En ce temps-là, je dévidais fébrile

L’écheveau des jours en ourlets de lumière.

Je ne sentais pas dans l’air immobile

Les griffes acérées et meurtrières.



En ce temps-là, je devisais, joyeuse,

Insouciance d’une enfance radieuse.

Je chantais, la tête dans les nuages

En rêvant à toutes sortes de paysages.



En ce temps-là, le spectre de l’ombre

Dormait encore dans la pénombre.

Il épiait sa proie, blanche colombe,

Pour sortir, affamé, des mornes catacombes.



En ce temps-là déjà, s’estompait le décor

Tant j’avais d’ennui et souffrait mille morts.

J’ai parfois souvenances d’angoisses figées

Et d’un ange le battement de ses ailes froissées.



A présent, j’ai oublié ces années de torpeurs.

Se sont effacés les rudes hivers sans chaleur.

Mon âme vagabonde a retrouvé l’allégresse.

J’en garde seulement un parfum de détresse.



En ce temps-là…C’était hier…Il y a si longtemps…

Valéri@ne