A défaut de César de la meilleure comédie (un temps évoqué mais finalement pas créé) et de prix pour celles qui étaient en compétition en nombre inhabituel , la 35e Nuit des César du cinéma français, a fait une large place à l’humour , avec un duo d’animateurs particulièrement en verve et des remettants inspirés qui ont fait le maximum pour faire oublier la longueur et la répétitivité de l’exercice.
Introduits sur un air de mambo et plaçant la cérémonie « sous le signe du couple, de l’amour de la sexualité » (sic) , Valérie Lemercier et Gad Elmaleh ont beaucoup fait rire, y compris sur le mode grinçant avec un sketch sur l’identité française en forme de parodie du Petit Nicolas.
Coté palmarès, les favoris sont, pour une fois, au rendez-vous à commencer par Un Prophète. Nommé dans treize catégories (un record), le film de Jacques Audiard a récolté 9 César dont ceux du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario, du meilleur montage, du meilleur décor et de la meilleure photo. Le jeune Tahar Rahim, dont c’est le premier rôle , a reçu le César du meilleur espoir masculin qui lui était promis depuis la présentation du film en compétition à Cannes , mais aussi celui du meilleur acteur ce qui est une première dans l’histoire des César. Son partenaire Niels Arestrup reçoit le César du meilleur acteur dans un second rôle, qui lui était également promis pour son extraordinaire composition en caïd Corse.
Cette avalanche de prix récompense sans conteste le plus grand film français de l’année 2009 (déjà Prix du jury à Cannes et sélectionné pour l’oscar du meilleur film étranger) et consacre son réalisateur Jacques Audiard, fils de Michel Audiard, comme un nouveau grand du cinéma français.
Mais ce succès « à la Seraphine » (lauréat de l’année dernière) occulte, hélas, un peu les autres films d’une sélection, pourtant particulièrement relevée cette année. On pense notamment à A l’origine de Xavier Giannoli , déjà oublié à Cannes, qui ne reçoit qu’un César (meilleure actrice dans un second rôle pour Emmanuelle Devos) et à Welcome de Philippe Lioret qui repart bredouille.
Isabelle Adjani, par contre, décroche, comme on s’y attendait , le César de la meilleure actrice (le cinquième de sa carrière), avec La Journée de la jupe, où elle joue une prof en bute à la violence de ses élèves. En larmes, elle a remercié le public qui a sauvé , a-t-elle dit, « un film dont personne ne voulait ». Enfin Gran Torino est sacré meilleur film étranger, ce qui ne surprend pas non plus, Clint Eastwood étant un des chouchous de l’Académie . C'est son fils Kyle qui est venu chercher sa troisième statuette. Harrison Ford, autre « ami Américain » , déjà honoré en septembre à Deauville , a, pour sa part, reçu un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière des mains de sa partenaire de Working Girl, Sigourney Weaver, venue sans son Avatar.