Partons de la citation : "Croire ne plus avoir d'illusion est la plus naïve des illusions." Albert Brie, Sociologue canadien



Toute perception du réel est en fait une réalité, donc subjective et en même temps partageable. Il y a une différence entre le Réel et la Réalité, dixit J. Lacan ("Le Réel c'est ce qui résiste à l'analyse"), ou encore la réalité de la réalité (titre d'un ouvrage de P. Watzlawick, de l'école systémique), ou encore la carte et le territoire en PNL (Programme Neuro-Linguistique), et la plupart des thérapies l'ont bien mis en avant.



La réalité (en tant qu'interprétation du réel) est partageable, c'est ce qui fait les évidences culturelles, éducatives, scientifiques, économiques, etc. puisqu'on vit dans le même bain... jusqu'à ce qu'elles soient remises en question : droits des femmes (hélas pas pour toutes), fin de l'esclavage (benh oui ce ne sont pas des animaux finalement), crash de 1929 (quoi on restera pas tous riches), la Terre est ronde et non plate (on peut en faire le tour, l'Eglise nous aurait menti ?!), le bébé souffre vraiment faudrait peut être l'anesthésier avant d'ouvrir (20e siècle quand même), ouah ce voyage en Papouasie m'a ouvert les yeux sur le mode de vie d'autres de mon espèce !, les hommes aussi savent changer les couches (après avoir dépassé la peur de casser la petite chose), les femmes savent gérer un compte bancaire et peuvent donner un avis sur la politique (qui l'eut cru ?! Ça peut paraitre tout con chez nous, mais rappelez nous la situation des femmes dans le monde), les hommes sont très manipulables (expérience de Milgram sur la soumission à l'autorité, 80% des quidam en viennent à tuer leur prochain si un scientifique leur demande), etc., et c'est une réalité en même temps très subjective et personnelle d'où les malentendus humains, les conflits de générations (ah de notre temps les jeunes se seraient pas permis de faire ça, un coup de pompe dans le cul et c'était réglé), etc., et ces différences de perception avec d'autres "catégories" de personnes si facilement stigmatisées (les schizophrènes, autistes, génies, etc., qui perçoivent le réel différemment).



Toute notre vie donc n'est qu'une perception et interprétation du réel, donc construction et maintien de la réalité. Benh oui, face aux mêmes événements (accident, balade en ville, etc.), les personnes ne voient pas les mêmes choses : Tiens chérie, t'as vu la dernière berline de Renault. Ah bon où ça ?. Elle vient juste de passer, elle était juste sous ton nez // Je te dis que le sol est propre. Benh tu vois qu'il reste un peu de poussière. Mais c'est rien ça on survivra. Je ne comprends pas ta façon de penser, vous êtes bien tous/toutes les mêmes.





Il en va de même pour les scientifiques, toujours dans l'optique d'approcher le réel plutôt que la réalité, c'est le principe de la Science. Comme toujours, c'est l'étoile du Nord, jamais on ne la touchera, mais on regarde dans sa direction pour progresser, le souci étant que le scientifique est un être humain donc ayant du mal à maitriser la part culturelle et subjective de sa perception (déni de l'effet placebo pendant des années, déni de l'influence de l'esprit sur le corps humain [religion chrétienne oblige], du mal avec la prévention (quoi les fruits et légumes c'est bon pour la santé, on n'est pas obligé de prendre que des statines), bah finalement Pluton n'est pas une planète, et les médecines alternatives c'est pas si inefficace qu'on l'aurait pensé, vous êtes sûr que ça existe depuis longtemps ailleurs ?,etc.

La récente découverte, à vérifier (benh oui c'est la science faut vérifier avant de valider), de particules encore plus rapides que la lumière montre encore que l'être humain s'étonne que finalement le réel il ne l'attrape pas, il le poursuit. Et le scientifique comme le quidam s'étonne lui-même de ses découvertes (Mon Dieu c'est pas possible, on aurait jamais imaginé ça!), s'enthousiasme, et se passionne, en oubliant qu'il est à l'instant même en train de louper autre chose du réel.



Et, comme dans toute psychothérapie, c'est souvent lorsqu'une personne se trouve coincée dans sa vie, c'est à dire sa perception et interprétation de la réalité soudainement trop limitante et source de souffrances, qu'elle va voir un "psy", qui souvent lui dira de voir ses angles morts, c'est à dire ce qu'elle n'avait vu auparavant à cause justement de cette réalité que le patient pense être le réel.



Ensuite, à chaque psychothérapie, sa technique (j'en cite une par thérapie, mais chaque thérapie a beaucoup de questions à poser, parfois en commun) : Et votre Idéal du Moi (mélange de l'Idéal sociétal et familial imposé à l'individu), y avez vous réfléchi ? (psychanalyse freudienne) ; Votre père a-t-il pu vous sortir de la fusion maternelle (Nom/non du Père) ? (psychanalyse lacanienne) ; Écoutez vous les messages de votre corps sur cette situation ? (thérapie psychocorporelle) ; Avez vous conscience de la loyauté familiale (valeurs imposées de façon inconsciente par la famille) qui vous étouffe et de ses messages contradictoires (double contrainte) ? (psychothérapie systémique) ? Quelle est votre responsabilité personnelle dans cette situation ? (thérapie existentielle) ; Qu'est ce que vous entendez par "liberté" et pourquoi utiliser le mot "puisque" ? (Programmation Neuro-Linguistique) ; Avez-vous conscience de l'inconscient collectif dans votre façon de pensée ? (psychologie des profondeurs jungienne) ? ; Avez vous conscience des biais cognitifs (généralisation, personnalisation, etc.) que vous utilisez (Thérapie Cognitive et Comportementale ) ; Vous organisez vous des moments de plaisir ? Voyez vous souvent d'autres personnes agréables ? (psychologie positive) ; Quel est votre premier souvenir (reflet du sens donné à la vie par l'individu) ? (psychologie individuelle adlérienne) ; Avez vous la sensation d'une certaine maitrise de votre environnement (sentiment d'auto-efficacité) ? (psychologie socio-cognitive de Bandura) ; Êtes vous engagé dans des activités conformes à vos valeurs ? (Thérapie d'Acceptation et d'Engagement) ; Avez vous conscience que la position de votre corps reflète vos tension internes ? (Analyse bioénergétique et reichenne) ; Passez vous du temps dans la nature ? (Eco-psychologie) ? Arrivez vous à être dans le silence sans être assailli de pensées et d'émotions ? (psychologie spirituelle, mindfullness) ; Avez vous conscience de manquer d'authenticité ? (thérapie rogérienne) ; Avez vous conscience des stéréotypes culturels qui conditionnent vos réactions ? (Conscience sociologique) ; Avez-vous évalué votre ajustement créateur à l'environnement moment après moment (êtes vous créatif) ? (Gestalt-Thérapie) ; Vous percevez vous réagissant plutôt comme un Enfant, Adulte ou Parent face aux autres ? (Analyse transactionnelle), etc.



Une réalité donc construite au minimum par notre éducation (fais pas ci, fais pas ça, la vie c'est ci et ça, les gens sont comme ci et comme ça, dans la vie pour réussir, il faut faire ci et ça, les petits filles c'est plus sages, les garçons ça doit pas pleurer, pour rendre un homme/femme heureux, faut faire ci et ça, etc.), notre culture (les hommes sont comme ci, les femmes sont comme ça, les méchants c'est eux, le matérialisme c'est bien, les médicaments ça soigne, les médecins savent ce qu'ils font, les psy sont plus fous que leurs patients, l’obéissance est la base, faut respecter le patron, faut se taire quand y'a un problème, le mariage c'est ce qu'il y a de mieux, le divorce est une honte, si t'es pas père ou mère t'as raté ta vie à moins que t'es une rolex, une femme qui a du désir sexuel est une nympho, les arabes sont tous des délinquants en puissance, les jeunes ne comprennent rien à la vie, la femme à la maison c'était quand même mieux, l'optimiste est un naïf, les journaux TV montrent bien le réel, pour être un homme, un vrai, il faut..., etc.), et les conclusions de nos expériences (si j'avais su je serai pas venu [Guerre des boutons], tous des cons, tout est de ma faute ou de leur faute, les femmes/hommes sont toute-s chiant-e-s, de toute j'y arriverai jamais, le monde est dangereux mes parents me l'avaient dit on m'y reprendra pas deux fois, j'ai jamais de chance, je savais que j'étais nul-le, etc.).



Autant dire que c'est un peu le bazard quand qu'on ne fait plus la différence entre le réel et la réalité, qu'on oublie de nuancer et d'intégrer que la culture, les expériences et notre éducation nous fournissent certes des repères rassurants (ou fournissaient puisque la culture évolue beaucoup depuis un siècle), jusqu'à ce que des symptômes divers nous rappellent que ces repères sont toujours faux au regard du réel (angoisses, conflits, maladies psychosomatiques, dépression, etc.), encore faut-il accepter la créativité nécessaire et la remise en cause de nos considérations sur la vie et les autres, et parfois s'opposer ou s'affirmer face à ceux ou celles qui nous ont transmis ces limitations ou continuent de les imposer.





Donc, lors d'un problème, il y a toujours au moins deux obstacles, externe et interne, le facteur déclencheur et l'angle mort de notre interprétation de la réalité. Mais avons nous le désir de nous interroger et de nous engager à évoluer ?



Et vous qu'en pensez vous ?




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