Les douaniers azuréens, qui l'ont vu arriver l'autre matin en rade de Beaulieu, ont cru pendant un instant qu'un sous marin atomique sorti d'un film de James Bond avait fait surface sur la Côte d'Azur. Les plaisanciers au mouillage, eux, ont cru qu'il s'agissait d'un essai secret de destroyer furtif d'un nouveau genre. En quelques heures, en tout cas hier matin, la rumeur s'est emballée, relayée par VHF sur tous bateaux environnants et leurs propriétaires ont immédiatement fait route vers Beaulieu pour voir la bête. Il s'agissait en fait du « A », le tout nouveau joujou du milliardaire Russe, Andreï Melnichenko, dont c'est la première apparition sur la Côte d'Azur.
Sorti du chantier allemand Blohm et Voss en janvier dernier, ce megayacht de 120 mètres, dessiné par le designer français Philippe Stark, est le nouveau navire amiral de la flotte Russe en Méditerranée. Dans le classement des 100 plus grands yachts du monde, il arrive actuellement en sixième ou dixième place, selon que l'on comptabilise ou non les bateaux « d'Etat », comme ceux des émirs de Dubaï, du Qatar, d'Arabie Saoudite ou d'Oman. Avec ses 115 mètres, le Pelorus de Roman Abramovich fait désormais figure d'annexe ! Idem pour Le Grand Bleu de Suleiman Kerimov (113 m), l'Anastasia de Vladimir Potanine (75,30 m), le Queen K (72,60 m) d'Oleg Deripaska, ou encore le Triple Seven d'Alexander Abramov (65 m), tous habitués des mouillages et des ports azuréens...

Le yacht le plus laid du monde ?
Mais plus que sa taille, c'est son design qui fait l'originalité absolue du « A ». Outre son allure de sous-marin, qui l'a déjà fait qualifier par le Wall Street Journal de « yacht le plus laid du monde », il offre une étrave inversée en acier pour fendre la houle sans encombre à plus de 20 nœuds (et éventuellement la banquise) ainsi que toute une série d'aménagements techniques censés en faire, selon Philippe Stark, « le yacht le plus respectueux de l'environnement marin jamais construit ». Si les extérieurs sont étonnamment dépouillés pour une unité de cette envergure et de ce prestige, avec un simple jacuzzi et une « drop zone » pour hélicoptère, les aménagements intérieurs seraient nettement plus fastueux. Un pont entier a été transformé en « loft propriétaire » avec un lit rotatif pour qu'Andreï et son épouse Alexandra disposent du meilleur point de vue en fonction du mouillage. Les invités pourront disposer de quatre super-suites, modulables en six plus petites, le navire pouvant accueillir jusqu'à 40 personnes, équipage compris. Enfin, la piscine est dotée d'un fond transparent qui sert de toit à la discothèque, afin que les invités puissent danser en regardant s'ébattre des naïades...
Coût estimé du joujou : 250 millions d'euros. Une broutille pour ce milliardaire Russe de 36 ans, ancien courtier reconverti dans l'électricité et le charbon, dont la fortune est estimée à 4,6 milliards de dollars, ce qui le classe en 172e position dans le classement Forbes des fortunes mondiales. Sa fête de mariage en septembre 2005 au cap d'Antibes, où il possède la villa Altaïr et ses nombreuses dépendances, avait battu tous les records de faste avec un budget estimé à l'époque entre 7 et 10 millions d'euros. C'est d'ailleurs en l'honneur de son épouse Alexandra, ex-miss Yougoslavie, qu'il aurait baptisé son yacht (jusqu'alors connu comme « Projet Sigma SF 99 ») de la seule lettre « A »... qui est aussi celle de son propre prénom. Pratique en cas de divorce !