Duobla

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Il lui arrive quelquefois
D'entendre à n'en jamais finir
D'étrange mots, d'étranges voix
Des souvenirs de l'avenir
Et les images qu'elle voit
Ont des couleurs qui lui font mal
C'est un cocktail de feu, de froid
Absinthe et gardenal
Il lui arrive quelquefois
D'aller à n'en pas revenir
Nager dans l'eau de l'au-delà
Des souvenirs de l'avenir
Entre les lignes de ses rides
Qui ne l'ont pas encore marquée
Elle peut lire des génocides
Et des passions manquées
Comme toi
Elle fait ses courses, comme toi
Elle a des fins de mois
Des mois sans fin
Comme moi
Elle s'éclabousse, comme moi
De cent petites joies
Qui ne servent à rien
Comme nous
Elle est normale
Comme nous
Elle a deux grands enfants
Qui téléphonent
Après tout
Elle est banale
Après tout
Y a rien de différent
Elle est personne
Il lui arrive trop souvent
De rencontrer, de retenir
Des spectres futurs et vivants
Des souvenirs de l'avenir
Et les morsures d'un soleil
Qui brillera dans mille étés
Et les piqûres d'une abeille
Qui n'a jamais été
Et tout ça grince dans sa tête
Comme un concert mal préparé
Comme le crash d'un jumbo jet
Qu'un prêtre Inca va délirer
Et elle porte un peu la croix
Des lendemains de l'an deux mille
Du sang, des larmes et des combats
De l'éternel débile
Comme toi
C'est la vaisselle, comme toi
Elle a un chien, deux chats
Un mec ou deux
Comme moi
Elle se rappelle, comme moi
Qu'elle ne se souvient pas
Ou bien si peu
Comme nous
Elle est normale
Comme nous
Elle suit le court tracé
De ses secondes
Après tout, elle est banale
Après tout
Elle ne fait que passer
Elle est tout le monde
Comme toi
Elle fait ses courses
Comme toi elle a des fins de mois
Des mois sans fin
Comme moi