PAROLE DE CHAT

Je ne supporte pas qu'on parle de moi sans mon accord ! Il y a quelques jours Mylène dans un de ses billets supposés être drôles me traitait de raciste sous prétexte que je n'aime pas ce petit profiteur de Boubou.Je ne l'aime pas, c'est vrai, mais pas du tout parce qu'il est roux. Qu'est -ce que vous voulez que ça me fasse qu'il soit roux ? Il a bien le droit d'être moche. Mais c'est la façon dont il s'est imposé chez moi qui ne me plait pas.

D'accord il avait faim : il n'y avait qu'à regarder dans quel état il était. Mais pourquoi ne voulait-il pas aller chez Claudine, la voisine qui avait déjà sorti pour lui une gamelle ? Non. Ce qu'il voulait, c'était se faire remarquer par Mylène : la bouffe, il ne crachait pas dessus. Mais il lui fallait bien plus que ça : une maison confortable et surtout le genre de bonne femme qui vous gave de mots doux, de caresses, de baisers. Et vous savez ce qu'il a trouvé, ce petit malin ? Il l'embrasse sur la bouche ! et ça, ça l'épate, elle. Je n'ai jamais rien fait de pareil et ce n'est pas demain que je commencerai. Pouah !

En tout cas je n'admets pas qu'il prenne autant de place. Alors j'ai trouvé un moyen : je ne la quitte pas. Partout où elle va dans la maison, je la suis et même si n' n'ai pas vu où elle allait, je finis bien par la trouver. Mais mon chef d'oeuvre, c'est la nuit ! J'ai mis du temps à trouver la bonne technique : au début, il se débrouillait pour s'installer lui aussi sur le lit et prendre ses aises. mais c'est fini. Je prends tellement de place qu'il n'y en plus pour lui et surtout j'ai fini par l'impressionner en lui laissant croire que je ne peux passer la nuit sans elle. La vérité c'est surtout que je ne veux pas que lui la passe avec elle !

Pourquoi faudrait-il que je partage ? J'étais là avant cet horrible rouquin : on dirait un renard ! Le plus bizarre, c'est que de temps en temps il me lance un petit coup de patte quand je déambule devant lui. Mais ça ne va pas plus loin : il me doit le respect et il le sait bien.Finalement, ça m'amuse assez que ce petit avorton reconnaisse mon autorité et me respecte. Quelquefois je me demande si je ne m'ennuierais pas s'il fichait le camp !

Mais je ne me fais pas trop d'illusions : la place est bonne, il ne lâcherait jamais le morceau.