La Covid19 n'arrête pas l'espéranto

La pandémie a engendré des annulations d'événement traditionnels tels que les congrès mondiaux d'espéranto : ceux de Montréal ou de Kragujevac (Serbie), ce qui n'est arrivé que lors des deux Guerres mondiales. Mais une parade a été vite trouvée grâce aux systèmes de téléconférence.

Certes, inversement, l'espéranto n'arrête pas la Covid-19, mais il permet une plus grande accessibilité à des applications pratiques sans frontières et aux échanges intellectuels internationaux, ce qui avait déjà été constaté par la Conférence Générale de l'Unesco à Montevido en 1954 puis confirmé en 1985 à Sofia. “UNESKO-Kuriero“ paraît depuis 2017 grâce à une initiative généreuse venue de Chine.

Professeur d'anglais en retraite, Jasuo HORI se sent plus à l'aise pour communiquer en espéranto que dans la langue qu'il a enseignée au Japon. Lors d'une tournée de conférences en France, il s'était arrêté à La Roche-sur-Yon pour faire le point sur la catastrophe de Fukushima et le tsunami. Il a récemment publié un document de 7 pages intitulé “Korona epidemio atakas virinojn“ (L'épidémie de Coronavirus attaque les femmes). En effet, son apparition a entraîné un taux inhabituel et inquiétant de suicides chez les femmes japonaises.

L'émergence de l'espéranto, la plus logique des langues vivantes, parfois comparé aux logiciels libres, à un "Linux des langues", doit beaucoup aux techniques modernes de communication. Sans elles, il appartiendrait au passé.

Les chercheurs de Google furent surpris par la qualité de traduction obtenue avec l'espéranto lorsqu'il est devenu la 64e langue traitée par Translate Google alors que la quantité de données qui pouvaient alimenter le système en espéranto était à l'époque nettement moindre que celle de langues de grande diffusion. Ces observations avaient été publiées en février 2012 dans un article en anglais mais intitulé en espéranto “Tutmonda helplingvo por ĉiuj homoj“ (Une langue auxiliaire mondiale pour tous les humains) signé par Thorsten Brants, l'un des chercheurs de Google.

Les nuages n'empêchent pas l'étoile de l'espéranto de briller

De même que des nuages sombres et épais masqueront les météores des Géminides en ce 15 décembre, l'espéranto a été masqué durant de longues périodes par les pires régimes du XXe siècle. L'emblème de l'espéranto est une étoile verte à cinq branches qui symbolise les cinq continents comme les cinq anneaux olympiques.

La parution d'un ouvrage intitulé “La langue dangereuse“, traduit et publié en diverses langues depuis 1975 sous la forme de livre, est annoncée en français pour 2021. Elle devrait éclairer les esprits sur le silence et la censure qui ont entouré cette langue à propos de laquelle les professeurs Umberto Eco (sur France-Culture le 4 novembre 1992), et Claude Hagège ont pu affirmer que les obstacles qui se sont dressés devant elle étaient d'ordre politique et non linguistiques.

Une langue destinée à promouvoir la liberté, l'égalité et la fraternité, des relations constructives avec la paix en prolongation, ce dont l'humanité a aujourd'hui le besoin le plus urgent, n'était en effet pas bien vue par les régimes parmi les plus crapuleux de l'histoire de l'humanité, y compris dans le pays dit des Droits de l'Homme.

En effet, voici un siècle, les gouvernements français et britannique avaient fait barrage à une proposition déposée à la Société des Nations par quatorze pays dont neuf extra-européens afin que l'espéranto puisse être enseigné comme première langue étrangère dans toutes les écoles du monde. Ce n'est que vers 2010, grâce à l'informatique, que le contenu du rapport émis en septembre 1922 en anglais et en français par le secrétariat général de la SDN est devenu accessible au grand public :

• L'espéranto comme langue auxiliaire internationale
vortareto.free.fr/argumentaire/sdn/sdn_index.htm
Esperanto as an international auxiliary language
archive.org/details/esperantoasinter00leagrich

La consultation de Wikipédia au mot "espéranto" permet de mieux percevoir ce que l'un des plus grands écrivains et traducteurs du monde de l'espéranto, l'Écossais William Auld, proposé plusieurs fois pour le prix Nobel de littérature, avait appelé "La Fenomeno Esperanto" dans un livre paru en 1988.

Lors d'un entretien publié le 15 décembre 2009, par la revue “National Geographic“ à l'occasion du 150e anniversaire de la naissance du Dr Zamenhof, le politologue étasunien Jonathan Pool, spécialiste des conséquences politiques et économiques du langage, avait dit :

La chose la plus proche d'un langage universel humain est aujourd'hui l'anglais, mais, à de nombreux égards, l'anglais ne parvient pas à la hauteur du rêve de Zamenhof qui a été d'aider à la création d'un monde plus équitable.

Ce à quoi pensait Zamenhof dès sa jeunesse se trouve dans la devise de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture — UNESCO — fondée en 1945 :

Construire la paix dans l’esprit des hommes et des femmes.