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Sous cette porte sont passés, il y a quelques 17 siècles, des chevaux et des cavaliers postés là pour défendre les marges de l'empire. Ils ont dû se sentir aussi isolés que moi au moment de la visite. Ce site était vraiment une grande émotion.

Bushir, comme l'appellent les locaux (les prononciations varient énormément), était un fort de cavalerie, qui pouvait contenir au plus une centaine d'hommes. Dans le sol, des ouvertures correspondant à des citernes et réserves de nourriture. Sur les murs, les traces des boxes. Et toutes les tours d'angles montrent un système d'escalier interne fort bien conçu.

Qasr el-Bashir est un exemple emblématique des problèmes qui se posent en terme de patrimoine. C'est de loin le fort romain le mieux conservé sur toute la surface de l'empire. Le fort n'est connu que des bergers du coin et d'une poignée d'archéologues. Il s'effondre lentement. En un sens, c'est une bonne chose qu'il ne soit pas indiqué sur les guides, car le site ne pourrait pas supporter un trafic touristique intense : les tours se fissurent, penchent... Ce serait dangereux. En même temps, c'est un site absolument unique. A quelques couches de crépit moderne près, c'est un site dans son état d'origine. Son isolement l'a sauvé. C'est profondément émouvant. Il aurait bien plus besoin de figurer au Patrimoine Mondial de l'Humanité que les quais de Bordeaux ou le repas à la française.

J'ai un peu tâtonné, puis une fois à l'approche, en entrant les coordonnées géographiques, je suis finalement tombé dessus. Comme je m'y attendais, ça a été une grosse émotion. J'ai avancé la voiture sur un semblant de piste, puis je l'ai laissée, au milieu de nulle part; 500 mètres avant la fin. J'ai gravi une colline.

Le vrai but de mon voyage, bien plus que Pétra, était un fort perdu du limes arabicus. J'y ai pensé dès le début du voyage. J'étais prêt à passer le temps qu'il faudrait pour le trouver. En gros, en descendant d'Azraq vers le sud, vous roulez sur la Desert Highway. Vous traversez des relais routiers. A l''un d'eux, entre une station essence et un complexe touristique décrépit, vous tournez à droite. Une route monte dans des montagnes minérales de couleur crême. Vous vous retrouvez sur un plateau vallonné avec des troupeaux. La route, au départ bien goudronnée, vire progressivement au cauchemar où on ne peut rouler au mieux qu'en seconde.

Après 50 mn de conduite au milieu d'étendues minérales, passer une petite colline et retomber sur du vert est une petite bénédiction.

Edifice mystérieux, qui rappelle beaucoup un caravansérail, mais là où ne passaient pas de caravanes. Ambiance mystérieuse et recueillie.

Le seul vestige un peu romain que je croise aujourd'hui et on n'en distingue que le quadrilatère. Je ne m'approche pas pour ne pas déranger les bédouins.

Fort d'époque omeyyade étrangement décoré de fresques présentant non seulement des représentations humaines, mais des scènes olé-olé. Hélas cela n'a pas été protégé assez tôt du vandalisme. Le gardien, Moubarrak, et son chien blanc sont des crèmes.

Sentiment d'immensité et angoisse de crever (même si on croise beaucoup de camions qui font Aqaba-Irak/Syrie, ce qui donne une ambiance un peu "Mad Max".

Jolies couleurs alors que le soleil revient. Il y a des chances que les collines en face se situent en Syrie.

QG de Lawrence d'Arabie en 1917, c'est un fort ottoman construit sur un ancien fort romain de l'époque de Dioclétien. Il est construit en basalte de la région.

1 - Les rues d'Amman sont aussi désertes que celles de Paris un dimanche à 8h. Personne. 2 - En m'enfonçant dans le désert, en direction de l'oasis d'Azraq, il se met à pleuvoir à torrents.