A l’aube de ces matins clairs
Au crépuscule de ces nuits lentes
Je lève haut mon verre
A la fin brutale d’un monde
A la disparition des ombres.



Les sens sont devenus souvenirs
Puis fantômes sous la lumière
Implacable et crue du jour qui naît ;
Les rêves étoilés se sont effilochés
Il se sont envolés. Ils sont morts.



Et cette horloge, cette folle horloge
Qui tout à l’heure encore
Prenait les minutes pour des secondes
Et dont chaque battement maintenant
Semble vouloir durer des heures.



Je voudrais hurler sur le jour qui vient
Et maudire la terre, le soleil, tous ceux
Qui laissent la Lune à nouveau disparaître
Aucun d’entre eux ne sait comme moi
Que chaque au revoir est le dernier.



Et cette horloge, cette fatale horloge
Qui de son œil vide d’automate
Regarde la nuit s’enfuir sans rien faire,
Qui se moque de moi, de ma douleur
Et des mes mains incapables de la retenir.



Que ne puis-je lui arracher ses aiguilles d’acier
Pour les enfoncer dans son orbite de verre !
Que ne puis-je lui ouvrir son cœur d’airain
Pour en disperser les minutieux organes !
Nous serions ainsi deux à pleurer en silence
Ce qui s’achève à nouveau,
Ce qui meurt sans cesse.