Dans le Donbass, région de l’est de l’Ukraine, une guerre hybride mêle conflit armé ouvert, crimes et saccages perpétrés par des gangs séparatistes...


Après Une Femme douce, voyage cauchemardesque dans la Russie profonde, Sergei Loznitsa nous embarque cette fois pour le Donbass, région d’Ukraine, où la guerre civile fait rage depuis 2014, entre l’armée régulière et les milices séparatistes soutenues par la Russie. En 13 séquences, inspirées d’événements réels et filmées de manière presque documentaire, le réalisateur ukrainien montre l’absurdité et la violence du conflit, mais aussi la misère et l’humiliation qu’il génère pour la population, dans un pays livré aux milices et aux gangs, qui pratiquent le racket à grande échelle pour financer l’effort de guerre.
Au-delà de la reconstitution d’un quotidien cauchemardesque (déjà montré dans le formidable documentaire d’Anne-Laure Bonnel, Donbass, la guerre oubliée), ce qui intéresse le réalisateur de My Joy, c’est «le type d’être humains engendré par une société dans laquelle l’agressivité, le déclin et la désagrégation sont les maîtres» (sic). Et on peut dire qu’il en montre ici un panel particulièrement représentatif! Avec des acteurs aux gueules incroyables et à la présence physique impressionnante, un dispositif alternant plans fixes et plans séquences filmés caméra à l’épaule, le film illustre le dicton qui veut que l’histoire se répète: la première fois sous la forme d’une tragédie, la seconde d’une farce… Prix de la mise en scène à Cannes où le film a été présenté dans la section Un Certain Regard.