Evidemment, ce n’est ni Le Pianiste, ni La Liste de Schindler et il y a même un petit côté "Les Choristes au Vel d'Hiv"'. Mais pour son deuxième long-métrage, la journaliste et scénariste Rose Bosch réussit à trouver le juste équilibre entre exigences cinématographiques, reconstitution historique et devoir de mémoire.
Filmé du point de vue des enfants (qui représentaient le quart des raflés), le film aurait pu être insoutenable, larmoyant et/ou manichéen. Ce n’est pas le cas. Sans jamais dédouaner l’administration française de son énorme responsabilité (c’est elle qui a insisté pour que les enfants soient arrêtés avec leurs parents, afin de ne pas avoir à les prendre en charge et de « faire du chiffre », alors que les Allemands n’en voulaient pas), Rose Bosch réussit à montrer comment beaucoup de parisiens ont essayé de prévenir et d’aider leurs voisins. Près de 10 000 personnes (près d’une sur deux) ont ainsi pu échapper à la rafle.
Le film se concentre sur quelques personnages clés ayant tous existé : le médecin juif (incarné par un Jean Reno remarquablement sobre), l’infirmière Annette Monod (Mélanie Laurent) qui a été une des rares à témoigner et la famille de Schmuel Weisman (Gad Elmaleh, également remarquable de sobriété et de justesse dans un premier rôle dramatique), un jeune père de famille juif polonais immigré à Paris avec sa femme et ses enfants, dont le fils Joseph (Hugo Leverdez) sera l’un des rares survivants. La reconstitution du Vel d’Hiv’ est impressionnante, celle du Paris de l’occupation très réussie également. Mais on est particulièrement bluffé par l’audace de la réalisatrice qui n’hésite pas à mettre en scène les protagonistes historiques de l’affaire (Pétain, Laval, Bousquet, Hitler). Ce qui donne, à l’arrivée, un film non seulement utile mais aussi très... «juste ».