Au soir, sur les taches de lumière entre tes seins,

Hier et demain s'approchent de moi.

J'ai été créé ainsi qu'il convient au poème d'exister...

La nuit naît sous ta couverture et l'ombre est perplexe ici et là-bas.

Entre tes rives et les mots qui nous ont ramenés à leur timbre :

"J'ai posé ma main droite sur sa chevelure,

Ma gauche sur les faons jumeaux d'une biche

Et nous avons marché vers notre nuit particulière...."

Es-tu réellement là ?

Suis-je plutôt un amant précédent venu aux nouvelles de son passé ?

Dors sur ton âme paisible entre les fleurs des draps.

Dors, une main posée sur ma poirine

Et l'autre sur le duvet qui poussera aux petits des mouettes.

Dors ainsi qu'il convient au jardin alentour, de dormir...

Nous nous sommes emplis d'un hier,

Emplis de l'obsession d'une guitare qui n'a pas de lit.

Oh cette...jeune métisse qui a suivi son ombre.

Cette...passion qui déchire les pétales de roses épars autour de l'enclos.

Dors sur ma respiration, souffle second,

avant qu'hier n'ouvre ma fenêtre sus ses deux battants.

Je n'ai pas d'oiseau national ni d'arbres nationaux ni de fleur dans le jardin de ton exil

Mais - et mon vin voyage avec moi -

Je partagerai avec toi hier et demain.

Sans toi, sans la bruine qui scintille dans les taches de lumière

entre tes seins, ma langue aura dévié de sa féminité.

Ô combien, moi et ta mère la poésie et tes deux petits,

Nous sommeillons sur les faons jumeaux d'une biche !



Mahmoud DARWICH (Le lit de l'étrangère)