Voilà une pure fiction que j'ai écrite suite à la participation à un atelier d'écriture dont le thême était : les émotions ressenties après avoir respiré l'essence d'un parfum inconnu.

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L'action se déroule dans mon petit immeuble, un logement HLM à l'apparence tranquille dans un quartier tout simple où les histoires de famille ne se propagent pas au delà des paliers. En me réveillant ce matin là, j'avais un de ces maux de tête, je vous dis pas ... le nez bouché, des sueurs froides et une bonne fièvre qui me faisait transpirer à grosses gouttes. J'étais emmitouflé dans ma couette et je finissais mon jus d'orange après avoir pris un grog. Malgré moi, je savais que j'avais du rangement à faire et les poubelles à sortir. Après m'être ressaisi, je me décidais enfin à me lever pour en finir avec cette corvée.

En remontant chez moi, et malgré mon nez bouché, les escaliers laissaient dégager une odeur inhabituelle que je ne reconnaissais pas. Je ne sais quoi ... une essence non familière qui me saisissait et arrivait à me dégager les narines. Et moi, je me faisais un devoir de mener l'enquête pour découvrir le coupable, pistant ce fameux fumet en humant à tout vent à chaque niveau de palier. Le résultat de mes investigations m'avait conduit à soupçonner mes voisins du dessus. Dans cette appartement vivait un couple disparate. Lui, un ancien routier sympa qui nous enivrait avec son déodorant bon marché et elle, sa chère poule, une cocotte de luxe qui nous embaumait les couloirs, tard le soir, quand elle rentrait du tapin.
A la loge de la concierge, cette dernière avait tôt fait de me mettre au parfum. Malgré sa voie nasillarde, elle m'a alors raconté des histoires fumantes les concernant. Des remarques puis de nombreuses plaintes ont été déposées pour manque d'hygiène et tapage nocturne. Des locataires qui ne nous laissaient vraiment pas indifférent. Et puis, nombre de mes voisins ne pouvaient plus les piffrer.

J'avais réussi à me décider à leur faire une bonne remontrance. En remontant à la source, j'arrivais ainsi devant la porte de leur palier, et là, une forte odeur d'urine m'envahit ... Malgré mon nez bouché, mon flair ne m'avait donc pas trahi. Retenant ma respiration, j'essayais d'entendre le moindre bruit à leur porte mais aucun son ne transpirait ... J'étais au bord de l'asphyxie mais je n'osais pas frapper à leur porte. N'écoutant alors que mon courage, je suis redescendu quatre à quatre en bas, à la loge, pour porter plainte. Après avoir gueulé un bon coup contre ma concierge, celle-ci m'a dit que si je voulais que ça aboutisse, il fallait déposer une plainte écrite contre eux. Leur chat, lui, était coupable de venir uriner un peu partout et en particulier sur les parterres de fleurs. Moi, trouillard comme pas deux, je ne la sentais pas cette plainte car je ne voulais pas me brouiller avec qui que se soit. Enfin bref, tout penaud, je suis retourné me réfugier chez moi bien au chaud.

Malgré que le salon soit surchauffé, j'avais toujours ces maudits frissons. Je crois bien que je couvais vraiment une mauvaise grippe ... J'avais envie aussi de me retrouver et d'oublier, un temps, les soucis du quotidien. Quelques bougies parfumées, un bon grog au rhum et de la musique douce pour instaurer ainsi une atmosphère agréable dans mon salon. Mes sens étaient alors tous en éveil et moi, j'étais enfin bien ...

Deux mois plus tard, j'ai pu observer, avec un certain plaisir, l'expulsion de mes voisins du dessus. Ma concierge m'a alors informé qu'ils n'étaient plus en odeur de sainteté avec les autorités supérieures. Les jours passant, leur départ m'avait, malgré moi, laissé un goût amer. Oui, l'impression d'avoir manqué l'occasion de mieux les connaître et de tenter de les aider.

Tiens ! j'entends du bruit au dessus de chez moi ... Ce sont de nouveaux voisins qui viennent emménager.

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Je pose alors la question : As t-on les voisins que l'on mérite ou c'est le destin ?