J’irai user mon corps

Aux futaies cathédrales des houles maritimes
Aux atolls infinis des plages féminines
Aux archipels échevelés des bruyères arborescentes
Aux mélézins flamboyants des courbes noctambules
Aux sables sensuels des grèves humides
Aux granits perclus de micas et de molènes
Aux falaises douanières des sentes littorales

Je jetterai l’ancre

Aux camaïeux nacrés des sampangs de Palau
Aux perles des lambis des pêcheurs indigènes
Aux sources incandescentes des volcans marins
Aux lassos des courants des mondes engloutis
Aux cascades vrombissantes des jungles infernales
Aux forêts immergées des crues de l’Amazone
Aux filaments d’usnée des brumes de l’avenir des fleuves
Aux jardins d’Eden des flots de laminaires
Aux estrans suspendus des golfes sans retour
Aux marées inlassables des heures d’équinoxe
Aux rochers secrets des sirènes absentes
Aux anses sylvestres des jours sans lune
Aux mornes désertiques des goélettes lointaines
Aux ports d’attache des lianes aigue-marine
Aux marais chavirant sous les cris du pivert
Mais demain… Demain !
Vivre ! Vivre…

Aux talwegs lisses des courbes de tes jours
Aux rives ambrées de tes jardins de senteurs
Aux moiteurs haletantes de tes nuits fécondées
Aux houles de froment de tes moissons de juillet
Aux chênaies gourmandes des langues déliées
Aux rivages d’écume de tes îles parfumées
Aux berges des frissons des balatas en fleurs