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Lorsque M. Landais fait allusion à "l'idée que l’Ido puisse se perpétuer encore", il omet de signaler que c'est l'espéranto qui a fait l'objet d'un rapport favorable du secrétariat de la Société des Nations en 1922, pas l'Ido, bien qu'il y soit mentionné. La vérification est facile et ne coûte rien :

L'espéranto comme langue auxiliaire internationale
http://vortareto.free.fr/argumentaire/sdn/sdn_index.htm
Esperanto as an international auxiliary language
https://archive.org/details/esperantoasinter00leagrich

C'est aussi l'espéranto qui a fait l'objet d'une recommandation par la Conférence générale de l'UNESCO de 1954 à Montevideo puis d'une autre en 1985 à Sofia.

Le Congrès mondial d'espéranto qui s'est tenu cet été à Lisbonne a reçu un message de Mme Audrey Azoulay, directrice générale de l'UNESCO :

https://en.unesco.org/news/audrey-azoulay-appointed-director-general-unesco

Les traductions en diverses langues, dont le français et l'espéranto, sont sur :
http://www.linguistic-rights.org/unesco/unesko.html#UNESCO_103aUK

http://www.linguistic-rights.org/unesco/Mesagho-de-Audrey-AZOULAY-Ghenerala-Direktorino-de-UNESKO-okaze-de-la-103a-Universala-Kongreso-de-Esperanto-Lisbono-29julio2018.pdf

Ce n'est pas nouveau : M Kofi Annan avait déjà adressé des encouragements en 1999 à Berlin, 2000 à Tel-Aviv et 2001 à Zagreb :

https://esperanto.berlin/de/kofi-annan-al-uk-en-berlin-1999/

Rien de comparable pour l'Ido.


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Publiée en 1903, "L'histoire de la langue internationale" de Couturat était certes un ouvrage magistral à l'époque, mais nous sommes en 2018.

Quant au très éminent professeur danois Otto Jespersen, il déserta les rangs idistes pour tenter de lancer le Novial en 1928. Or le Novial, intermédiaire entre l’Ido et l’Occidental, eut encore moins de succès que ces deux tentatives... Et puis, en 1935, Jespersen consentit quelques réformes de l’orthographe pour faire évoluer son projet vers plus de naturalisme. Le Novial n’a pas survécu à son illustre auteur décédé en 1943.

En 1947, l’impartial spécialiste des langues internationales construites W.J.A. Manders publia un ouvrage sous le titre "Vijf kunsttalen. Vergelijkend onderzoek naar de waarde van het Volapük, Esperanto, Ido, Occidental en Novial" (Cinq langues. Recherche comparée de la valeur du Volapük, de l'Espéranto, de l'Ido, de l'Occidental et du Novial), et en vint à la conclusion de la supériorité de l'espéranto.

Il a par ailleurs retracé le parcours interlinguistique de Jespersen et livré cet éclairage tout à fait intéressant :

“Son activité interlinguistique a commencé en 1907, lorsque, avec le linguiste Baudoin de Courtenay, il devint membre du Comité de la Délégation qui, à l’initiative de Couturat et Leau, devait choisir la langue construite définitive. Il en résulta la naissance de l’Ido. Jespersen devint président de l’Académie de l’Ido et, dans la revue Progreso, il participa activement aux discussions qui visaient une amélioration constante de la langue. Mais après quelques années, son activité cessa subitement, en partie parce qu’il était mécontent de la manière dont Couturat et les autres voulaient faire évoluer l’ido, mais surtout parce qu’il suspectait que Couturat — dont le rôle intrigant durant la période du Comité ne lui apparut clairement que par la suite — exploitait de façon rusée son autorité, et ne le considérait que comme une marionnette .“ ("Interlingvistiko kaj Esperantologio", Dr W. Manders. p. 22. NL-Purmerend : J. Muuses. 1950)

Dans son ouvrage “Lingvo kaj vivo” (La Laguna de Tenerife : Stafeto, 1959), le professeur Gaston Waringhien attribuait à l’espéranto (Eo), l’Ido (Id), l’Occidental (Oc) et l’Interlingua (Ia) les notes globales respectives 34, 26, 28 et 25 (la note maximale étant 50), à partir des critères suivants :

I
Simplicité du vocabulaire fondamental
II
Simplicité de la grammaire
III
Régularité de la formation des mots
IV
Clarté
V
Stabilité de la langue
VI
Facilité de l’utilisation passive (c’à-d. la lecture) pour les polyglottes
VII
Facilité de l’utilisation passive pour les non-latins unilingues
VIII
Facilité de l’utilisation active (orale et écrite) pour les polyglottes
IX
Facilité de l’utilisation active pour les non latins unilingues
X
Valeur esthétique

Total
Eo 34
Id 26
Oc 28
Ia 25

En 1993, le professeur Umberto Eco présenta au Collège de France un cours sur le thème de "La recherche de la langue parfaite dans la culture européenne". Dans son livre publié en 1994 sous le même titre au Seuil, il a consacré un chapitre aux Langues Internationales Auxiliaires (LIA) et en particulier à l'espéranto. Lors de la sortie de cet ouvrage, il avait dit à “L'Événement du Jeudi“ : “C’est une langue construite avec intelligence et qui a une histoire très belle“ et “c’est une langue très, très bien faite; du point de vue linguistique, elle suit vraiment des critères d’économie et d’efficacité qui sont admirables“.

Plus récemment, le professeur russe de linguistique Alexandre Doulitchenko, de l'Université de Tartu, en Estonie, auteur de pas moins de 500 ouvrages en 20 langues et en espéranto, est aujourd'hui le plus éminent spécialiste en la matière. Il en a exploré pas moins d'un millier et c'est l'espéranto, qu'il a appris à 18 ans, qu'il conseille d'apprendre :

"Le devoir moral — et peut-être la mission historique — des espérantistes est d'attirer l'attention sur le problème linguistique dans le monde.“

L'ido a souffert de la maladie de la réformite. Ce n'est qu'un mauvais plagiat de l'espéranto. Apparu en 1908, l'Ido a connu ses propres maniaques de la réforme. Son cheminement a été jalonné par une abondante floraison de projets de langues prétendument toutes plus “parfaites“ les unes que les autres… si parfaites qu’aucune n’a survécu. Du Dutalingue (dès 1908 !) au Kosmolinguo (1956) en passant par le Romanizat (1909, du prof. R.F. Brandt, qui revint ensuite à l’espéranto…), 1'Italico (1909), 1'Etem (1917), le Medial (1923-25), l’Ido Avancit (1925), l’Ido Novializat (1928),1'Aliq (1930), le Sintesal (1931), le Mondal (1949), etc., on trouve ainsi pas moins d’une vingtaine d’avortons de ce pastiche de l'espéranto. Il y a un moment où ce que l'on gagne d'un côté se perd d'un autre.

Aujourd'hui, la comparaison de l'ido avec l'espéranto sur le plan de la diffusion et des applications fait penser à la recette du pâté d'alouette : une alouette + un cheval.

Une version du "Courrier de l'UNESCO" paraît en espéranto depuis 2017 grâce à un économiste chinois. Tous les numéros parus sont téléchargeables en pdf : https://uea.org/revuoj/unesko_kuriero

Une chaîne télévision en ligne diffuse en espéranto depuis Sydney, Australie depuis avril 2014 : ETV — https://esperanto-tv.com/

C'est en 2012 que Google Translate a décidé d'ajouter l'espéranto comme 64e langue pour son programme de traduction automatique, et ce à la grande surprise des chercheurs :



“L'équipe Google Translate a été effectivement surprise par la qualité de la traduction automatique pour l'espéranto. Comme nous le savons par de nombreuses expériences, plus de données de formation (ce qui dans notre cas signifie plus de traductions existantes) tendent à donner de meilleures traductions. Pour l'espéranto, le nombre de traductions existantes est relativement faible. L'allemand ou l'espagnol, par exemple, ont 100 fois plus de données; d'autres langues sur lesquelles nous concentrons nos efforts de recherche ont la même quantité de données que l'espéranto, mais n'ont pas encore atteint une qualité comparable. L'espéranto a été construit de telle sorte qu'il est facile à apprendre pour les humains, et cela semble aider aussi la traduction automatique.“ (Tutmonda helplingvo por ĉiuj homoj (Une langue auxiliaire mondiale pour tous les hommes; texte en anglais), Thorsten Brants, Research Scientist, Google Translate — https://translate.googleblog.com/2012/02/tutmonda-helplingvo-por-ciuj-homoj.html )



Beaucoup d'autres faits vérifiables sont apparus ces dernière années, par exemple dans un pays où l'ouverture au monde n'est pas favorisée par le régime : l'association iranienne d'espéranto vient d'acquérir un siège au centre de Téhéran. Une vague de plus d'apprentissage et d'enseignement de l'espéranto dans des villes d'Iran.
On peut supposer que ceci est en lien avec le 5ème congrès iranien d'espéranto qui a eu lieu cette année sur le thème "Éclairer de nouvelles voies" et l'acquisition d'un siège au centre de Téhéran.

Et une première rencontre touristique d'espéranto aura lieu à Dubaï en octobre 2018.

Il est possible d'utiliser une interface sur divers logiciels, comme Firefox, LibreOffice, ou aussi sur Facebook.

Enfin, que dire de cette admirable citation de Beaufront, reconnu comme le représentant du Dr Zamenhof en France jusqu'à son acte de trahison, qui fut indéniablement l’un des pionniers et des piliers de l’espéranto dans l’hexagone. Il avait exprimé ainsi son attachement indéfectible (!!!) à la Langue Internationale :

“De même que j’ai prophétisé autrefois la mort du volapük le jour même de sa naissance, de même avec une entière confiance, et sans crainte d’être démenti, je prophétise la mort de tout système qui prétendra s’opposer à l’espéranto. Vingt-cinq années de travail personnel, de recherches sur la question, m’obligent à voir, dans l’espéranto seul, la vraie solution du problème.” (…) “A quelque point de vue qu’on l’envisage, l’espéranto est une œuvre de toute logique et d’un sens pratique admirable. Il est si pleinement conforme au vrai programme de la langue internationale que tout nouveau système ne pourrait l’égaler qu’en le pastichant d’une manière évidente, ou plutôt en l’imitant complètement. Aussi pouvons-nous dormir en paix. Jamais nous n’aurons besoin d’abandonner l’espéranto : on ne nous donnera pas mieux.”

L'histoire lui a donné raison. Dommage seulement qu'il soit devenu l'homme de paille de Couturat dans l'affaire de l'Ido.

Dans l'histoire de toutes les langues inventées, c'est celle de l'ido qui est la plus rocambolesque. Il y aurait de quoi en faire une pièce de théâtre humoristique. Rien d'étonnant donc que Bertrand Russel ait été amusé par cette histoire.