Milieu familial

Blessé durant la première Guerre mondiale, son père Auguste Loisit fut affecté à l'usine de pneumatiques Michelin à Clermont-Ferrand. A partir de la fin de 1918, il s'installa avec son épouse Mélanie comme menuisier dans le village de La Boissière-des-Landes de la campagne vendéenne. Les parents d'Odette n'étaient guère portés sur la religion et penchaient plutôt pour une éducation laïque. Curieuse de tout, Odette éprouvait le besoin de découvrir, de comprendre, et elle était de ce fait parfois naturellement rebelle. L'obéissance inconditionnelle lui était étrangère. Son caractère ne s'accordait pas toujours bien avec celui de sa sœur Raymonde, aînée de deux ans de plus.

Études

Odette Roux, La Chaume, Les Sables d'Olonne Odette apprit d'abord, à partir de 1920, par impossibilité de choix, à l'école privée catholique gérée par des religieuses qui y enseignaient, puis à l'école primaire de garçons du Givre (1923), et ensuite à nouveau à La Boissière-des-Landes, à l'école publique des garçons (1925) du fait qu'il n'y en avait pas d'autre, puis dans le village sud-vendéen de L'Île d'Elle (1928), à l'école primaire supérieure de Fontenay-le-Comte (1929), et enfin à l'École normale d'institutrices de La Roche-sur-Yon, située alors rue Luneau, de 1933 à juin 1936. Odette reçut son premier poste d'institutrice la même année à La Fradinière de Saint-Hilaire-de-Riez.

Syndicalisme et Résistance

Odette adhéra au Syndicat National des Instituteurs (SNI). Elle participa à la création d'Auberges de Jeunesse. En mars 1937, à La Chaume, quartier populaire des Sables-d’Olonne, justement après un retour à vélo de La Tranche-sur-Mer, où elle avait effectué des démarches pour créer une Auberge de Jeunesse, elle rencontra son futur mari, Alfred Roux, instituteur, responsable de la Jeunesse Alfred Roux Communiste aux Sables d’Olonne. Ils se marièrent en mars 1938. En janvier 1941, Odette adhéra au Parti Communiste clandestin et participa avec son mari à la Résistance contre l'Occupation nazie. Odette donna naissance à une fille, Line, le 8 mai 1942. Elle et Alfred furent arrêtés le 12 mars 1943 à Aziré-près-Benet par la police française au service du régime de Vichy. Alfred fut incarcéré le 13 mars 1943, d'abord à la prison de Fontenay-le-Comte, et ensuite remis le 16 avril 1943 à l'autorité allemande et transféré à la prison de La Roche-sur-Yon (l'actuelle Maison d'arrêt, 20 boulevard d'Angleterre). Là, d'après la Gestapo, il "se suicida“ le 29 juin 1943 (date indiquée sur le certificat de décès, mais probablement le 28), après trois jours d'interrogatoire. Sa tombe se trouve au cimetière de La Chaume (Conciergerie), rue des fusiliers marins, perpendiculaire à l'extrémité Ouest de la rue Alfred Roux.

Odette pousuivit sa lutte au sein de la Résistance. Après la Libération de la Vendée, en août 1944, elle fut nommée membre du Comité de la Libération
et de l'Assistance française. Elle représenta aussi l'organisation Assistance française qui devint l'Union des femmes françaises à partir de 1944 puis, à partir de 1998, "Femmes solidaires". Elle participa à la mise en place d'une section départementale du Parti Communiste.

En 1945, le préfet de la Vendée proposa à Odette Roux d'entrer au Conseil municipal des Sables d'Olonne. Elle donna son accord et apparut ensuite sur la liste de l'Union patriotique républicaine et antifasciste (UPRA) aux élections municipales des Sables-d'Olonne qui fut vainqueure le 13 mai au deuxième tour des élections avec une majorité de 15 élus, dont cinq communistes, sur 27 conseillers municipaux. Odette Roux fut élue comme maire par le nouveau Conseil municipal le 18 mai et devint ainsi la première femme de France à administrer une ville de sous-préfecture d'une telle importance (18 000 habitants à l'époque).

Maire des Sables d'Olonne

Durant deux années et demie, Odette Roux reçut le mandat de maire et fut en même temps :

  • membre du bureau des maires de France,
  • suppléante du Comité central du Parti communiste français (Commission féminine),
  • secrétaire départementale du Syndicat National des Instituteurs de 1961 à 1969 pour la Vendée,
  • responsable départementale de l'Union des femmes françaises.

Elle dût s'occuper de la reconstruction de la ville en grande partie endommagée par la guerre et relancer l'activité touristique dans cette ville balnéaire réputée. Le budget de la ville fut multiplié par six. Les services municipaux furent renforcés, les travailleurs revalorisés, les personnes âgées assistées. La ville se dota d'une ambulance et d'une autopompe pour la brigade des pompiers, la première en Vendée. Elle fut embellie par la plantation de 2000 arbres. Chômeurs et prisonniers allemands furent mis au travail, entre autres pour la construction, à partir d'une route en bord de mer, du "Remblai" (Boulevard Pasteur, reconstruit en 2012 en raison de grands dommages causés par une tempête Xynthia en 2010) et l'aménagement d'un jardin public sur la place d'arme, au centre de la ville : la Place de la Liberté, où se trouve le monument aux morts des guerres à partir de la première Guerre mondiale. Ce jardin est surnommé "Le jardin d'Odette" dans une biographie signée par Fanny Proust. Elle mit en place les premières cantines, le « patronage » (ancêtre des centres de loisirs), les colonies de vacances. Elle fit installer une lycée public dans une ancienne abbaye qui appartenait alors à l'armée et qui est maintenant le Musée de l'abbaye Sainte-Croix.

Odette Roux fut battue aux élections municipales auxquelles elle se présenta à nouveau en octobre 1947. Elle poursuivit malgré tout son activité politique.

En mai 2012, alors qu'elle était âgée de 95 ans, en hommage à elle, son nom a été attribué à la bibliothèque et au centre de documentation de l'école publique de La Boissière-des-Landes, son village natal.

Odette Roux et l'espéranto

Odette Roux a un peu connu l'espéranto du fait que son mari l'avait pratiqué et enseigné : "Je me rappelle la koko et la birdo ... Je sais que mon mari avait une trentaine de correspondants dans le monde entier." A propos de l'espéranto : "C'est simplifié; il y a beaucoup de mots qui se terminent en "o"; c'est relativement facile d'en avoir les premières notions, après ça devient plus difficile. Voila, puis j'avais tellement à faire; puis il y a eu la guerre et puis il y a eu tout ça, puis il y a eu les événements... J'aurais pu devenir espérantiste, telle que j'étais à cette époque. Mais je ne le suis pas devenue." (extrait vidéo)

Odette Roux eut en fait l'occasion de collaborer au sein de l'Union des Femmes françaises avec sa présidente, Eugénie Cotton (1881-1867), scientifique et militante communiste dont le mari, anti-fasciste comme elle (arrêté par la Gestapo durant la seconde Guerre mondiale), fut particulièrement éminent aussi dans le domaine scientifique (président de l'Académie des sciences en 1938) et en espéranto :

"
En plus de son talent de physicien, Aimé Cotton était un profond humaniste. Il s'est intéressé toute sa vie au progrès et à la diffusion de l'Esperanto dans un soucis de meilleure compréhension entre les hommes et particulièrement entre les savants" (site de l'Institut de Physique nucléaire de Lyon").

Aimé Cotton fut président de Internacia Scienca Asocio Esperantista (ISAE — Association scientifique espérantophone internationale) et, en 1924, l'un des 42 signataires d'un voeu de membres de l'Académie des sciences plaidant entre autres pour "que l’enseignement de cette langue, chef-d’oeuvre de logique et de simplicité, soit introduit, au moins à titre facultatif, dans les programmes officiels des classes de sciences de tous les établissements d’instruction". Il apparaît dans “Vikipedio“, la version en espéranto de Wikipédia : Aimé Cotton.

Odette eut aussi des occasions de rencontrer les plus hautes personnalités de divers pays, parmi lesquelles Mikhaïl Gorbatchev, sans savoir, en particulier que Chou-en-Laï encouragea la propagation l'espéranto. Son épouse, de Mme Deng Yingchao, l'avait appris en 1913 à l'âge de 9 ans, et aussi le président vietnamien Ho Chi Minh, qui parlait bien le français, l'avait appris en même temps que l'anglais lors de son séjour en Grande-Bretagne, de 1914 à 1917. D'où l'importance que les enfants sachent ce qu'est l'espéranto et puissent l'apprendre avant d'entrer dans la vie active en raison de son aspect pratique, sa valeur propédeutique ainsi que de sa valeur culturelle reconnue par l'Unesco en 1954 et 1985, et de sa valeur littéraire reconnue par le PEN-Club International en 1993.

Le destin d'Odette eut peut-être été différent si elle avait étudié et pratiqué l'espéranto pour avoir des échanges à travers un monde traversé par toutes sortes de propagandes. Elle ne découvrit que tardivement la réalité de la dérive totalitaire en Union soviétique alors qu'un pamphlet paru en espéranto en 1935, à l'époque où commencèrent les purges staliniennes, donc avant qu'elle fasse connaissance avec Alfred, avait déjà mis en garde sous le titre “Ĉu socialismo konstruiĝas en Sovetio ? “ (Le socialisme se construit-il en Union soviétique ?).

La réponse à cette question était : “en Sovetio regas RUĜA FAŜISMO...“ (le fascisme rouge règne en Union soviétique“. Ce petit livre de 52 pages écrit par E. Lanti, ex-anarchiste et ex-communiste, fondateur de l'Association Mondiale Anationale (SAT), et M. Ivon, était une compilation d'informations recueillies en URSS au moyen de l'espéranto. L'espéranto fut durement éprouvé par les pires régimes du XXème siècle, surtout en Allemagne et en URSS, mais aussi en Roumanie, au Portugal, au Japon, en Chine sous Tchang Kaï-Chek puis durant la “Révolution culturelle“.

War Is a Racket (kovrilo) Coïncidence : c'est en cette même année 1935 que parut "War is a racket" (La guerre est un racket) une brochure de 14 pages seulement, dans laquelle un général considéré aux États-Unis comme l'un des plus brillants, Smedley Butler, décrivit le fonctionnement du complexe militaro-industriel et condamna la politique d'aventurisme belliciste de son pays... Rien n'a vraiment changé.

Bibliographie

"Le Jardin d'Odette — Chronique d'une Vendéenne engagée". Fanny Proust, "Le Jardin d'Odette — Chronique d'une Vendéenne engagée". Premier volume : Odette Roux de 1917 à 1947. Coédition de Art, La Courneuve, et Grains de mémoire, Les Sables d'Olonne. Août 2005.

"Le Jardin d'Odette — Chronique d'une Vendéenne engagée". Fanny Proust, "Le Jardin d'Odette — Chronique d'une Vendéenne engagée". Second volume : Odette Roux de 1947 à 1989, Coédition Art, La Courneuve, et Grains de mémoire. Les Sables d'Olonne. 2007.

Distribution : "Art", Paul Galiay, 142 rue Rateau, 93120 La Courneuve

Liens externes

Voir aussi

Liste des maires des Sables-d'Olonne

Sources

Les sources de cet article proviennent en partie de l'article de Wikipédia sur Odette Roux.