Je t'écris que je suis une bête têtue , en grain , et qu'il faut me semer sur ton corps avant de me moudre comme une bonne paysanne le fait de sa semence gardée.


Entre ta peau clairière

et le buisson ardent

Qui boucle de châtaignes


Sème moi.




L'armature vaporeuse qui soutient ta nudité est plus solide que l'armure des Dieux. Ainsi viens tu à moi chaque nuit , brume et roche , fumée femelle qui serpente en trace de fer blanc.


Je m'échancre seulement au sein de ta paresse et ne m'abandonne qu' aux fouets de ta volonté .

Ta colères me saoule .

Ta jalousie me viole.

Ton mysticisme étouffe ton mystère dans la démesure qui se mesure.


Amour pourtant , quand tu jouis , la veine de sang baroque que tes muscle crispés enroulent autour de ta peine pulse lent , coeur à défaut de mots , fulgurance de l'instant donné dans le païen désordre des putains.


J'empoigne au soir le lait de ton sein et je le presse à la fraise.

Si ma bouche avait la mesure des titans , je le mangerai en hécatombe de morsures Puis je poserai mon front repu à deux doigt du nombril , sommeil de beuverie fauve , eau de vie sel , couché de soleil aux fièvres des amours sans mot .


Au jardin de tes flancs

Que ratissent mes griffes

Comme les dents d'un peigne


Sème moi


Rien n'est plus sombre que le chien qui erre dans nos troupeaux de détresse.

Rien n'est plus absent que l'inutile vacuité de nos pardons.

Rien n'est plus crevant d'absurde que nos humilités devant l'idole bellâtre d'une vie sereine.


Dans le ravin d'une gorge

Où ta parole se fond

Au tumulte des forges


Sème moi



Les neiges rousses de ta peau dans le manteau si calme des yeux fermés .