Les soussignés, membres de l’Académie des Sciences,

Convaincus que l’adoption de la langue auxiliaire Espéranto dans les relations internationales aurait des conséquences d’une immense portée au point de vue du progrès des sciences et de leurs applications ; qu’elle permettrait d’étendre le rayonnement de la science française au dehors et, par là, l’influence intellectuelle de notre pays,


Convaincus que l’adoption de la langue auxiliaire Espéranto dans les relations internationales aurait des conséquences d’une immense portée au point de vue du progrès des sciences et de leurs applications ; qu’elle permettrait d’étendre le rayonnement de la science française au dehors et, par là, l’influence intellectuelle de notre pays,

émettent le voeu :

1° que l’enseignement de cette langue, chef-d’oeuvre de logique et de simplicité, soit introduit, au moins à titre facultatif, dans les programmes officiels des classes de sciences de tous les établissements d’instruction ;

2° que, dans les congrès internationaux, elle soit adoptée comme langue officielle au même titre que les langues nationales, jusqu’au moment où l’expérience confirmera qu’elle est apte à en devenir la seule langue officielle ;

3° que l’attention des directeurs des maisons d’éditions scientifiques ou techniques soit appelée sur l’intérêt que présenterait pour eux l’usage de cette langue, dans leurs publications destinées à l’étranger ;

4° que, dès maintenant, les savants et les techniciens se mettent en mesure de s’en servir dans leurs relations avec leurs collègues étrangers, et leur fassent ensuite connaître qu’ils sont prêts à en faire usage ;

5° qu’une Commission soit nommée pour préparer et élaborer des Vocabulaires des sciences pures en Esperanto, et que les Sociétés techniques soient invitées à faire de même en ce qui concerne leur spécialité.

Signataires de ce voeu à la date du 1er juin 1924 :

Membres de l'Académie des sciences signataires du voeu à la date du 1er juin 1924 en faveur de l’adoption de la langue auxiliaire Espéranto dans les relations internationales :

1. ALBERT 1er (Honoré Charles Grimaldi, prince de Monaco), océanographe, paléontologue, géographe, président de la Section d’Océanographie de l’Union Internationale de Géodésie et Géophysique, fondateur de l'Institut océanographique de Paris.

2. APPELL (Paul), mathématicien, recteur de l’Université de Paris, scientifique engagé.

3. ARSONVAL (Arsène d’), médecin, physicien, inventeur, professeur au Collège de France, membre aussi de l’Académie de Médecine.

4. BAZY (Dr Pierre), chirurgien et urologue, membre aussi de l’Académie de Médecine

5. BERTHELOT (Daniel), membre aussi de l’Académie de Médecine et de l’Institut Métapsychique International (IMI).

6. BIGOURDAN (Guillaume), astronome de l’Observatoire de Paris, Président de la Commission Internationale de l’Heure.

7. BONAPARTE (Prince Roland), géographe, botaniste et grand voyageur.

8. BONNIER (Gaston), professeur de Botanique à la Sorbonne.

9. BOREL (Émile), directeur Scientifique de l’École Normale Supérieure.

10. BOURGEOIS ( Général Robert), sénateur, Directeur du Service Géographique de l’Armée.

11. BRANLY (Professeur Édouard), physicien et médecin, précurseur de la radio, Prix Osiris de l'Institut de France 1903.

12. BRETON (Jules-Louis), inventeur, directeur de l'Office national des recherches scientifiques et industrielles et des inventions (ONRS aujourd'hui CNRS), réformateur, député du Cher, ministre en 1916-1917 puis en 1920-1921.

13. BROGLIE (Duc Maurice de), médaille Hugues 1928 pour ses travaux sur les rayons X, titulaire de la chaire de physique générale et expérimentale au Collège de France.

14. CHARCOT (Dr Jean-Baptiste), médecin, officier de marine, océanographe, explorateur des régions polaires.

15. CARPENTIER (Jules), ingénieur, polytechnicien, auteur de nombreuses inventions en télégraphie, optique, photographie, cinématographie, acoustique, instruments de mesures, membre du Bureau des Longitudes.

16. CHARPY (Georges Augustin), Directeur Général de la Société des Forges et Aciéries de la Marine.

17. COSTANTIN (Julien-Noël), professeur de Botanique au Muséum d’Histoire Naturelle.

18. COTTON (Aimé), Professeur de l’Académie de Paris, inventeur, auteur de recherches sur les champs magnétiques.

19. DESGREZ (Dr Henri), médecin, chimiste, biologiste, membre aussi de l’Académie de Médecine et de diverses sociétés scientifiques.

20. DESLANDRES (Henri), astronome, directeur de l’Observatoire d’Astronomie Physique de Meudon, président de l'Académie des sciences 1920. 21. FERRIÉ (Général Gustave), de l’Académie des Sciences, ingénieur, pionnier de la radiodiffusion et de la radiocommunication.

22. FOURNIER (Vice-Amiral François-Ernest), ingénieur du génie maritime, président de la Société d’Océanographie de France.

23. GENTIL (Louis), géographe, géologue et minéralogiste, explorateur, Professeur de Géologie à la Sorbonne.

24. HALLER (Albin), Professeur de Chimie à la Sorbonne, membre aussi de l'Académie de Médecine et de l'Académie d'Agriculture..

25. JANET (Paul), Directeur du Laboratoire Central d’Électricité, Président de la Société Française de Physique.

26. LALLEMAND (Charles), Inspecteur Général des Mines, membre du Bureau des Longiitudes, directeur du Service de nivellement de la France. 27. LAUBEUF (Maxime), Ingénieur du Génie maritime, un des pères des submersibles premiers modernes.

28. LEBESGUE (Henri-Léon), mathématicien, professeur à la Sorbonne puis au Collège de France.

29. LEBLANC (Maurice), ingénieur, industriel, président de la Commission électrotechnique internationale, concepteur d'appareils électriques et hydrauliques.

30. LECOMTE (Henri), botaniste et agronome, professeur au Muséum national d'histoire naturelle; missions scientifiques dans divers pays.

31. LECORNU (Léon), ingénieur, inspecteur général des Mines, professeur à l’École Polytechnique.

32. LINDET (Léon), chimiste, agronome, professeur à l’Institut Agronomique, membre de l'Académie d'Agriculture.

33. LUMIÈRE (Louis), physicien, pionnier, avec son frère Auguste, de la photographie et du cinématographe.

34. MARCHAL (Paul) , biologiste, zoologiste, entomologiste, professeur de zoologie à l'Institut national agronomique.

35. MESNAGER (Augustin), directeur des laboratoires de l'École des Ponts et Chaussées, professeur à l'École des Arts et Métiers.

36. PAINLEVÉ (Paul), mathématicien, spécialiste de l'aéronautique, professeur à la faculté des sciences de Paris et à l’École polytechnique.

37. PERRIN (Jean), physicien, prix Nobel de physique en 1926; créateur du Palais de la Découverte en 1937, il établit, en 1938, les fondements du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS).

38. RICHET (Dr Charles), Professeur de la Faculté de Médecine, Membre de l’Académie de Médecine, Prix Nobel de médecine en 1913. 39. SCHLOESING (Alphonse Théophile), Professeur de Chimie et Directeur de l’École d’Application des Manufactures.

40. SEBERT (Général Hippolyte), co-fondateur de l’Institut Bibliographique de Bruxelles, président de diverses sociétés scientifiques.
41.
VINCENT (Dr Hyacinthe), professeur d’Épidémiologie au Collège de France, membre aussi de l'Académie des sciences.
42.
WIDAL (Dr Fernand), médecin et bactériologiste, professeur à la Faculté de Médecine, membre de l’Académie de Médecine.

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REMARQUES : Concernant l’article 2, l’aptitude de l’espéranto à devenir la langue officielle est démontrée depuis longtemps, entre autres par son utilisation comme langue officielle par l’Académie Internationale des Sciences de Saint-Marin (AIS) fondée en 1983

Voir aussi avec le moteur de recherches DMOZ —> "Scienco".

Maintes applications avaient déjà été développées auparavant dans la communication scientifique et technique, entre autres à l’occasion de l’Exposition Internationale des Arts et des Techniques dans la Vie Moderne à Paris en 1937. Il existe un compte-rendu très ample sur la conférence "L’espéranto dans la vie moderne" qui se tint dans ce cadre.

L’Occident est resté sourd aux appels en faveur de l’espéranto dans les sciences et les techniques lancés aussi depuis l’Asie Orientale : 85 savants japonais en 1950, 20 professeurs d’universités chinoises en 1951, qui avaient pu constater que l’espéranto convient et s’utilise fort bien pour cette application.

Faka literaturo pri ĝenerala naturscienco kaj terminologio, Budapest. (Littérature spécialisée sur les sciences naturelles et la terminologie)

A noter que la première description des courants-jets fut effectuée par un météorologue japonais de l'Observatoire d'Aérologie de Tateno, Oishi Wasaburo, dans un rapport en espéranto. Il fut directeur général de l'Institut Japonais d'Espéranto Japana Esperanto-Instituto (JEI) en 1930.
Un autre scientifique japonais,
Fujio Egami (1910-1982), fameux biochimiste, fut deux fois président de JEI, en 1967 et 1977. Il apprit l'espéranto comme étudiant, à l'âge de 18 ans. “La serĉado de la vivo“ (La recherche de la vie), que publia JEI en 1971, est la traduction d'un de ses ouvrages paru en japonais.