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Encore cette dialectique espace fermé austère/espace ouvert verdoyant, voire sensuel propre à Palerme.

La cerise sur le gâteau. Même derrière le CHOEUR de l'abbatiale, il y a une sorte de gigantesque moucharabieh stylisé qui donne sur une salle de réunion des moniales qui a un petit air de salle d'inquisition (dans notre dos, des stalles.

Pâtisserie rendant hommage à Sainte Agathe, (ou une autre ?) qui eut les seins coupés au nom de sa foi.

Si vous regardez de près : architecturalement, c'est inclassable. On peut monter sur les toîts mais j'arrive trop tard : ce sera pour demain.

La cathédrale garde les tombeaux des Anjou (famille de Hauteville) et de leurs successeurs souabes (notamment Frédéric II). Les sarcophages sont des trucs prétentieux en porphyre. Je ne montre pas non plus la nef, car au fonds c'est une grande église baroque assez lisse. En revanche la marquèterie de marbre des balustrades de chaque chapelle donne le vertige.

Comme à Catane, la cathédrale sert de gnomon : un méridien y est tracé au sol.

Deux mahométans à droite de la principale porte triomphale qui jouxte le palais des rois normands prennent un air blasé face aux stéréotypes dont on les affuble. J'aime bien les masques grotesques en dessous. On en trouve beaucoup dans l'architecture de Palerme.

Je comprends l'idée mais tu pourrais écrire en sicilien histoire d'aller au bout du délire...

Deuxième épiphanie de la journée. Je pénètre dans la chapelle palatine, édifiée en 1140 par Roger II de Sicile, en plein palais normand, et mon cerveau explose. Les gens sont tous soufflés et recueillis. C'est une église, avec des décors mosaïqués qui essaient de faire concurrence à ceux de Ravenne de l'époque de Justinien. Mais qui reprennent aussi le goût pour les jeux géométriques des mosquées de l'époque précédente, quand Palerme était arabe.

Très belle, cette église !

Le plus impressionnant : la voûte en bois à motifs étoilés en caisson, qui rappelle l'Alhambra de Grenade.

Juste un détail du décor mosaïque, illustrant la Genèse : Dieu crée les plantes, puis la lune et les étoiles.

Troisième épiphanie de la journée, dont je ne peux montrer aucune image : j'ai visité la fameuse catacombe des Capucins : generationvoyage.fr/visiter-catacombes-des-capucins Evidemment pas de photos par respect pour les morts momifiés. Le plus fascinant, c'est de se dire que les familles qui avaient confié leur mort aux moines venaient régulièrement le voir et constater les progrès de la momification. Difficile de faire plus latin que ça !

Eglise Saint-Jean de l'ermitage. Encore une église de l'époque de Robert II, avec un plan rappelant une mosquée. Bon, je deviens blasé après être allé de surprise en surprise.

Ce sont visiblement des ex-votos funéraires. On est dans un quartier populaire bien craignos, l'Albergheria. Des morts de la mafia ? ou suscités par elle ? Toujours dans la continuité de la catacombe des capucins.

Le soit tombe, la loupiotte votive est déjà allumée.

Il y a pas mal de ruelles borgnes, de celles où on se prendrait un coup de couteau, dans le Palerme sud.