près d'cheu nous à Norrent-Fontes :
Monique Pouille, 59 ans, épouse d'artisan peintre, parle très vite au téléphone, comme essoufflée par ce qui vient de lui arriver.
Elle a fait neuf heures de garde à vue, hier. Cette mère au foyer, membre de la paroisse de Norrent-Fontes, près de Béthune, bénévole aŭ restos du coeur et bénévole de l'association Terre d'errance, organise les dons de nourriture, d'habits pour les migrants sans-abri depuis deŭ ans et demi. C'est elle aussi qui recharge les portables de ces errants qui tentent de gagner l'Angleterre en grimpant sur les camions de l'aire de repos de l'autoroute voisine. Hier, à 7h45 du matin, on sonne à sa porte. La Police de l'air et des frontières.
Pigeonnier. Elle raconte : «Ils m'ont dit "on vient vous chercher pour vous mettre en garde à vue, pour flagrant délit d'aide aŭ personnes en situation irrégulière"». Elle ajoute : «Quand j'ai ouvert la porte ils sont tout suite entrés dans le couloir. Je pense qu'ils croyaient trouver des réfugiés chez moi». Les policiers tombent sur trois portables, en charge sur la table du salon. Ils prennent les portables, fouillent la maison, le garage, la voiture, «et même le pigeonnier de mon mari, il est colombophile». Ils autorisent Monique Pouille à faire «un petit brin de toilette» avant de partir, «une femme policier m'attendait derrière la porte de la salle de bains». Elle ressort avec un pull à capuche. «Ils m'ont dit que ça ne serait pas accepté en garde à vue, à cause du cordon.»
Fan-club. A Coquelles, la garde à vue commence. «Ils ont dit que j'avais eu de la chance de ne pas être menottée». (si ç'avait été un homme ou qq de jeune, même très jeune, il y aurait eu droit ! comme l'ont montré d'autres cas) La police aurait ajouté qu'elle devait «coopérer». «Ils m'ont dit qu'ils étaient courant de tout. Une femme policier m'a demandé "Alors, ça s'est bien passé le concours de colombophilie de votre mari?" C'était une conversation que j'avais eu avec des bénévoles de l'association quelques jours plus tôt au téléphone. Je suis tombée des nues».
Ils posent des questions sur les migrants, un par un. Comment s'appelle-t-il? Depuis combien de temps est-il là? «Ils m'ont dit "vous faites ça pour la bonne cause, mais il faut faire attention à ne pas aider les passeurs". Il m'ont dit que je pouvais continuer à recharger les portables, mais pas ceŭ des passeurs, ceŭ qui sont bien habillés, et qui sont là depuis longtemps. Moi je ne m'occupe pas de ça? J'aide les gens sans poser de questions». Vers 14h30, les policiers lui annoncent que son «fan-club» est dehors. «C'était une cinquantaine de personnes qui étaient venues me soutenir». Elle est libre vers 17h. Sans charges, ni mise en examen, pour l'instant.
Si elle n'avait pas eu de "fan club elle serait sans doute encore en prison, alors on peut penser que son cas doit n'être que le sommet émergé d'un épouvantable "iceberg")
«Bande organisée». «Nous l'avons récupérée en larmes» raconte Me Bruno Dubout, avocat de l'association Terre d'errance. «Monique Pouille en garde à vue, c'est une aberration. Elle n'est pas armée pour ça. Elle fait partie de ces gens qui aident les migrants parce qu'ils font de l'humanitaire. Parce qu'ils se disent "On ne peut pas laisser crever les gens au bout de notre jardin"». Monique Pouille ajoute : «Je suis la seule bénévole qui habite Norrent Fontes. Une garde à vue, ce n'est pas rien. Je me demande comment les gens vont réagir. Ce n'est pas facile à vivre»
A la Police de l'air et des frontières de Coquelles, on indique que la garde à vue a eu lieu dans le cadre d'une commission rogatoire ordonnée par le juge d'instruction Vignau à Béthune, «pour aide au séjour irrégulier en bande organisée». Au cabinet de l'instruction, on n'a «aucune information à donner à ce sujet». On risque en théorie jusqu'à 10 ans de prison pour aide au séjour irrégulier en bande organisée.
Dans un communiqué, le curé de la paroisse, le père Delannoy s'indigne : «C’est la politique du chiffre qui prime , M. Besson a demandé qu’on intensifie la lutte contre les réseaŭ mafieŭ, qui arrête t-on? Une simple habitante qui a un cœur d’or et qui n'en peut plus de voir des jeunes qui ont l’âge de ses fils passer devant sa maison bravant le froid. Il est certainement plus facile de rester au chaud dans sa maison bien installé devant son écran que d’agir. Heureusement que dans notre monde il y a encore des Monique.»
Alors, elle continue? Elle pense que oui. Puis elle ajoute : «Mon mari m'a dit "tu ne fais rien de mal, tu continues" Mais si je suis enfermée, y'a personne qui y va à ma place...».
Haydée Sabéran
"Les naïfs, les crédules, les indifférents et les lâches constituent le combustible qui alimente l'enfer de souffrances, d'injustices et d'humiliations qui consume notre humanité." (auteur : ?)
comitedesoutiensami.hautetfort.com/archive/2009/02/19/revue-de-presse.html
Appel et revue de presse : comité de soutien à Sami Benméziane comitedesoutiensami@orange.fr
codedo.blogspot.com/2009/02/paris-20-fevrier-proces-dyves.html
www.lemonde.fr/societe/article/2009/02/04/la-france-gardee-a-vue_1150561_3224.html
la voilà l'insécurité !
panier-de-crabes.over-blog.com/article-29136056.html
codedo.blogspot.com/2009/01/lyon-veronique-victime-de-violences.html
CODEDO (COllectif pour une DEpénalisation du Délit d'Outrage): Valérie, victime de violences policières à Lyon
Alex Ursulet a été victime de policiers qui ont clairement violé ses droits. Dans un livre critique, mais qui se veut objectif et mesuré, l’avocat d’origine martiniquaise raconte sa mésaventure. Il rapporte également des témoignages édifiants et dispense de précieŭ conseils pour ceŭ qui sont arrêtés, humiliés ou violentés par les forces de l’ordre. Un ouvrage plus que d’actualité
Alex Ursulet n’a plus besoin de prouver qu’il est un homme respectueŭ des lois. Pourtant, le 6 janvier dernier à Paris, l’avocat d’origine martiniquaise a vécu de près ce que certains de ses clients lui avaient déjà rapporté, sans l’émouvoir outre mesure. Maître Alex Ursulet a été arrêté et traité comme un vulgaire criminel durant un « banal » contrôle de police. Un contrôle caractérisé par la condescendance sans bornes et les tutoiements humiliants de l’un des trois représentants des forces de l’ordre, apparemment saoul au moment des faits. L’homme de loi finira au commissariat, où il entrera menotté alors qu’il ne représente pas de danger. Il n’aura notamment pas le droit de téléphoner, sera humilié et illégalement gardé à vue, sans que le motif de cette décision ne lui soit signifié. Ses droits élémentaires ont été violés.
Tous les policiers ne sont pas mauvais
Cette affaire a tellement marqué le brillant avocat, qui a reçu de nombreŭ témoignages de sympathie, que son travail en a pâti. Il lui a fallu une semaine pour se remettre psychologiquement des brimades et humiliations subies. De toute cette histoire, qui relevait pour lui au départ d’une « série B », il sera ressorti une bonne chose : Pourquoi me tutoyez-vous, le livre dans lequel Alex Ursulet raconte sans pudeur sa mésaventure, qui concernerait, selon lui, de plus en plus de personnes. Un ouvrage dont le début se lit comme un roman, mais qui n’est malheureusement pas une fiction. Alors pas besoin d’artifices pour que l’émotion et le sentiment de révolte soient intenses. Comment des hommes qui sont sensés protégés tous les citoyens de France peuvent-ils en arriver là ?, ne cesse-t-on de se demander. L’avocat le justifie notamment par le fait que les policiers ne sont pas suffisamment bien formés et lâchés souvent trop jeunes dans des quartiers difficiles sans « chaperon ».
Mais Alex Ursulet prend soin de ne pas mettre tous les policiers dans le même fourgon. Après avoir rapporté divers témoignages édifiants d’abus policiers, il souligne dans son livre que ce ne sont pas seulement les étrangers ou les personnes issues de l’immigration qui sont victimes : « On a compris, au travers de ce petit florilège, que ce genre d’histoires peut arriver à tout le monde : les femmes ne sont pas plus à l’abri que les hommes ; et si les noirs et les arabes sont davantage exposés à l’humiliation et la violence, cela peut aussi arriver à des ‘gaulois’, à des jeunes comme à des vieillards, à des smicards comme à des nantis ».
Porter plainte contre la police, c’est David contre Goliath
L’auteur, qui se défend bien d’être un « anti-flic » et qui a déjà défendu un policier, souligne toutefois que toutes les victimes ne connaissent pas leur droit, ce qui explique qu’elles ne portent pas toujours plainte. D’autres facteurs découragent d’entamer des poursuites judiciaires. Comme le fait que la parole d’un policier pèse souvent plus lourd que celle des plaignants, que certains syndicats de policiers et la police des polices mentent parfois pour protéger leurs confrères, que le parquet traîne des pieds pour lancer des informations judiciaires de peur de se mettre les forces de l’ordre à dos. Ceŭ qui se sentent le courage d’affronter toutes ces difficultés sont en plus loin d’être sûrs d’avoir gain de cause. « 7 plaintes sur 10 sont finalement rejetées comme infondées. Et les trois autres n’aboutiront pas forcément à la satisfaction pleine et entière du plaignant »...
Pour ne pas donner aŭ policiers l’occasion de l’accuser d’« outrages à agent et rébellion », même s’ils le poussaient à bout, Alex Ursulet est resté d’un calme olympien. Si calme que les policiers en étaient excédés. Pour être irréprochable face à des agents hargneŭ, l’avocat a publié à la fin de son livre, en plus d’extraits de rapports sur la police d’Amnesty International et de la Commission nationale de déontologie de la sécurité, une sorte de « huit commandements » appelé : « Que faire si l’on est victime de violences policières ? ». Un condensé clair et explicite de l’attitude à tenir et des droits aŭquels nous avons tous droits dans ce cas.
Voici quelques recommandations : « Rester calme : ne JAMAIS céder à la provocation », « veillez à ce qu’il y ait des témoins. Une interpellation ou un contrôle musclés attirent souvent les badauds. Essayer de susciter au moins un témoin et de préférence deŭ », « tant qu’il ne vous a pas été signifié que vous êtes placé en garde à vue, vous avez le droit de téléphoner. Ce droit, utilisez-le ! Appelez vos parents, des amis, votre avocat si vous en avez un... ». A l’heure où la colère gronde quant aŭ contrôles réguliers et abusifs, Pourquoi me tutoyez-vous ? peut faire office de guide pour se protéger contre la violation des droits civiques.
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Je pense que cet avocat accepterait de les défendre avec l'aide judiciaire
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