Cela fera bientôt un siècle que la Chine s'était montrée disposée à tendre la main au monde, à établir un pont linguistique équitable entre l'Orient et l'Occident, ceci grâce à un éducateur qui avait fait ses études en Allemagne et qui avait aussi séjourné en France : Cai Yuanpei.

Il s'agit là d'un fait historique largement ignoré. Pourtant, Cai Yuanpei est resté dans la mémoire des Chinois comme un homme de progrès. Il contribua fortement à donner des droits à la femme, entre autres le divorce et le remariage, l'interdiction du bandage des pieds. En 1911, comme ministre de l'éducation sous le régime de Sun Yatsen, il decréta l'enseignement de l'espéranto dans les écoles normales. C'est durant ses études en Allemagne qu'il l'avait découvert et appris. Du fait de la courte durée du régime de Sun Yatsen, son décret n'eut guère d'effet, mais lorsqu'il devint recteur de l'Université de Pékin, il contribua fortement à la formation d'enseignants qui le propagèrent à travers le pays. La langue fut appuyée par des intellectuels renommés tels que
Lu Xun (Lu Siun ou Lu Sin). Pa Kin l'apprit et le pratiqua. L'épouse de Chou En-lai (Zhou Enlai) l'avait appris à l'âge de 9 ans, et même Mao Tsé Toung (Mao Zedong) en approuva l'utilisation.

La Chine appuya l'espéranto à la SDN en 1922 alors que le gouvernement français s'y opposa farouchement et alla même jusqu'à interdire l'utilisation des locaux scolaires pour les cours d'espéranto... ce que fit aussi le régime nazi en Allemagne dans la décennie suivante jusqu'à la fin.

Aujourd'hui, rien ne s'oppose à l'enseignement officiel de l'espéranto en Chine. Par contre, en France, les gouvernements de droite comme de gauche n'ont jamais cessé, sauf durant le Front Populaire (Jean Zay), de dresser des chicanes, d'y faire obstacle. Au fait ! : sous le régime de Ben Ali, béni et soutenu par nos dirigeants, les Tunisiens qui s'intéressaient à l'espéranto — une langue pourtant opposée par son esprit à la mentalité terroriste, un rempart moral contre tous les fanatismes — s'exposaient au minimum à une surveillance tout comme ce fut le cas sous Salazar, Ceaucescu et bien d'autres.

Les médias occidentaux ignorent tout ceci, mais, en plus, ils transmettent leur ignorance même sur le fait que l'espéranto est l'une des langues utilisées par Radio Chine Internationale (Ĉina Radio Internacia) et le Centre d'Informations Internet de Chine (Ĉina Interreta Informa Centro). C'est le premier pays au monde à en faire un usage commercial ( http://www.ikef.org ). Et ceci en dépit d'un mur du silence qui existe ailleurs.

Et ceci alors que, voici dix ans, des doutes avaient été émis à propos de l'avenir de l'anglais par la journaliste étasunienne Barbara Walraff dans l'"Atlantic Monthly" ("What global language ?") et , en novembre dernier, par l'écrivain britannique érudit Nicholas Ostler dans "The Last Lingua Franca : English Until the Return of Babel" à propos duquel "The Economist" a publié une recension dans son numéro du 16 décembre 2010.

Comment se fait-il que le "Nouvel Obs" ait passé cet ouvrage sous silence et pourquoi se montre-t-il si complaisant en faveur d'une propagande pour l'anglais ?

Est-ce pour faciliter le travail de la Sainte CIA et de ses gentils apôtres ?