Prometheus est , avec le nouveau Batman (The Darknight Rises de Christopher Nolan), le film qu’on aurait le plus aimé voir en avant première à Cannes cette année.
Ce prequel très attendu d’Alien sera pourtant absent de la Croisette et sortira le 30 mai, une fois le Festival terminé. A défaut, les festivaliers devront se contenter de Madagascar 3, un film d’animation dont personne n’avait espéré la présence à Cannes ( A la limite, on aurait préféré L’Age de glace 4). Un film d’animation «pour enfants à partir de 3 ans » à la place d’un film d’auteur qui signe le grand retour à la SF du créateur d’Alien et de Blade Runner, deux chefs d’œuvres incontesté du genre: vous avez dit bizarre ?
Interrogé sur cette curieuse absence lors de son passage à Paris pour la promo du film, sir Ridley Scott a feint de croire que « Prometheus n’est pas un film pour Cannes » (sic). A d’autres ! Le Festival s’est largement ouvert ces dernières années au film de genre et aurait sans doute été trop heureux d’accueillir le film et son casting ultra glamour (Charlize Theron, Noomi Rapace, Michael Fassbender…) en séance spéciale.
Il faut croire que Paramount Pictures, qui distribue Madagascar, a plus d’influence à Cannes que Twentieth Century Fox qui a produit Prometheus. Ou que les enjeux financiers autour de la franchise Alien sont trop importants pour prendre le risque d’une mauvaise réception du film sur la Croisette.
Depuis le 8eme passager (1979) , la saga Alien a engrangé plusieurs centaines de millions de dollars de recettes et a marqué le genre de son empreinte indélébile. Se peut-il que Prometheus ne soit pas à la hauteur des espérances, alors qu’il est censé ouvrir une nouvelle trilogie?

Space Jockey
Le court montage (19 minutes) présenté à la presse et les bandes annonces disponibles sur Internet ne permettent pas de se faire une idée réelle de ce que sera le film. Visuellement, cela a l’air superbe (notamment grace à la 3D), mais pas aussi révolutionnaire que le furent en leur temps Blade Runner et le premier Alien. On retrouve bien l’univers techno-gothique du 8e Passager dans les premières images de Prometheus, mais rien d’aussi profondément marquant que les décors ou les créatures imaginés en 1979 par HR Giger. Ridley Scott raconte qu’il avait dû se battre pour les imposer au studio qui les trouvait « trop obscènes ». Le réalisateur Anglais, dont les derniers films (Robin des bois, Mensonges d’Etat, Une Grande année) ont un peu déçu a –t-il dû, cette fois, faire des concessions ? Il s’en défend : « Je suis comme un pitbull, je ne lâche jamais le morceau avant d’arriver à mes fins». On ne demande qu’à le croire. Mais le scénario semble également bien plus formaté «grand public» que ceux du 8e Passager ou de Blade Runner : 37 ans avant l’Odyssée du Nostromo, une équipe d’explorateurs découvre sur Terre des peintures rupestres qui semblent indiquer une origine extra terrestre de l’humanité et un chemin à suivre dans les étoiles. Cette découverte les entraîne dans un voyage fascinant jusqu’aux recoins les plus sombres de l’univers. Là-bas, un affrontement terrifiant qui décidera de l’avenir de l’humanité les attend… On croirait le synopsis du nouveau Rolland Emmerich (Stargate) !
Pour dissiper cette désagréable impression, Ridley Scott affirme que Prometheus répond aux questions posées par le premier film et auxquelles ses successeurs n’ont pas répondu (notamment sur l’origine du Space Jockey, le géant pétrifié du vaisseau extraterrestre aperçu au début du 8eme Passager) et qu’il y a des scènes vraiment effrayantes.
Moyennant quoi, on attend le 30 mai avec un mélange d’impatience et d’inquiétude. Espérons que le film lèvera tous nos doutes et ouvrira un nouveau chapitre marquant à la saga Alien.