Comment expliquer que le nouveau Tim Burton, malgré les féeries qu’il déploie, nous laisse, au bout du compte, étrangement insatisfaits?
Peut-être le réalisateur d' "Edward aux mains d'Argent" et de "Charlie et la Chocolaterie" a-t-il trop attendu pour réaliser son Alice ? Après "Harry Potter", "Le Monde de Narnia" et "L’Histoire sans fin", qui recyclaient déjà à leur façon l’univers de Lewis Carroll (sans compter les multiples adaptations du roman), on a l’impression d’avoir déjà tout vu du « pays des merveilles ».
Certes, l’univers visuel proposé par Tim Burton est incroyablement riche et foisonnant, grâce notamment au mélange de diverses techniques d’animation et d'effets spéciaux, mais il y manque l’émerveillement, la fraîcheur et la poésie de ses films les plus réussis (tous ne le sont pas, voir "La planète des singes").
On apprécie la prouesse technique et artistique, mais l’histoire, qui a pourtant le mérite de renouveler le mythe d’Alice, s’encombre de trop de développements Disney (le film marque le retour de Tim Burton dans le giron du studio où il a débuté sa carrière) : poursuites, batailles, dragon...
Argument de vente majeur du film, Johnny Depp ne fait que recycler les grimaces de Jack Sparrow (Pirates des Caraïbes) en costume de clown. Sa prestation inquiète : a-t-il décidé de ne plus jouer que dans des films pour (grands) enfants ? Mia Wasikowska, qui joue Alice, avec un air buté de princesse punk, est plus à son avantage : c’est d’elle dont on se souviendra avec l’hydrocéphale Reine Rouge coupeuse de têtes (Helena Bonham Carter), de loin la meilleure création du film.
Après le traitement qu’il fait subir à Batman, on espérait le Alice de Tim Burton plus psychédélique, plus barré, plus noir peut-être. À la place, on a un mélange de "Narnia" et de "Monstres et Cie" : un film qui court deux lapins à la fois (le public de Disney et celui de Burton), au risque de manquer les deux.
C’est largement au-dessus de la moyenne des sorties annuelles,certes, mais en dessous de ce qu’on pouvait attendre du prochain président du Festival de Cannes.
Sign-in to write a comment.