Il est enfin possible de lire le fameux rapport publié en 1922 par la Société des Nations sur l'espéranto dans les deux langues de cette organisation internationale :

Enfin accessible au public, ce document de 44 pages sera utile pour faire comprendre aux autorités de l'éducation et au public pourquoi l'espéranto n'est pas enseigné aujourd'hui dans toutes les écoles du monde, et comment, à cause d'un gouvernement français, la place a été laissée libre ainsi à l'anglais — une langue avant tout NATIONALE.

Voilà où a mené la (dé)raison d'État, l'attitude du gouvernement français qui avait opposé un véto à une proposition demandant à la SDN de recommander "l'enseignement universel de l'espéranto dans les écoles comme langue auxiliaire internationale". Cette proposition émanait d'États dont certains jouent aujourd'hui ou sont appelés à jouer un grand rôle dans le monde : Afrique du Sud, Brésil, Belgique, Chili, Chine, Colombie, Haïti, Italie, Japon, Inde, Perse (Iran), Pologne, Roumanie, Tchécoslovaquie.

C'est durant cette même période d'obstruction à l'espéranto que le gouvernement français fit occuper la
Rhénanie (11 janvier 1923), puis la Ruhr, ce qui eut pour effet de donner un sérieux coup de pouce à l'ascension d'Hitler. La France a payé lourdement ce faux-pas, et elle continue de payer sa politique de mise à l'écart de l'espéranto, une politique que les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, à l'exception du Front Populaire, ont continué de pratiquer.