Il avait ce regard bleu et pénétrant,

Des cheveux dorés par le soleil et le vent,

Le sourire carnassier et cruel d’un prédateur.

De rien, ni de personne, il n’avait peur.


Convaincu et sûr de lui, il avançait dans la vie,

En conquérant en dépit de tout mépris.

Il avait tant vu mourir en Algérie, d’hommes

Que certains soirs, pour oublier en somme,


Il buvait, vitupérait, alors qu’au fond de lui

Battait un cœur qui avait connu la poésie,

Celle de la nature qu’il aimait avec passion,

Admirant ses terres, entre chien et loup, au coucher


Du soleil, sa silhouette se découpant sur l’horizon.

Il me disait : « regardes de la terre, ces sillons ensoleillés,

La poésie qui s’en dégage sous les brumes de fin d’été

Emerveille mes yeux et ravit mon cœur extasié ! »


De ces moments rares, j’ai gardé une étrange félicité,

Un parfum oublié au goût de larmes salées.

Je sens encore, parfois, son regard lourd, chargé

De rancune, de passion et d’amour rageur non partagé.


L’ai-je connu autrefois ? Assez ? A présent, il est figé,

Là, sous la croûte terrestre où il dort apaisé.

Plus d’armes, de fantômes, de cauchemars égrenés ;

Dans les limbes où il plane, son âme vole dégrisée…


©Valériane