Écrire qu’on ne l’attendait plus relève du doux euphémisme. Après une décennie flinguée entre drogue, alcool, dépravation et impasse artistique, à faire passer Amy Winehouse pour Sœur Sourire, Courtney Love avait fini par n’être plus que de la chair à tabloïds.
Mauvaise épouse (on lui reproche encore, seize ans après, la mort de Kurt Cobain), mauvaise mère (la garde de sa fille Frances lui a été retirée par deux fois), mauvaise actrice (après sa pourtant remarquable prestation dans Larry Flint, Hollywood n’en a plus voulu) et mauvaise chanteuse (l’épouvantable American Sweetheart en 2004), la diva punk semblait avoir cramé toutes ses cartouches.
Et voila que dans la grande tradition de rédemption américaine, le phœnix semble vouloir renaître de ses cendres.Le nouveau disque, Nobody’s Daughter, est bon et Courtney Love est assez clean pour en assurer la promotion. Histoire d’une renaissance...
Groupe-pseudo ou pseudo-groupe?
Six ans après l’échec d’American Sweatheart, un disque qu’elle avoue elle-même n’avoir jamais aimé, Courtney Love a décidé de se (re) produire sous le nom de son ancien groupe Hole, avec lequel elle a enregistré ses meilleurs albums : Pretty on the inside (1991), Live through this (1997) et Celebrity Skin (1998).
Un pseudo plus qu’un groupe, puisque les membres originels, Melissa Auf Der Mauer et Eric Erlandson, ont été délibérément écartés de ce nouveau projet, au profit de jeunes musiciens anglais, dont le guitariste Micko Larkin, qui signe quelques interventions assez tranchantes.
Le disque a failli ne pas voir le jour à cause d’un contentieux (apparemment toujours pendant) avec son vieux complice Billy Corgan des Smashing Pumkins, qui a écrit quatre chansons. Les autres sont signées ou co-signées par Linda Perry, faiseuse de tubes souvent décriée mais efficace (Cristina Aguilera, Aerosmith…). Courtney y retrouve la gouaille punk de ses débuts, notamment sur le single « Skinny Little Bitch » que les radios indés américaines diffusent en boucle et sur le doublement autobiographique « Nobody ‘s Daughter » qui donne son titre à l’album.
Le reste est dans une veine plus « californienne », mais suffisamment énervée pour rappeler ce que le chant de Kurt Cobain devait à sa chère et pas tendre. Au final, Nobody’s Daughter est probablement le meilleur album de Courtney Love.
On ne peut donc que souhaiter qu’elle reste clean assez longtemps pour pouvoir venir le défendre sur scène de ce côté ci de l’Atlantique. Voire carrément sur la Côte d’Azur, que Courtney semble affectionner particulièrement.Même si elle confond encore, dans ses interviews, Saint Paul de Vence et Miraval, où ses amis Brad et Angie l’ont hébergée quand elle était au fond du trou...