Après le succès du Brio, le film d’Yvan Attal où il donnait la réplique à Camélia Jordana, Daniel Auteuil repasse derrière la caméra pour son premier film non adapté de Pagnol. C’est une pièce de Florian Zeller, L’envers du décor, qu’il a choisi de porter à l’écran après l’avoir jouée près de 400 fois au théâtre. L’histoire d’un éditeur, prénommé Daniel, qui reçoit à dîner son meilleur ami (Gérard Depardieu) accompagné de sa nouvelle et jeune et jolie fiancée (Adriana Ugarte).Devant la beauté de la jeune personne, le voila qui se prend à rêver durant tout le dîner à la vie qu’il pourrait avoir avec elle.Ce que sa femme (Sandrine Kiberlain), qui le connaît bien, n’apprécie que très moyennement. Aux Rencontres d’Avignon, où il se sent forcément un peu chez lui, l’acteur réalisateur a répondu à nos questions…


Pourquoi adapter au cinéma cette pièce que vous avez jouée si souvent?
J’avais envie de parler des pauvres hommes que nous sommes et de leurs rêves qui sont à la hauteur de ce qu’ils sont.Certains en ont de très grands et d’autres de tous petits. Le texte de la pièce était très drôle et pour l’avoir effectivement beaucoup jouée je savais qu’elle touchait beaucoup les gens. Mais c’est une adaptation très libre…
En quoi le film est-il différent?
La pièce était très sur le verbe, le texte, les pensées, les apartés. Le point de départ pour le film c’était les rêves que fait le personnage et ce qu’on pouvait en montrer pour quitter le huis clos de la salle à manger. On s’est fait plaisir: Venise, Ibiza…Même si on a tourné en Corse.Ce qui me plaisait, c’est que les rêves finissent par se confondre avec la réalité du film et que peu à peu le spectateur ne sait plus si on est dans la réalité ou dans le rêve.
Sont-ce des rêves ou des fantasmes?
Pour moi, ce sont des rêves.Le fantasme c’est déjà un bout de chemin vers le passage à l’acte.Il a une belle vie et une belle femme, intelligente, qui le connaît bien et avec laquelle il est heureux.Il n’a pas l’intention de casser ça.D’ailleurs il a tellement d’imagination qu’il voit ce qui pourrait se passer après.Et ça le calme! Un homme qui rêve sa vie est dans une recherche poétique pas dans l’accomplissement.
Ce Daniel-là vous ressemble-t-il ?
Un peu forcément. Mais tous les hommes peuvent s’identifier à lui, je crois.Je pense être plus courageux que lui.Et depuis que jai joué Jean Claude Roman dans L’Adversaire je ne mens plus jamais à mon entourage!
Un acteur, c’est un rêveur, non?
Oui, forcément.Ce sont des vies rêvées et quand ça se passe bien une vie de rêve. Ce film c’était une bulle de bonheur. Bien que je joue et réalise en même temps, j’ai trouvé une légèreté en le faisant.
Quel est le rêve que vous n’avez pas encore réalisé?
Il y en a beaucoup.Je rêve comme je respire et j’arrêterai en même temps, je pense.Mais pour citer Diderot: «Encore 30 ou 40 ans de cette vie imparfaite et ce sera parfait».

Finirez-vous un jour votre trilogie Pagnol?
J’en ai bien l’intention.Par honnêteté pour mon travail je dois le faire. Mais peut-être pas avec Pathé.Sortir les deux films en même temps était une erreur.Mais on a le temps puisque César, ça se passe vingt ans après Marius et Fanny.Je ne suis pas encore assez vieux! (rires) L’avantage d’être acteur c’est qu’il y a des rôles pour tous les âges.On peut emmerder les gens très longtemps! (rires)