous étions loin de toujours comprendre parfaitement et qu’il nous arrivait même souvent de ne pas comprendre du tout. La tête me tournait quand le professeur s’escrimait à nous faire comprendre ses démonstrations de géométrie.”xviii
Autres avis de Gandhi :
“Donner à des millions d'hommes une connaissance de l'anglais, c'est les rendre esclaves.“ (...) Il est à noter que, en recevant l'enseignement en anglais, nous avons asservi la nation.“ xix.
“Le recours à une langue étrangère en Inde pour réaliser l'enseignement supérieur a causé un dommage intellectuel et moral incalculable à la nation.“ xx
Dans le monde entier, en raison de l'éducation sous l'influence croissante et la pression de modèles étasuniens, selon l'expression de Gandhi à propos de l'éducation anglaise en Inde, “l'habitude aidant, l'anomalie fait figure de norme“ xxi.
Liberté de croire et de ne pas croire
A propos de Zamenhof et de Gandhi, Edmond Privat a écrit, dans “Vivo de Gandhi“(X) : “Les deux avaient une foi absolument identique sur l'unité spirituelle de l'humanité.“
Zamenhof et Gandhi ont eu deux qualités communes : l'humilité et la sagesse. Ils étaient aussi gênés l'un que l'autre par les acclamations et les hommages excessifs. Zamenhof n'aimait par être nommé “Majstro“ (Maître). En 1912, à l'occasion du 25e anniversaire de la Langue Internationale, dans son discours d'ouverture du Congrès Universel d'espéranto de Cracovie, il avait dit : “Nommez-moi par mon nom, nommez-moi fondateur de la langue ou comme vous voulez, mais, je vous en prie, ne me nommez pas "maître" parce qu'en attachant ce nom à notre cause, vous la ligotez (...)".
Il était désagréable à Gandhi d'entendre "Victoire au Mahatma !“ : “Chaque syllabe me transperce le coeur“xxii. Il considérait cela comme une perte de temps et d'énergie.“
Zamenhof définissait Dieu d’une manière telle que même un athée ayant foi en l’homme pourrait reconnaître sa recherche à travers "cette Force suprême incompréhensible qui régit le monde et dont je peux m’expliquer l’essence, selon ce que me dictent ma raison et mon coeur"xxiii. Il admettait surtout la liberté de croire ou de ne pas croire, de ne pas se conduire avec hypocrisie :
“Si je ne crois à aucune des religions révélées, je ne dois pas rester dans l'une d'elles pour des motivations ethniques et, de par ma présence, induire les hommes en erreur sur mes convictions et alimenter de façon héréditaire, par des générations sans fin, une séparation inter-ethnique, mais je dois ― si les lois de mon pays le permettent ― me nommer libre-croyant de façon ouverte et officielle, en n'identifiant cependant pas spécialement la libre-croyance à l'athéisme, mais en réservant à ma croyance une liberté totale.“ xxiv
Comme en écho, Gandhi, écrira plus tard : "Je rejette toute doctrine religieuse qui ne fait pas appel à la raison et qui se trouve en conflit avec la moralité"xxv... "Je ne dois jamais haïr ou persécuter quelqu'un du fait que sa croyance en Dieu est autre que la mienne."xxvi
Il existe beaucoup d'autres points sur lesquels Zamenhof et Gandhi auraient pu avoir une identité de vue, par exemple à propos du patriotisme, à propos duquel le mahatma a écrit : “Pour moi, le patriotisme est la même chose que l'humanité.“xxvii ... “La victoire obtenue par la violence équivaut à une défaite car elle est momentanée“xxviii ou : “Les religions sont comme des routes différentes convergeant vers un même point. Qu’importe que nous empruntions des itinéraires différents, pourvu que nous arrivions au même but.“xxix
Il se peut que Gandhi avait une compréhension plus profonde que Zamenhof de la non-croyance. Gandhi avait lu les oeuvres du fameux libre-penseur britannique Charles Bradlaugh (1833-1891). Il avait même assisté à sa crémation à Woking. En février 1947, il avait dit à Privat que l'athéisme de Charles Bradlaugh “n'était que nominatif, car il croyait certes à la direction spirituelle du monde et sa conduite était si noble que de nombreux prêtres avaient assisté à sa cérémonie funèbre.“xxx
L'idée d'“homaranismo“ plut à Gandhi lorsqu'elle lui fut présentée par Edmond Privat. Il s'agit d'un ensemble de préceptes visant à développer un sentiment d'appartenance à l'humanité et, à partir de là — ce dont le monde a précisément besoin aujourd'hui — une conscience sans frontières, un civisme mondial,. Il apprécia aussi, en particulier, le poème “Prière sous la bannière verte“.
Cependant, il est important de souligner que Zamenhof ne voulut jamais lier ses recherches mystiques à l'espéranto. Ce qui lui paraissait plus important, c'est l'idée interne de la langue, le principe qui est son âme et son esprit, un esprit qui correspond aujourd'hui à celui de l'équité et aussi de la liberté et de la fraternité, ce que rappelle son "Appel aux Diplomates" (1915) :
"La fraternisation entre hommes libres et égaux en droits est facile, mais lorsque les uns se comportent en dominateurs à l’égard des autres, tout cela est impossible."
Zamenhof s'est marié en 1887 avec Klara Silbernik l'année même de la publication du premier manuel d'espéranto. Tout son temps libre et une grande partie de ses nuits furent consacrés à ses travaux pour l'espéranto, à des traductions dans le but de soumettre la langue à l'épreuve et d'enrichir sa littérature. Mais il eu lui-même ses propres épreuves, en particulier à Kherson, près de la Mer Noire, où il fut sur le point de tout abandonner. Il exerça sa profession d'ophtalmologiste dans des milieux où la misère sévissait au point de le bouleverser, de lui faire renoncer parfois à faire payer ses consultations. Beaucoup de faits montrent que l'esprit de la langue qu'il a proposée au monde, est perçu dans tous les pays, chez toutes les races, comme un message d'espoir. Le message de Zamenhof peut être compris par tous les peuples, par les croyants comme par les non-croyants, et il suscite le respect de ceux qui en prennent connaissance.
De nombreux faits montrent un attachement à l'idéal de Zamenhof à travers le monde. Un exemple parmi beaucoup d'autres peut être trouvé dans cet historique sur L'activité humanitaire du mouvement espérantiste pendant les deux guerres mondiales et son rapport avec la Croix-Rouge internationale.
Thème toujours d'actualité : La caverne de Platon
Le comportement des gens qui font passer ses usagers de l'espéranto pour des demeurés, par incapacité d'imaginer d'autres formes de communication linguistique que celle qu'ils connaissent, par simple ignorance de ce qu'il est et de la valeur morale et éducative de la proposition faite par le Dr Zamenhof, ne manque pas de rappeler l’allégorie de la caverne de Platon ainsi décrite dans Wikipédia :
“Dans une demeure souterraine, en forme de caverne, des hommes sont enchaînés. Ne nous ressemblent-ils pas ? Ils n'ont jamais vu directement la lumière du jour, dont ils ne connaissent que le faible rayonnement qui parvient à pénétrer jusqu'à eux. Des choses et d'eux-mêmes, ils ne connaissent que les ombres projetées sur les murs de leur caverne par un feu allumé derrière eux. Des sons, ils ne connaissent que les échos.
Que l'un d'entre eux soit libéré de force de ses chaînes et soit accompagné vers la sortie, il sera d'abord cruellement ébloui par une lumière qu'il n'a pas l'habitude de supporter. Il souffrira de tous les changements. Il résistera et ne parviendra pas à percevoir ce que l'on veut lui montrer. Alors, ne voudra-t-il pas revenir à sa situation antérieure ? S'il persiste, il s'accoutumera. Il pourra voir le monde dans sa réalité. Prenant conscience de sa condition antérieure, ce n'est qu'en se faisant violence qu'il retournera auprès de ses semblables. Mais ceux-ci, incapables d'imaginer ce qui lui est arrivé, le recevront très mal et refuseront de le croire : ne le tueront-ils pas ? “
i. Cité par Marjorie Boulton : "Zamenhof". La Laguna de Tenerife (ES) : Juan Régulo. 1962. p. 236.
ii. Revue “Esperanto“, organe officiel de l’Universala Esperanto-Asocio. N° 865, janvier 1978, p. 6.
iii . "Preĝo sub la verda standardoPreĝo sub la verda standardo" (Prière sous la bannière verte). Déclamation par Neide Barros Rego, Rio de Janiero, sur Youtube
iv. "Hind Swarâj or Indian Home Rule". 1909.
v. “Originala Verkaro“ (Œuvres originales : « O.V. »). Leipzig : Ferdinand Hirt & Sohn. Œuvres collectées par Johann Dietterle. 1929. “Hilelismo“, 1906. p. 316.
vi. “O.V.“, p. 370.
vii. “O.V“. p. 316.
viii. “O.V“. p. 320.
ix. “O.V.“, p. 383.
x. “O.V.“. 26 au 29 juillet. p. 345 à 353.
xi. “O.V.“. p. 344-345.
xii. “Young India", 31 décembre 1931
xiii. “Aventuroj de pioniro“. Edmond Privat. La Laguna de Tenerife : Juan Régulo. 1963. 144 p.
xiv. C'est dans les bureaux de William Stead que fut fondé le noyeau du Club d'Espéranto de Londres en janvier 2003. Il en fut même le trésorier. Stead périt dans la catastrophe du Titanic.
xvi. Vivo de Gandhi. Edmond Privat. Juan Régulo : La Laguna de Tenerife.1967. 159 p.
xvii. “O.V.“, “Hilelismo“, p. 317 (4)
xviii “Tous les hommes sont frères”. Gallimard/NRF (coll. Idées). 1969 ; p. 259.
xix“Hind Swaraj “ (Autonomie indienne ; chap. 18) : “To give millions a knowledge of English is to enslave them." (...) “It is worth noting that, by receiving English education, we have enslaved the nation.“
xx. Selections From Gandhi : “The medium of a foreign language through which higher education has been imparted in India has caused incalculable intellectual and moral injury to the nation.“
xxii. Cité par B.R. Nanda, dans “Gandhi“. Verviers : Gérard & C°, coll. Marabout Université. 1958. p. 155.
xxiii. O.V., “Hilelismo“, p. 320.
xxiv. O.V., “Homaranismo“, p. 343 X, c.
xxv. "Young India", 21 juillet 1920.
xxvi. "Gandhi and Indian Village". Mahadev Desai. Madras : S. Ganesan, 1927.
xxvii. “Ganesh“, p. 48.
xxviii. “Victory attained by violence is tantamount to a defeat, for it is momentary.“. 'Satyagraha Leaflet“, No. 13, 3 Mai 3, 1919.
xxix. "Religions are different roads converging to the same point. What does it matter that we take different road, so long as we reach the same goal. Wherein is the cause for quarreling ?“. “Hind Swaraj, Or Indian Home Rule“ (1946), p. 36.
xxx. Lettre de Gandhi à Edmond Privat. “Vivo de Gandhi“, La Laguna de Tenerife : Juan Régulo. 1968. p. 30.
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