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L'adverbe se termine toujours par un e :
komerce, commercialement;
patre, paternellement;
frate, fraternellement, etc.. Pluriel.
La marque du pluriel, c'est le j :
la komercoj, les commerces;
la patroj, les pères;
la fratoj, les frères;
la knaboj, les enfants; etc.
L'adjectif, toujours terminé par un a; prend également la marque j du pluriel; exemple :
la bonaj patroj, les bons pères;
la belaj birdoj, les beaux oiseaux; etc. Conjugaisons.
Vous savez donc déjà le substantif, l'article, l'adjectif, l'adverbe. Je vais maintenant vous apprendre à conjuguer tous les verbes, ce que je ne pourrais certes pas faire en quelques minutes pour l'anglais ou pour l'allemand, ni pour le français !
Prenez une racine quelconque, vous n'avez que douze terminaisons à retenir. En français, vous avez plus de 2700 terminaisons à apprendre pour conjuguer tous les verbes. En esperanto, il y en a douze.
Celle de l'infinitif est toujours i.
Exemple :
Bat-i, battre.
Komerc-i, commercer, etc.
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Pour les autres temps, il faut d'abord savoir les pronoms :
mi, moi ci, toi
li, lui ĝi, lui (au neutre)
ŝi, elle ni, nous;
vi, vous ili, eux, elles.
Cela étant admis, pour conjuguer le verbe, vous énoncez d'abord le pronom puis la racine du verbe à laquelle vous ajoutez une seule terminaison par temps.
Pour l'indicatif présent, cette terminaison est : as.
Mi bat-as, je bats;
Li bat-as, il bat:
Vi bat-as, vous battez; etc.
Le pronom indiquant la personne, inutile de changer la terminaison. Pour tous les verbes, c'est la même chose.
Mi amas, j'aime;
Mi laboras, je travaille;
Mi ridas, je ris.
Pour les autres temps, il en est de même en variant seulement les terminaisons, qui sont les suivantes :
Infinitif : i; Passé : is;
Présent : as; Conditionnel : us;
Futur : os; Subjonctif (et impératif : a)
Exemples :
Ni bat-os, nous battrons;
Li bat-is, il battait;
Ili bat-us, ils battraient
Vi bat-u, que vous battiez (on battez).
Avec ceci et l'auxiliaire être, esti, vous pourrez conjuguer tous les verbes, étant donné que vous retiendrez, en plus
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des 6 terminaisons que je viens de vous apprendre, les six autres seules terminaisons suivantes pour les participes : PRÉSENT PASSÉ FUTUR
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Actif...... anta inta onta
Passif...... ata ita ota
Exemple: mi estas batanta, je suis battant (je suis en train de battre).
Mi estas batata, je suis étant battu (Je suis battu)
Mi estas batinta, je suis ayant battu (j'ai battu etc.)
J'estime qu'avec ces 12 seules terminaisons à retenir, sans aucune exception ni irrégularité, vous ne mettrez guère qu'une demi-heure pour apprendre à conjuguer couramment tous les verbes. Affixes.
Avant de vous enseigner à compter de un jusqu'à l'infini, je vais vous apprendre quelques affixes, parce que c'est une des particularités de la langue les plus curieuses et intéressantes. L'esperanto permet les nuances dont je parlais tout à l'heure en intercalant entre la racine et la terminaison, certains suffixes, ou bien, en mettant avant la racine certains préfixes qui font varier le sens.
Voici d'abord un préfixe : mal qui indique le contraire.
Exemple :
Bel-a beau. Mal-bel-a, laid.
Grand-a, grand. Mal-grand-a, petit.
Long-a, long. Mal-long-a, court, etc.
Voici maintenant des suffixes.
Je vous ai dit que les noms n'avaient pas de genre, mais il faut bien différencier les sexes dans les espèces humaines
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ou animales. Eh bien, le féminin s'indique par le suffixe in avant la terminaison o du substantif.
Exemple :
Le père, la patr-o; la mère, la patr-in-o.
Le frère, la frat-o; la soeur, la frat-in-o.
Le garçon, la knab-o; la fille, la knab-in-o.
La descendance s'indique par le suffixe id. Prenons un exemple, la ĉevalo, le cheval. Comment direz-vous la jument ?
Plusieurs voix. — La ĉevalino...
C'est admirable? J'entends toutes les Chambres de Commerce qui répondent : la ĉevalino (Rires). Le poulain se dira : la ĉeval-id-o; la pouliche, la ĉeval-id-in-o. Vous avez, dans toute autre langue, quatre efforts de mémoire à faire pour vous rappeler : le cheval, la jument, le poulain, la pouliche; en esperanto, un seul effort, il suffit de vous rappeler la racine : ĉeval. Autre exemple:
Bo-vo, boeuf; bov-in-o, vache. Bov-id-o, veau; bov-id-in-o, génisse. Prenez alors n'importe quelle racine d'une espèce animale, et vous pourrez toujours former les quatre mots, même si ces mots n'existent pas en français.
Par exemple, nous avons, en français, le lièvre, la hase, le levraut, mais nous n'avons pas la « levraute ». En esperanto, vous n'aurez qu'à ajouter les deux suffixes id et in à la racine pour faire dériver de lièvre (leporo) la petite hase (leporidino).
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Vous êtes dans un laboratoire et vous voulez dire : apportez-moi la petite femelle d'un cobaye (kobajo). Vous emploierez en esperanto, au lieu de cette périphrase, un seul mot : kobajidino.
Commencez-vous, à vous rendre compte de l'extraordinaire richesse d'expressions de cette langue qui permet de former des mots qui n'existent pas en français ?
Vous pouvez, d'autre part, comme en allemand, former des mots composés; écrivons par exemple l'adjectif dik-a, qui veut dire épais, et le mot korp-o qui veut dire corps; dik-kor-pa signifiera : corpulent (au corps épais) — je retiens ce mot car il va me servir tout à l'heure.
Je vous apprendrai encore le suffixe ul qui indique l'être vivant caractérisé par la qualité qu'exprime la racine. Je m'explique : par exemple, saĝa veut dire sage; un homme sage, ou mieux un sage, se dira: saĝulo. Éminent, se dit eminenta; un homme éminent se traduira par eminentulo: ainsi, messieurs, vous êtes tous des eminentuloj (Rires).
Je vous citerai encore deux suffixes : l'augmentatif eg et le diminutif et.
Exemples :
Bel-a, beau. Bel-eg-a, superbe. Bel-et-a, joli.
Malbel-a, laid. Malbel-eg-a, affreux. Malbel-et-a, vilain.
Pal-a, pâle. Pal-eg-a, livide. Pal-et-a, pâlot.
Pluv-o, pluie. Pluv-eg- o, averse. Pluv-et- o, bruine.
Rid-i, rire Rid-eg-i, rire aux éclats. Rid-et-i, sourire, etc.
Vous voyez à quel point on a la possibilité de faire varier les nuances, en ne sachant que quelques racines.
Mais je vous ai dit tout à l'heure que je retenais le mot dikkorpa, voici pourquoi.
Cet été, en me promenant, je vois arriver en face de moi, une dame, petite et assez forte; intérieurement, je pense « une petite boulotte » et alors je me dis : « Voilà un mot
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que je ne saurais pas traduire en espéranto ! » Puis, en réfléchissant, pourquoi pas ? dikkorpa, nous l'avons vu, signifie corpulent; dikkorpulo, c'est un homme gros; dikkorpulino, c'est une grosse femme; dikkorpulineto, c'est une « petite boulotte ». (Rires et applaudissements).
Je vous signale encore un suffixe; je ne vous les indique pas tous — il y en a en tout vingt-cinq et six préfixes — mais je veux vous citer encore celui-ci, le suffixe ist. En français, vous dites un pianiste, un dentiste, un artiste, mais vous dites aussi un tourneur, un quincaillier, un boulanger; et l'étranger est obligé d'apprendre chaque mot; tandis qu'en espéranto il n'y a jamais d'exceptions, le suffixe ist sert toujours à indiquer la profession; vous aurez ainsi, dent-ist-o, dentiste, de dento, dent; pan-ist-o, boulanger, de pano, pain; komerc-ist-o, commerçant, de komerco, commerce, et ainsi de suite, tant qu'il vous plaira.
Ceci posé, et comme il nous reste une minute, je vais vous apprendre à compter depuis un jusqu'à l'infini.
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Pour savoir compter jusqu'à l'infini, il suffit de savoir compter jusqu'à dix :
unu un ses six
du, deux sep sept
tri, trois ok huit
kvar quatre naŭ neuf
kvin cinq dek dix
et savoir, en outre, que :
Cent se dit : cent;
Mille se dit mil; Million : miliono;
Milliard : miliardo.
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Ceci posé, pour dire 11, vous dites dix-un (dek-unu); 12, dix-deux(dek-du); 13, dix-trois (dek-tri), etc.
Pour dire vingt, au contraire, vous dites: deux-dix (du-dek); trente, c'est trois-dix (tri-dek); quarante, quarante-dix (kvar-dek), etc. Vingt-et-un, ce sera deux-dix-un (du-dek unu); 362, ce sera tri cent sesdek du; 1931, ce sera mil naŭ cent tridek unu. Vous pouvez ainsi, compter jusqu'à l'infini.
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Le quart d'heure est terminé. Parce que vous avez appris en quinze minutes, je pense vous avoir convaincus qu'il vous faudra à peine dix heures pour savoir correspondre en esperanto... (Vifs applaudissements).
Je ne vous propose pas d'émettre un voeu aujourd'hui. Vous pourrez examiner la question et me dire si vous désirez le faire à une prochaine séance, de façon que les adversaires des Chambres de Commerce, ne disent pas, comme on l'a déjà répété, bien à tort, qu'elles sont opposées à toute innovation.
Pour répondre à une question qui m'a été posée par plusieurs d'entre vous, je vais vous indiquer comment on peut se documenter pour apprendre cette langue. Vous pouvez demander « Le Cours par correspondance » édité par la Société auxiliaire pour les applications commerciales de l'espéranto, en vous adressant à M. Petit, 5, rue du Sahel, Je crois que, pour 160 francs, on reçoit tous les fascicules, les dictionnaires et on corrige tous les exercices. II y a ici des employés de la Chambre de Commerce qui ont suivi ce cours par correspondance et qui écrivent couramment l'espéranto. Je signale que la Foire de Paris, la Foire de Lyon, la Foire de Leipzig, la Foire de Francfort, la Foire de Valence, font des tracts en espéranto.
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On va vous distribuer des tracts de la Foire de Paris ainsi que des bulletins d'adhésion, pour ceux que cela intéresserait, à l'association « Esperanto et Commerce » (1), pour l'expansion économique française par l'esperanto, association dont j'ai accepté récemment la présidence.
Vous ne savez peut-être pas qu'il existe actuellement 1830 villes, réparties dans 80 pays, dans lesquelles il y a au moins un délégué officiel de l'organisme central esperantiste; j'utilise ce réseau d'inter-communications (car j'appelle cela un réseau, c'est comme le téléphone), j'utilise ce réseau pour demander des renseignements à ces délégués. Dernièrement, un membre de « Esperanto et Commerce », ne pouvant depuis plusieurs mois faire rentrer une créance de 10.000 francs du Chili, a eu l'idée de s'adresser au délégué de Santiago; le délégué de Santiago a fait renter cette créance sans difficulté. (Applaudissements.)
L'esperanto est une chose tout à fait intéressante pour l'avenir, étant donné l'effort minime qu'il y a lieu de faire; il ne s'agit nullement de concurrencer les langues nationales; on pourrait considérer l'esperanto comme un code de correspondance et de langage international. Sous cet angle-là, je crois que les Chambres de. Commerce sont tout à fait dans leur rôle quand elles préconisent l'étude de l'esperanto. C'est pourquoi j'ai accepté, à la demande de plusieurs d'entre vous, de vous faire cet exposé aujourd'hui. J'ajoute que la question progresse. Les Rotariens, qui comprennent 160.000 membres, ont mis la question à l'ordre du jour de leur Congrès de Vienne de cette année. D'autre part, le Comité exécutif de la Chambre de Commerce internatio-
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(1) Siège social 23, rue Notre-Dame-des-Victoires. Les adhérents reçoivent gratuitement le journal « La movado » et sont mis en rapport avec les délégués dont il est parlé ci-après.
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nale, présidé par M. Theunis, doit m'entendre le 20 février. Chaque année; on voit une augmentation notable du nombre des esperantistes dans le monde.
J'ajoute, que pas plus tard qu'hier, j'ai été sollicité d'aller faire en Hollande, le mois prochain, une conférence devant les délégués et devant les secrétaires administratifs de toutes les Chambres de Commerce de Hollande, ce que j'ai accepté, puisque la question les intéresse. Il y a à La Haye un Institut où professe un homme remarquable, un Hongrois, l'abbé Cseh, qui a cette faculté d'enseigner l'esperanto à un auditoire composé de personnes de nationalités différentes; cet homme a fait un cours en esperanto, au Congrès international d'Oxford de 1930, à des hommes qui appartenaient à une trentaine de nations.
Il a fait, à Paris, a la Sorbonne, dernièrement douze leçons; il y avait 250 personnes le premier jour et l'amphithéâtre n'en peut contenir davantage; fait extraordinaire pour un cours (car ordinairement on voit décroître le nombre des auditeurs), le dernier jour il y avait 300 personnes; les gens étaient debout, mais cela ne fait rien, ils écoutaient parce qu'ils étaient intéressés.
Je ne sais si j'ai pu faire de même à votre égard ceci est une causerie à bâtons rompus, je m'en excuse; je pense que cela ne vous aura pas trop ennuyés et que je vous ai, en tout cas, en retardant un peu l'heure du déjeuner, donné de l'appétit et peut-être aussi le désir d'utiliser l'esperanto et d'aider son développement pour la facilité des transactions internationales. (Vifs applaudissements.)
(page 20 blanche)
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