En faisant de Sherlock Holmes un super-héros comme les autres, et en lui prêtant le physique avantageux de Robert Downey Jr, (qui incarne déjà Iron Man), le réalisateur Anglais Guy Ritchie dépoussière sérieusement le mythe Sherlock, au risque de choquer les puristes.
Jusqu’à présent, en effet, que ce soit au cinéma ou à la télévision, Holmes a toujours été représenté comme un intellectuel plutôt que comme un homme d’action. Ses enquêtes se menaient à la loupe et à un train de sénateur, pas en enchainant les poursuites, les bagarres et les gunfights. L’ex-Mari de Madonna n’est pourtant pas le premier réalisateur à se frotter au héros de Conan Doyle. Sherlock Holmes est même le héros qui a été le plus souvent porté à l’écran dans toute l’histoire du cinéma!
Depuis les débuts du muet, 260 films lui ont été consacrés et on ne compte plus les dramatiques et les séries TV dont il est le héros. Le premier film où apparaît Sherlock date de 1900 (Sherlock Holmes Baffled). Le premier acteur à l’avoir interprété de façon récurrente (8 films) fut le danois Viggo Larsen. En 1929, Clive Brook impose, dans The Return of Sherlock Holmes, la figure d’un Sherlock d’âge mur fumant la pipe qui fera florès. Mais c’est Basil Rathbone qui détient le record d’interprétation de Sherlock avec pas moins de quinze films tournés entre 1939 et 1953. Par la suite, Peter Cushing (3 fois Sherlock entre 1959 et 1984) et Christopher Lee (5 fois Sherlock entre 1959 et 1972) marqueront le rôle de leur empreinte.

Crime de lèse Sherlock?
Toutes ces adaptations n’ont pas été, loin de là, rigoureusement fidèles aux aventures et aux personnages créés par Sir Arthur de Conan Doyle. Mais en dehors des parodies et des films X (dont l’incontournable « Des pipes pour Sherlock »), les caractéristiques physiques, psychologiques et vestimentaires qui ont fait le succès et la notoriété du personnage n’ont guère varié. Guy Ritchie aurait-il commis un crime de lèse-Sherlock en faisant du détective une sorte d’Iron Man sans armure, bagarreur, tourmenté et désinvolte et de son acolyte Watson (Jude Law), un ancien médecin militaire endurci à la guerre et toujours prêt à partir à l’aventure et à faire le coup-de-poing?
Le réalisateur de Arnaques, crimes et botanique s’en défend, jurant, au contraire, avoir respecté à la lettre les personnages décrits dans les premiers romans de Conan Doyle et avoir effectué une sorte de retour aux sources du mythe Sherlock. Si l’on en croit l’encyclopédie Sherlock Holmes (http://www.sshf.com), qui se targue de prendre ses sources « exclusivement dans les textes originaux des soixante aventures rapportées par le docteur Watson », Sherlock pratique effectivement plusieurs sports de combat (dont la boxe et le baritsu) et a une force physique « inimaginable ». Il est grand, a le visage étroit et le nez fin, s’habille souvent en débraillé et a une tendance à l’oisiveté : lorsqu’aucune affaire criminelle n’occupe son esprit, il peut passer ses journées au lit. Ce qui correspond assez bien au personnage campé par Robert Downey Jr. Idem pour le docteur Watson, décrit comme « de taille moyenne, costaud, à la mâchoire carrée », « bel homme » et « possédant un charme naturel auprès des femmes ». Jude law tout craché.Conan Doyle évoque également ses états services en Afghanistan.
Contrairement à ce que l’on pourrait donc penser hâtivement au vu du film qui sort mercredi en salles, Guy Ritchie serait donc resté relativement fidèle aux personnages originaux de la série. Pour la vraie transgression, il faudra attendre le « Sherlock Holmes project », que conduit actuellement Sacha Baron Cohen.Le héros de Borat et de Brüno en Sherlock Holmes... On craint le pire!