Diagnostiqué d'un angiome cérébral, qui l'a obligé à annuler plusieurs dates de sa tournée en 2010, Nadir Kouidri, alias Ridan, revient, bonnet phrygien sur la tête et drapeau bleu blanc rouge brandi en étendard pour Madame la République: un album de chansons engageantes, dans lesquelles il écorne le FN ( "Ah les salauds!"), dit leur fait aux banquiers ("Ali Baba et les 40 valeurs") , fustige la classe politique et les discours stigmatisants et fait appel, sans angélisme, aux valeurs républicaines et à l'esprit des lumière, pour des lendemains qui (re)chantent. Un disque citoyen, vendu au prix équitable de 8,90€ à la veille des élections, pour secouer une campagne atone et défendre les valeurs qui sont le siennes...



Qu'est ce qui vous a conduit à couper les ponts avec votre ancienne maison de disques pour autoproduire cet album ?

Mes problèmes de santé m'ont obligé à reconsidérer sérieusement la manière dont je vivais et dont j'exerçais mon métier. Vivre avec une épée de Damoclès au dessus de la tête, en risquant à tout instant une hémorragie cérébrale vous pousse a remettre en question pas mal de choses. Cela correspondait aussi à un ras le bol général vis à vis du business de la musique et du discours politique stigmatisant de la présidence Sarkozy. Je trouvais que je m'étais un peu éloigné de ma démarche initiale, qui était de défendre mes convictions dans mon travail. J'ai voulu faire effectivement un disque de rupture et pour cela il était logique de casser avec l'ancien système. J'ai donc dit bye bye à ma maison de disques et j'ai cherché le moyen de produire moi même cet album dont je savais qu'il serait sans concession.



Il est donc possible de vendre un CD moins cher qu'un fichier téléchargé?

La preuve. Il suffit de supprimer quelques intermédiaires. Je ne pouvais pas écrire ce que j'étais entrain d'écrire et vendre ce disque au même prix que celui de Madonna. Il faut être cohérent dans sa démarche. Je ne suis pas un outil de productivité, je veux faire de la musique équitable.



Chanter à la Bastille avec Mélanchon, c'était aussi cohérent?

Je trouve. Je pourrai aussi bien soutenir le NPA ou Lutte Ouvrière, mais ce qui m'intéresse vraiment dans Mélanchon c'est l'homme. Dans cette campagne terne et monocorde , il a mis un peu d'humain et de fond sur la forme. Qui d'autre s'intéresse vraiment aux millions de français qui vivent dans la pauvreté?



Pourtant, vous refusez l'étiquette de chanteur engagé

L'engagement est au coeur de la création. Chanteur engagé , c'est presqu'un pléonasme. Mais c'est vrai que j'ai du mal avec les étiquettes. Disons plutôt que j'essaie de faire des chansons engageantes...



Pensez vous que la chanson réaliste soit aujourd'hui le meilleur vecteur pour faire entendre ces idées? Le rap ne serait-il pas plus indiqué?

J'ai produit pas mal de rap à mes débuts, mais je trouve que le rap français a mal tourné. Au fond, ce qui m'a toujours intéressé c'est le verbe, le poids des mots. J'ai été bercé par Brassens, Reggiani et Brel. Ca m'est resté et je me sens parfaitement à l'aise dans cette forme de chanson. J'aurais pu faire du slam, il y a d'ailleurs deux textes parlés dans l'album, mais ce n'est que le mot branché pour poésie. Je suis aussi sensible à la musique qu'au verbe, c'est pourquoi la chanson me convient bien.



Portez-vous bien

Mais oui, ne vous inquiétez pas : ça ira, ça ira ! (rires)