
Je vous ai côtoyés au temps de ma jeunesse,
Nobles divinités de l'Olympe tout puissant,
Vous autres, demi-dieux, qui combattiez sans cesse,
Vous, les simples mortels, de la Grèce résidents.
De prodiges et de drames, votre histoire parsemée
M'a fait souvent pâlir au temps des traductions,
Homère avait conçu l'Iliade et l'Odyssée,
Mais mon maître le plus sûr était le grand Platon.
De Socrate anarchiste, j'aimais l'intransigeance,
De l'illustre Aristote, la belle philosophie,
De l'adroit Xénophon, récits sans complaisance,
D'Aristophane railleur, les bouffonnes comédies.
Le sort de Prométhée, l'expiation d'Oreste,
Etait-ce justice des hommes ? Etait-ce celle des dieux ?
Quand Eschyle pourfendait la perfide Clytemnestre,
Son crime était encore plus horrible à mes yeux !
Hérodote, Euripide, Démosthène, Plutarque,
Ce qui n'était pas grec était pour vous 'barbare',
O ! citoyens d'Athènes méprisant les monarques,
Vous préfériez Solon, Périclès et Pindare !
Jardin des Hespérides avec ses pommes d'or,
Sisyphe et son rocher, la muse Terpsychore,
L'audacieux vol d'Icare, la beauté de Narcisse,
Féroces danaïdes, indomptable Ulysse ...
Vous avez inspiré les plus grands des artistes :
Les marbres de Praxitèle, les statues de Phidias,
Les frises du Parthénon ... Que de souvenirs vivaces !
Que de fils d'Ariane pour un ex-hélléniste !
Auprès de vous, mes maîtres, je me sentais titan,
J'affrontais constamment des légendes insensées,
Peuplées de fiers centaures, de satires grimaçants,
de ménades sanguinaires, de vierges effarouchées.
(Pat D)
Mais, en contrepartie, la fréquentation des auteurs grecs et latins a eu, pour moi, le mérite de susciter un intérêt soutenu pour la philosophie, la littérature, l'histoire et les arts.
Quelques années après ma sortie du Secondaire, j'eus l'occasion de converser avec mon ancien professeur - qui était agrégé de lettres. Nous parlâmes du Grec, du Latin, et je lui demandai s'il envisageait cette filière pour son fils. Non, me répondit-il : " cela ne mène à rien ; il étudiera les langues vivantes !"
Quelle déception ne fut la mienne en entendant ces propos désabusés de la part d'un maître en qui j'avais cru.
Qu'elle est belle cette évocation poétique de cette civilisation, dont nous sommes un tant soi peu imprégnés !
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