Invité d'honneur du 10e Symposium international de l'eau à Cannes, le paléoanthropologue Yves Coppens a donné une conférence sur les changements climatiques dans l'histoire de l'Homme. Un thème décidément en vogue chez les préhistoriens. Le musée départemental des Merveilles y consacre sa grande exposition d'été, qui s'ouvre samedi sous le titre « Évolution des climats et de la biodiversité sur le littoral méditerranéen depuis un million d'années ». Ecoutons ce que le père de Lucy a à nous dire sur le sujet...
Pourquoi les préhistoriens s'intéressent-ils soudain tellement aux évolutions climatiques ?
C'est vrai que nos compétences ne sont forcément liées aux problèmes d'environnement et de climat. Néanmoins, c'est un préhistorien, moi en l'occurrence, que le président Chirac est venu chercher pour écrire la Charte de l'Environnement. Au début, j'ai traîné les pieds justement parce que je pensais que ce n'était pas mon rayon. Mais il a beaucoup insisté et a fini par me convaincre. Finalement, on n'a pas si mal travaillé puisque la Charte est rentrée dans la Constitution.
Quel éclairage particulier pouvez vous apporter sur le sujet ?
Celui du préhistorien justement, qui sait que le climat n'a cessé de changer au fil des millénaires et qu'il n'y a aucune raison pour qu'il se stabilise un jour.
Où en sommes-nous du point de vue de l'histoire du climat ?
Depuis un million d'années, le climat de la Terre est régi par des cycles de 100 000 ans. 80 000 ans de glaciation, 20 000 ans de réchauffement. Nous sommes au milieu du cycle de 20 000 ans, pas très loin probablement du pic de chaleur. Logiquement, on devrait aller vers un refroidissement progressif. Mais l'action de l'homme depuis la révolution industrielle trouble la donne.
En êtes-vous totalement convaincu ?
Cela m'a paru longtemps bien présomptueux de croire que l'Homme pouvait influer sur le climat. J'étais très sceptique, mais les travaux du GIEC m'ont définitivement convaincu.
Quelles conclusions en tirez-vous ?
D'abord que l'Homme n'est pas culpabilisable pour son action. Il avait toutes les raisons d'agir sur son environnement pour vivre mieux. Mais aujourd'hui, son action se fait au détriment de ses conditions de vie et non à leur avantage. Il va donc lui falloir s'adapter à cette nouvelle donne. Je ne suis pas inquiet : il le fera comme il l'a toujours fait, même si les problèmes qui vont se poser à lui seront plus difficiles à gérer que par le passé. Quand il y avait dix millions d'Hommes sur Terre, c'était relativement facile pour eux de changer de pays ou de continent en fonction du climat. À bientôt 7 milliards, les déplacements massifs de populations seront nettement plus problématiques.
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