Ce qui est sûr, c’est qu’il n’aura pas l’Oscar de la ponctualité! Sans explication, ni excuses, Leonardo DiCaprio s’est présenté avec plus d’une heure et demie de retard à la conférence de presse parisienne de The Revenant, le nouveau film d’Alejandro Gonzàlez Inàrritu (Birdman, Babel, Biutiful). Mal rasé, le teint blème, les traits tirés et la mine des mauvais jours de promo intensive, il a fait le job en 25 minutes chrono, sans même laisser le loisir aux journalistes de lui poser la moindre question sur la course à l’Oscar d’interprétation, qui lui a déjà échappé à quatre reprises.Grand favori cette année, il devrait enfin l’emporter avec un rôle ultra-physique, taillé pour les Oscars : celui d’Hugh Glass, un trappeur du grand nord américain, promis à une mort certaine après avoir été attaqué par un Grizzly, mais qui refusera de mourir pour se venger de ceux qui l’ont abandonné…

Comment réalise-t-on une performance aussi physique ?
Ce tournage a été une expérience unique pour chacun de nous.S’immerger dans ce monde sauvage et hostile, comme nous l’avons fait, a suffi à créer l’histoire et à décider des personnages. À chaque rôle que vous acceptez, vous essayez de vous préparer le mieux possible mais là, dès les premières scènes, toute la préparation s’est dissoute et tout est devenu question de poésie dans ce rapport entre Hugh Glass et la nature, le fait qu’elle pouvait lui ôter la vie très facilement, mais aussi lui donner les moyens d’assurer sa survie. Alejandro voulait créer une expérience d’un réalisme extrême. J’ai vite compris qu’il fallait que je me fie à mon instinct plus qu’à quoi que ce soit d’autre...
Vous êtes vous parfois dit que vous aviez sous estimé la difficulté?
Nous l’avons tous fait! Nous étions en pleine nature avec des conditions climatiques extrêmes...Ca a été l’expérience professionnelle la plus difficile de ma vie.Alejandro n’a cessé de poser des défis tout au long du tournage, pour lui et pour nous. Mais c’est ce qu’on attend d’un cinéaste tel que lui.Qu’il crée les conditions d’un tournage incomparable et authentique pour faire une œuvre d’art qui reste dans les mémoires.Sinon qu’est-ce qu’on foutrait là? Ce serait une simple perte de temps.

La scène d’attaque de l’ours est particulièrement impressionnante…
Plutôt que de parler des moyens techniques employés pour rendre cette scène aussi réaliste, je préférerais souligner à quel point Alejandro en a fait un grand moment de cinéma. Vous assistez au choc de l’homme et de la bête, vous ressentez littéralement les choses à travers la caméra.On a utilisé très peu d’effets numériques.Il a fallu des semaines de répétitions pour arriver à quelque chose d’aussi viscéral Ce qui ajoute à la tension ce sont les moments de répits : vous vous demandez ce que l’animal va faire ensuite.Je ne crois pas avoir jamais vu quelque chose d’aussi impressionnant dans toute l’histoire du cinéma.
Ce combat de l’homme et de la nature a des résonances très actuelles…
The Revenant, c’est l’histoire de la première conquête de l’Ouest.C’était barbare, mais en réalité ça se passe de la même façon aujourd’hui, et à une plus grande échelle.Des multinationales coupent les arbres, empoisonnent les rivières, déplacent des populations entières et tuent le monde naturel.Nous pensons que nous apprenons de l’Histoire, que nous ne ferons plus les mêmes erreurs, mais c’est faux.En même temps que le film, j’ai tourné un documentaire sur le changement climatique qui m’a conduit dans divers endroits du globe. Partout, le capitalisme exploite à outrance les ressources naturelles sans se soucier du prix à payer. Il faut absolument que nous réagissions pour changer la donne. C’est le sens de mon combat pour l’écologie.