Inaugurée l’an dernier avec les Who (grand souvenir !), la formule des «
concerts debout » du Sporting a un peu de mal à prendre avec le public
monégasque, qui préfère visiblement celle, classique, du « dîner-concert
». C’est ainsi qu’un artiste du calibre de Peter Gabriel programmé en «
stand up » attire seulement un millier de fans, alors que son collègue Rod
Stewart, en « after diner », affiche déjà complet deux soirs de suite ce
week end.
Il est loin, néanmoins, le temps où le comble du rock ‘n’roll consistait,
lors d’un concert monégasque, à faire tournoyer sa serviette de table
au-dessus de la tête. Le succès du concert de Muse le 12 juillet dernier
au stade Louis II (20 000 spectateurs) et plus généralement celui des
concerts de rock au Sporting (on y a vu ces trois dernières années les
Who, Deep Purple, Alice Cooper, Chuck Berry et Blondie, pour ne citer
qu’eux), prouve qu’il est désormais possible de concilier la qualité de
l’accueil et de l’organisation monégasque avec un certain « esprit rock »
Lost in Monaco
Légèrement empâté, moitié chauve et barbichu, avec un look de derviche qui
rappelle plus, désormais, celui de CharlElie Couture que celui, nettement
plus rock, de Rael, le héros de The lamb lies down on Broadway,
Peter Gabriel prit la scène comme prévu à 22 h 00 pétantes, pour ne
plus la lâcher jusqu’à minuit.
Deux heures de concert parfait, avec un
répertoire composé de beaucoup de titres anciens et inédits en live,
réclamés par les fans sur son site internet.
Entouré de son bassiste historique Tony Levine et d’un groupe composé de
quatre autres musiciens et une choriste, Gabriel a revisité, en les
annonçant en français, de sa voix toujours aussi chaude et voilée, nombre
de titres oubliés de ses trois premiers albums, dont l’inaltérable
Solsbury Hill qui souleva une première fois la salle, On the Air, DIY,
Mother of Violence, Family Snapshot, Not one of us et No Self Control. Ce
dernier inspira à un des membres de l’imposant service de sécurité un raid
éclair sur un agité des premiers rangs, qui fut expulsé de devant la scène
à une vitesse supersonique.
Hormis ce bref et léger incident, la soirée fut, comme souvent au
Sporting, idyllique.
L’artiste octroya même deux rappels (Sledgehammer, In your Eyes) pour
finir sur un Biko mémorable qui fit lever le poing à toute la salle.
Vision surréaliste : aurions nous été soudain téléportés du
Sporting aux ghettos de Johannesburg ?
Une coupe de Champagne à 17 euros, servie
sur l’un des deux bars de fortune dressés près des baies vitrées
pour éviter aux habitués une soudaine crise de manque, me fit
rapidement redescendre sur terre: nous étions bien toujours à Monaco !